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09/26/2021
«The Godfather – Masters of the German & Italian Baroque»
Georg Philipp Telemann : Concerto pour trois trompettes, timbales, deux hautbois, basson, cordes et basse continue en ré majeur, TWV 54 D3
Johann Georg Pisendel : Mouvement de concerto pour violon, cordes et basse continue en la majeur, Jung - – Mouvement de concerto pour deux hautbois, basson, cordes et basse continue en mi bémol, Jung II, 1
Johann Sebastian Bach : Mouvement de concerto pour violon, trois trompettes, timbales, deux hautbois, basson, cordes et basse continue en ré majeur, BWV 1045
Giuseppe Antonio Brescianello : Concerto pour violon, basson, cordes et basse continue en si bémol
Antonio Vivaldi : Mouvement de concerto pour violon et cordes en si bémol, RV 745 – Concerto pour cordes et basse continue en la majeur, RV 158
Johann Friedrich Fasch : Concerto pour violon, deux hautbois, basson, trois trompettes, timbales, cordes et basse continue en ré majeur, FaWV LD3

La Serenissima, Adrian Chandler (violon solo et direction)
Enregistré au Cedars Hall de la Wells Cathedral School (11-14 février 2019) – 66’09
Signum Records SIGCD602 – Notice (en anglais) d’Adrian Chandler





«Leipzig 1723»
Christoph Graupner : Concerto pour flûte à bec, cordes et basse continue en fa majeur, GWV 323
Johann Friedrich Fasch : Sonate pour deux violons, alto et basse continue en ré mineur, FaWV N:d3 – Concerto pour flûte à bec, cordes et basse continue en fa majeur, FaWV L:F6
Johann Sebastian Bach : Concerto pour deux flûtes à bec, clavecin et cordes en fa majeur, BWV 1057
Georg Philipp Telemann : Quatuor pour flûte à bec, violon, alto et basse continue, TWV 43:g4 – Concerto pour flûte à bec, cordes et basse continue en ut majeur, TWV 51 :C1

Stefan Temmingh (flûte à bec), Sebastian Wienand (clavecin), Capricornus Consort Basel, Péter Barczi (direction)
Enregistré en l’église St German, Seewen, Suisse (10-13 août 2020) – 66’15
Accent ACC 24375 – Notice (en anglais, français et allemand) de Domen Marincic





«Baroque Wind»
Antonio Vivaldi : Sonate pour deux hautbois, basson et basse continue en ut majeur, RV 801
Jan Dismas Zelenka : Sonate II en sol mineur, ZWV 181,2
Georg Friedrich Händel : Airs en fa majeur, HWV 410 et en fa majeur, HWV 411
Johann Friedrich Fasch : Sonate en sol mineur, FaWV N:g1
Georg Philipp Telemann : Ouverture en fa majeur «La Chasse», TWV 44:10

Die Freitagsakademie: Katharina Suske (hautbois, direction artistique), Stefano Vezzani (hautbois), Carles Cristóbal (basson), Christian Holenstein, Daniel Lienhard (cors), Ján Krigovský (violone), Jonathan Rubin (archiluth, guitare), Marek Cermák (orgue, clavecin)
Date et lieu d’enregistrements non précisés – 57’08
Winter & Winter 910 263-2 – Pas de notice





La musique baroque est inépuisable: on le sait, notamment à la faveur de la redécouverte de fonds de partitions oubliés. A côté des monstres sacrés (Bach, Händel, Vivaldi, Telemann en premier lieu) ont ainsi travaillé des dizaines de compositeurs dont la réputation pouvait être importante à l’époque à laquelle ils ont vécu avant, doucement, de décliner pour réapparaître depuis quelques années grâce au regain d’intérêt pour ce répertoire. De fait, les ensembles baroques se sont également multipliés et, bien évidemment, cherchent sinon à se faire une place au soleil, du moins à se faire connaître et donc à se démarquer de leurs petits camarades. Les trois disques que nous avons là sont-ils le meilleur moyen de parvenir au résultat souhaité? Rien n’est moins sûr car, et cela vaut d’ailleurs pour chacun d’entre eux, on se pose inévitablement une première question presqu’avant même leur écoute: quel est le propos voulu? Quelle est la ligne directrice de chacun de ces disques? Car mettre sur un même album concertos dans leur entier et mouvements isolés, jouer aussi bien les très connus Bach ou Händel que les plus confidentiels Brescianello ou Fasch, essayer de ranger cette diversité sous des titres qui essaient tant bien que mal d’unifier l’ensemble, voilà qui s’avère finalement quelque peu compliqué.


Le titre le plus étonnant est certainement celui utilisé par l’ensemble La Serenissima car on voit mal à quoi renvoie ce «Parrain , lui qui n’est ici ni mafieux, ni même le sage de la famille puisque le programme s’éparpille sur six compositeurs, ceux-ci ayant certes pour point commun d’avoir tous travaillé à l’époque baroque. Bref, passons sur le titre et attachons-nous plutôt à l’interprétation, qui est excellente! Grâce tout d’abord à des solistes du renom d’Adrian Chandler au violon ou Peter Whelan au basson (très beau dialogue entre ce dernier et les deux hautbois dans le mouvement du concerto pour anches doubles de Pisendel), deux musiciens que l’on peut notamment admirer dans l’assez original Concerto pour violon, basson, cordes et basse continue de Giuseppe Antonio Brescianello (1690-1758), la verve du premier mouvement annonçant par exemple le très bel Adagio où, en particulier, le basson fait preuve d’un lyrisme assez extraordinaire. Grâce également à la diversité de ces pièces, peu enregistrées et qui trouvent ici une version des plus convaincantes. On passera tout de même rapidement sur le mouvement isolé de Vivaldi, trop pesant du côté de l’orchestre pour qu’on puisse véritablement y adhérer, ainsi que sur le mouvement du Concerto BWV 1045 de Bach, très bien interprété mais qui ne nous fait pas oublier l’élan d’une Isabelle Faust dans ce mouvement plus fréquemment qualifié de Sinfonia, celui-ci ayant sans doute été le premier mouvement orchestral d’une cantate aujourd’hui perdue. L’éclat des trompettes s’avère en revanche des plus réjouissant dans ce Concerto TWV 54 D3 de Telemann où la pompe du premier mouvement ouvre ensuite la voie à une très belle intervention des deux hautbois au sein d’un Allegro où, malheureusement, les timbales se montrent parfois trop intrusives (la faute au placement des micros, sans doute), le Largo s’avérant un peu plus décevant en raison du manque de lyrisme du hautbois bien que celui-ci chante assez bien. Pleine réussite de l’ensemble La Serenissima en revanche dans le Concerto RV 158 de Vivaldi où les cordes échangent à qui mieux mieux. Quant au concerto de Fasch, on admire une fois encore chez ce compositeur la richesse voire l’exubérance instrumentale où presque chaque musicien devient soliste, l’orchestre proprement dit n’intervenant vraiment qu’en soutien à des parties où la brillance des trompettes (on pense, en les écoutant, au très beau Concerto FWV L:D1 du même compositeur toujours dans la tonalité de majeur) répond aux invitations des anches doubles, souvent sollicitées chez Fasch. Une très belle interprétation qui clôt donc sur une excellente impression ce bref et subjectif panorama de la musique baroque italienne et allemande.


Pourquoi prendre prétexte de la rivalité entre Bach et d’autres compositeurs pour occuper le poste de Cantor à l’église Saint-Thomas de Leipzig en 1723 alors que l’unité du disque est évidente, et pour le coup suffisante, grâce à la flûte à bec, instrument mis en valeur presque de la première à la dernière note (hormis la Sonate de Johann Friedrich Fasch) où officie en soliste le jeune soliste d’origine sud-africaine Stefan Temmingh, accompagné par l’ensemble helvétique Capricornus Consort Basel? Le Concerto de Graupner est classique dans son agencement et dans ses sonorités; il n’en demeure pas moins agréable à l’oreille, tout particulièrement dans le deuxième mouvement, où l’on se laisse vite porter par la longueur des sonorités de la flûte et la subtilité de l’accompagnement. S’il peut sembler étonnant vu le «fil conducteur» du disque de voir là une sonate de Fasch pour deux violons, alto et basse continue, on n’en boudera pas pour autant son plaisir, la dextérité des trois solistes étant remarquable lorsqu’elle est mise à rude épreuve dans les deux Allegro de l’œuvre. Comme si sa figure tutélaire ne pouvait être ignorée de toute la musique baroque, place ensuite à ce concerto de Johann Sebastian Bach, qui est en fait une reprise du Quatrième Brandebourgeois mais où la partie de violon solo a été remplacée par un clavecin, les autres instruments solistes restant bien entendu les deux flûtes à bec. L’interprétation est revigorante et témoigne là encore d’un élan, d’une entente évidente entre les solistes (mentionnons ici l’excellent Sebastian Wienand au clavecin) et l’orchestre digne des plus vifs éloges. Au milieu des œuvres orchestrales, signalons deux pièces de musique de chambre signées Fasch et Telemann, ce dernier étant illustré par le très véloce Quatuor pour flûte à bec, violon, alto et basse continue TWV 43:g4 dont l’interprétation ne manquera pas d’être confrontée à celle, peut-être plus naturelle à la réécoute, de Michael Schneider et de ses comparses de la Camerata Köln (voir ici). Saluons en revanche comme ils le méritent le Concerto pour flûte à bec de Fasch (décidément...), dans lequel Stefan Temmingh illustre avec maestria l’art du détacher, l’accompagnement étant véritablement idoine dans son soutien et ses réponses au soliste, et ce Concerto pour flûte à bec assez peu connu de Telemann, tout en délicatesse (les pizzicati des cordes dans l’Allegretto ou le magnifique Andante dans lequel les sonorités deviennent langoureuses à force de s’étirer doucement) et caractère (le mouvement final, petit tourbillon en soi). Une véritable réussite à mettre avant tout au crédit de ce jeune flûtiste, virtuose émérite, que l’on aimerait entendre davantage en France!


Avouons que le choix de réaliser un disque autour des vents, tant bois que cuivres, de la musique baroque est un peu court à notre sens; c’est pourtant l’option souhaitée par l’ensemble suisse Die Freitagsakademie, qui a choisi de nous interpréter là des œuvres signées pêle-mêle Vivaldi, Händel ou Fasch, notamment. Le caractère confidentiel de ces pièces sera certainement la principale raison d’écouter ce disque qui, bien que parfois plaisant, n’en demeure pas moins anecdotique. La Sonate pour deux hautbois et basson de Vivaldi est fort bien faite, les sonorités du maître italien se faisant surtout entendre dans le dernier mouvement, assez virtuose à l’instar du premier Allegro. Avouons que la Sonate en trio de Zelenka n’appelle en revanche guère de commentaires tant l’interprétation s’avère inodore et incolore (notamment le premier Allegro) au risque de nous faire paraître ces un peu plus de 22 minutes bien longues, et que cette Aria pour deux cors, deux hautbois et basson HWV 410 de Händel se révèle tout aussi anecdotique (idem d’ailleurs pour la HWV 411...), quand bien même la dextérité des instrumentistes serait indéniable. Finalement, seule cette sonate de Johann Friedrich Fasch apporte quelques couleurs (notamment dans les deux mouvements rapides) à un disque qui nous paraîtra finalement bien terne.


Le site de l’ensemble La Serenissima
Le site de Stefan Temmingh
Le site de Sebastian Wienand
Le site de l’ensemble Capricornus Consort Basel
Le site de l’ensemble Die Freitagsakademie


Sébastien Gauthier

 

 

 

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