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09/12/2021
«La Francesina. Handel’s Nightingale»
Georg Friedrich Händel : Joseph and his Brethren, HWV 59: «Prophetic raptures swell my breast» – Ode for St. Cecilia’s Day, HWV 76: «What passion cannot music raise and quell!» – Deidamia, HWV 42: «Và, perfido! Quel cor mi tradirà» & «Nasconde l’usignol in alti rami il nido» – Balthasar, HWV 61: Sinfonia «Allegro Postillons» – Semele, HWV 58: Ouverture & «Myself I shall adore» – Hercules, HWV 60: «My father! Ah!» – Occasional Oratorio, HWV 62: Sinfonia «Musette» – Faramondo, HWV 39: «Mi parto lieta sulla tua fede!» – Saul, HWV 53: «In sweetest harmony they lived» – Serse, HWV 40: «Nè men con l’ombre d’infedeltà»

Sophie Junker (soprano), Le Concert de l’Hostel Dieu, Franck-Emmanuel Comte (clavecin et direction)
Enregistré au Temple Lanterne de Lyon (24-26 juin 2019) – 67’39
Aparté AP 233 – Notice (en anglais et en français) de Sophie Junker, Franck-Emmanuel Comte et Pedro-Octavio Diaz


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On sait que, parmi les artistes qui ont été fidèles à Händel, ont notamment figuré les castrats Niccolini et Senesino, mais également les chanteuses Margherita Durastanti, La Cuzzoni ou Anna Strada del Pò. Et parmi eux, ne l’oublions pas, une certaine Elisabeth Duparc, dite «La Francesina» («La petite Française»), qui a régulièrement participé aux créations händeliennes à partir de la fin des années 1730. Sans citer tous ses rôles, mentionnons par exemple le fait qu’elle tint ceux de Clotilde dans Faramondo (créé le 3 janvier 1738), de Romilda dans Serse lors de la création le 15 avril 1738, celui de Michal dans Saül (créé le 17 janvier 1739), celui de Rosmene dans Imeneo créé le 22 novembre 1740 ou, un peu plus tard, celui de Nitocris dans Belshazzar le 27 mars 1745. Et surtout pourrait-on dire, souvenons-nous que c’est elle qui a notamment chanté pour la première fois les rôles titres de Semele (10 février 1744) et, avant cela, celui de Deidamia, opéra assez méconnu créé le 10 janvier 1741. Bref, que voilà une étoile importante dans la constellation händelienne mais, comme le note très justement Pedro-Octavio Diaz dans l’excellente notice d’accompagnement du disque, dont on ne sait finalement pas grand-chose.


A travers ce disque, la jeune soprano belge Sophie Junker a souhaité rendre hommage à son illustre précédesseure. Accompagnée par Le Concert de l’Hostel Dieu, elle nous livre ici un disque de toute beauté qui commence pourtant par un extrait issu de Joseph (1744), que le musicologue Jonathan Keates n’hésite pas à qualifier d’oratorio d’une «relative médiocrité» (Georg Friedrich Haendel, Fayard, février 1995, p. 324). Et pourtant, à écouter cet extrait, on pense avoir à faire à un véritable chef-d’œuvre! D’une souplesse vocale à toute épreuve, Sophie Junker sait jouer sur le registre mutin, d’une fraîcheur et d’une beauté confondantes. Mais elle n’est pas seulement une virtuose comme le démontre l’extrait de l’Ode à sainte Cécile («What passion cannot music raise and quell!»), empli d’une gravité à laquelle répond parfaitement le violoncelle qui l’accompagne (quel air également que celui tiré d’Hercule!); elle sait parfaitement varier les atmosphères en fonction de la psychologie des personnages et des situations, maudissant Ulysse dans l’air de Deidamia (1741) «Và, perfido! Quel cor mi tradirà» ou prenant la pose avec délectation dans l’air célèbre «Myself I shall adore», tiré de Semele (1744), lorsqu’elle se pâme dans le miroir que lui tend Junon, déesse plus perfide que jamais.


Comme souvent dans ce genre de récitals, le ou la chanteuse en l’occurrence ne serait rien sans un accompagnement à la hauteur: quelle belle surprise que cet ensemble assez discret, Le Concert de l’Hostel Dieu, discret bien que pourtant créé dès le mois de décembre 1992 à l’initiative de Franck-Emmanuel Comte, alors étudiant au CNSMD de Lyon et, depuis, son toujours directeur musical. Nous avions déjà eu l’occasion de souligner les incontestables qualités du petit orchestre (voir ici) et on ne peut de nouveau que lui tresser les lauriers qu’il mérite. Qu’il s’agisse des pages purement orchestrales (l’Ouverture de Semele par exemple) ou des échanges avec Sophie Junker, on est séduit de bout en bout par ces sonorités riches, cet engagement sans faille, cette façon également de se retirer face à la soliste mais pour mieux la soutenir et l’épauler comme il avait su le faire dans le disque susmentionné où il accompagnait alors avec talent la mezzo Giuseppina Bridelli.


Avec ce récital irréprochable, Sophie Junker s’affirme sans conteste comme une des voix de la musique baroque (mais pas seulement...) à suivre dans les prochaines années. Il en va de même pour l’orchestre. Bref, plus qu’un récital, une double révélation!


Le site du Concert de l’Hostel Dieu


Sébastien Gauthier

 

 

 

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