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05/07/2021
Jean-Philippe Rameau : Dardanus
Chantal Santon-Jeffery (Vénus, Une Phrygienne), Judith Van Wanroij (Iphise), Cyrille Dubois (Dardanus), Tassis Christoyannis (Anténor), Thomas Dolié (Isménor, Teucer), Clément Debieuvre (Arcas), Purcell Kórus, Orfeo Zenekar, Győrgy Vashegyi (direction)
Enregistré dans la salle de concert Béla Bartók du Műpa, Budapest (7-9 mars 2020) – 168’37
Coffret de trois disques Glossa GCD 924010 – Notice en allemand, anglais et français, livret en anglais et français


Sélectionné par la rédaction





Voilà une nouvelle réussite à mettre à l’actif de Győrgy Vashegyi, décidément inspiré par Rameau! Après Les Fêtes de Polymnie en 2015, Naïs en 2018 et Les Indes Galantes en 2018 également, il s’agit là de sa quatrième incursion dans le corpus lyrique du prolifique Français. La baguette vibrante du chef hongrois donne une vitalité rarement entendue dans ce répertoire, véritable trésor de cet enregistrement, à même de saisir l’imagination musicale qui transpire de tous les pores de la partition. Il faut dire que l’Orchestre Orfeo prouve une fois encore son excellence, notamment dans les déchaînements telluriques irrésistibles au début du deuxième acte.


Si Dardanus fait partie des plus parfaites réussites de Rameau au niveau orchestral, on n’en dira malheureusement pas autant de son livret, bien trop statique pour convaincre, et ce malgré les améliorations apportées par la version finale de mai 1744, ici enregistrée avec quelques ajouts (le Prologue complet et la majeure partie du divertissement de l’acte V) issus de la version précédente d’avril 1744. Ces défauts dramatiques n’avaient pas empêché Raphaël Pichon et Michel Fau de proposer un réjouissant spectacle scénique en 2015, là où Vashegyi et les équipes du Centre de musique baroque de Versailles ont préféré la prudence avec une version de concert à Budapest. A cet égard, on regrette que cette production n’ait pu être proposée en France, même si le contexte de la pandémie en aurait probablement stoppé l’élan.


Quoi qu’il en soit, le disque permet de se plonger dans les délices de ce concert d’exception. Il faut rendre en premier lieu hommage à Chantal Santon-Jeffery, qui semble apporter une attention de plus en plus affirmée à la diction, disque après disque: c’est là un atout essentiel, tout particulièrement pour une tragédie lyrique. A ses côtés, Judith Van Wanroij met du temps à se chauffer, dans un rôle très déclamatoire qui la met en difficulté pour les accélérations dans l’aigu, avant de convaincre par son émission veloutée et ses accents dramatiques déchirants d’émotion. Cyrille Dubois compose quant à lui un inégal Dardanus, avec quelques approximations dans la justesse des attaques par endroit, sans parler du style, un rien trop appuyé au niveau des passages enlevés. Il sait toutefois séduire dans les parties plus apaisées, retrouvant toute la beauté de son timbre et de son émission claire, si appréciables. On pourra faire un reproche semblable à Tassis Christoyannis, toujours aussi impeccable dans la prononciation, mais plus décevant dans l’interprétation souvent surjouée.


Outre l’impeccable Arcas de Clément Debieuvre, Thomas Dolié s’impose par son émission fluide, en un admirable mélange d’autorité et de noblesse, à même de faire de ses interventions d’éclatants moments d’intensité. L’autre grande satisfaction du disque est à mettre à l’actif du chœur hongrois Purcell, toujours aussi à l’aise avec notre langue. La complicité avec son chef Győrgy Vashegyi est audible à chaque intervention, tant l’articulation avec l’orchestre est un régal de naturel. Malgré quelques imperfections de détail, cette version se hisse sans difficultés parmi les plus réussies de l’ouvrage – à découvrir d’urgence.


Florent Coudeyrat

 

 

 

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