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07/17/2021 «Two Solo Recitals 1959»
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano, K. 315a [333] [*]
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 10, opus 14 n° 2, n° 17 «La Tempête», opus 31 n° 3 [*], et n° 31, opus 110 – Ecossaise, WoO 83 n° 1 [*]
Claude Debussy : Images (Première Série): 1. «Reflets dans l’eau» [*] – Estampes: 2. «La Soirée dans Grenade» [*] – L’Isle joyeuse [*]
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit [*]
Johann Sebastian Bach : Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo, BWV 992 [*]
Joseph Haydn : Andante con variazioni, Hob. XVII:6 – Sonate pour piano n° 62, Hob. XVI:52 Friedrich Gulda (piano)
Enregistré en public au château de Bruchsal (20 janvier 1959) [*] et au château de Schwetzingen (3 juin 1959) – 158’15
Album de trois disques SWR Music SWR19098CD
Sélectionné par la rédaction
Heureux public de ces deux récitals donnés en 1959 (année très riche en concerts pour le Viennois) dans des châteaux d’Allemagne en pays rhénan pour lesquels l’alors jeune pianiste Friedrich Gulda avait concocté deux programmes de rêve puisant au meilleur de son très sélectif répertoire.
A Bruchsal (ou Brücksal), célèbre pour son marché aux asperges, le plus grand d’Europe, Gulda jouait dans le château épiscopal princier de l’époque baroque, ouvrant son récital par une Sonate K. 333 de Mozart aux phrasés finement ciselés avec la sonorité diamantine dont il a le secret. Suit la Dix-Septième Sonate «La Tempête» de Beethoven, une interprétation qui pour la rythmique rappelle à chaque instant combien Gulda s’était investi dans le jazz dès cette époque de sa carrière.
Suit un long programme français avec L’Isle joyeuse de Debussy, d’un engagement fou, avec des prises de risques insensées, après des «Reflets dans l’eau» et une «Soirée dans Grenade» d’une grande luminosité. Puis Gaspard de la nuit (premier enregistrement en public jusqu’alors publié), dont la gravure en studio devait plus tard lui valoir en France en 1982 le Grand prix du disque. On est là aux confins de la sorcellerie autant dans le travail digital félin, éruptif que dans les rythmes et les sonorités qu’il tire de l’instrument. Une Ecossaise de Beethoven donnée en bis remet les pieds sur terre au public d’une soirée mémorable.
Au château de Schwetzingen, lors du festival en juin de la même année, Gulda affiche un programme plus classique mais non moins riche. Il ouvre son récital avec le Caprice sur le départ de son frère bien aimé de Bach d’une belle rigueur avec des recherches de sonorités proches du clavecin. Suivent l’Andante avec variations en fa mineur et la Soixante-deuxième Sonate de Haydn, tous deux d’un style classique sobrissime. Beethoven ensuite: il ouvre les oreilles de son auditoire avec la courte Dixième Sonate, jouée avec beaucoup de rigueur, mais la Trente-et-unième qui clôt le récital, œuvre qu’il a gardée tout au long de sa carrière à son répertoire, est un passionnant voyage avec un recueillement bien différent des libertés qu’il s’accordait dans le récital de Bruchsal.
Deux soirées magnifiques par un pianiste toujours plus intéressant à écouter en public que dans ses enregistrements de studio.
Olivier Brunel
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