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05/24/2021
«Royal Handel»
Georg Friedrich Händel : Flavio, Re de’Longobardi, HWV 16: «Rompo i lacci, e frango i dardi» – Admeto, Re di Tessaglia, HWV 22: «Gelosia, spietata Aletto» – Siroe, Re di Persia, HWV 24: «Son stanco... Deggio morire, O stelle» – Tolomeo, Re d’Egitto, HWV 25: Inumano fratel... Stille amare, già vi santo» – Floridante, HWV 14: «Ma pria vedrò le stelle» – Giulio Cesare in Egitto, HWV 17: «L’Aure che spira» – Ottone, Re di Germania, HWV 15: «Ah! Tu non sai» – Radamisto, HWV 12: «Ombra cara» – Riccardo Primo, Re d’Inghilterra, HWV 23: «Agitato da fiere tempeste»
Attilio Ariosti : Caio Marzio Coriolano: «Sagri Numi» & «E’ pur il gran pacier»
Giovanni Bononcini : Crispo: «Strazio, scempio, furia il morte»

Eva Zaïcik (mezzo-soprano), Le Consort
Enregistré au Temple du Saint Esprit, Paris (juin 2020) – 64’59
Notice (en français, anglais et allemand) de Sophie de Bardonnèche, Théotime Langlois de Swarte et Justin Taylor
Alpha 662


Must de ConcertoNet





Si l’adjectif «royal» est accolé au nom de Georg Friedrich Händel, c’est souvent, du moins dans l’imaginaire collectif, par référence à la célèbre Music for the Royal Fireworks; tel n’est pas le cas ici. Comme le décrivent très bien dans la courte notice d’accompagnement trois des membres du Consort, ce disque a pour ambition de brosser un tableau de la Royal Academy of Music qui, à compter des années 1718-1719, a vu ressusciter l’opéra italien au King’s Theatre de Londres. A cette fin, comme l’écrivit quelque peu prématurément l’Original Weekly Journal au début de l’année 1719, «Mr Hendel (sic), le célèbre maître de musique, a traversé la mer, par ordre de Sa Majesté, afin de constituer une troupe des meilleurs chanteurs d’Europe, destinée à l’Opéra du Hay-Market» (cité par Jonathan Keates dans sonHaendel, publié chez Fayard, p. 110). Et le fait est que Händel allait composer là plusieurs opéras dont d’authentiques chefs-d’œuvre (à commencer par Giulio Cesare in Egitto), marqués par une forte influence italienne dont le compositeur saxon allait faire son miel pour rapidement imposer son style propre.


Le Consort et la mezzo-soprano Eva Zaïcik nous plongent donc dans ces années 1720 avec plusieurs extraits d’opéras de Händel évidemment, mais également d’Attilio Ariosti et de Giovanni Bononcini. Attention: ce disque risque fort de devenir une véritable addiction pour tous ceux qui l’écouteront. Que voilà en effet une franche et totale réussite!


D’emblée, la jeune mezzo déploie une voix dont la souplesse frappe l’auditeur, doublée d’une facilité d’émission qui, dès l’air «Rompo i lacci, e frango i dardi» chanté par Guido, promis à la belle Emilia (Flavio, Re de’Longobardi), nous ravit. L’accompagnement permet aux archets de tressauter sur les cordes avec une fluidité qui insiste d’emblée sur le côté très italianisant de la partition, presque un fil conducteur de cet opus. Eva Zaïcik passe ensuite avec la même facilité et la même implication de l’intensité de certains airs (magnifique «Sagri Numi» d’Ariosti) aux extraits requérant de sa part une virtuosité vocale à toute épreuve (on pense par exemple aux airs tirés d’Admeto, Re di Tessaglia et de Floridante). Mais, au sein de ces divers morceaux, on ne peut qu’être totalement bouleversé, le mot n’est pas trop fort, par l’air «Deggio morire, O stelle» tiré du rare Siroe, Re di Persia, air que chante Siroe à l’acte III lorsqu’il attend avec résignation son triste sort, à savoir être assassiné par son frère cadet Medarse. Eva Zaïcik y est superbe mais c’est presque Le Consort qui ici lui ravit la vedette grâce à des cordes (en premier lieu les deux violons sans doute tenus par Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche) plaintives, presque obsédantes dans leurs relances. Même choc (bien qu’un rien moindre) à l’écoute de l’air «Stille amare, già vi santo», air issu là encore d’un dernier acte, mais cette fois-ci de Tolomeo, Re d’Egitto: la chanteuse s’y montre une fois encore d’une sensibilité à fleur de peau (les légers accents lorsqu’elle prononce le mot «già»), dont l’effet est décuplé par un accompagnement idéal, les appogiatures des cordes, la pulsation inexorable, haletante faisant de cet air un deuxième sommet du disque. Au-delà de ces airs où domine une sensibilité transfigurée par le génie de Händel, l’auditeur pourra se jeter avec gourmandise dans des extraits peut-être plus «typiquement händeliens» à l’instar de cet «Agitato da fiere tempeste» issu du fort méconnu Riccardo Primo, Re d’Inghilterra où l’agilité de la voix le dispute de nouveau à celle des instrumentistes.


On l’aura compris: voilà un disque majeur non seulement dans la discographie d’Eva Zaïcik mais également dans celle du Consort, qui augmente là son effectif habituel (de quatre, les bien connus Justin Taylor au clavecin, les violonistes déjà nommés Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche ainsi que la gambiste Louise Pierrard, on passe à onze musiciens), témoignant ainsi de sa plasticité. Plus largement, voilà un disque en tout point réjouissant, qui ne peut que rassurer sur la relève des «anciens» dans l’interprétation de Händel, décidément génial autant que royal. On ne peut donc que souhaiter une nouvelle collaboration entre Eva Zaïcik et Le Consort, après un premier disque de très haut niveau («Venez chère ombre»), déjà publié chez Alpha et consacré à des cantates françaises) tant l’alchimie nous apparaît ici idéale: décidément, quelle claque que ce disque!


Le site d’Eva Zaïcik
Le site du Consort


Sébastien Gauthier

 

 

 

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