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05/02/2021
Erwin Schulhoff : Flammen, WV 93
Raymond Very (Don Juan), Iris Vermillion (La Morte), Stephanie Friede (Eine Frau, Eine Nonne, Margarethe, Donna Anna), Gabriela Bone, Nina Bernsteiner, Anna Peshes, Christa Ratzenböck, Hermine Haselböck, Elisabeth Wolfbauer (Frauenschatten), Salvador Fernández-Castro (Der Komthur), Karl-Michael Ebner (Pulcinella), Andreas Jankowitsch (Pantalone), Markus Raab (Harlekin), Arnold Schoenberg Chor, Erwin Ortner (chef de chœur), Mitglieder des Orchesters der Vereinigten Bühnen Wien, ORF Radio-Symphonieorchester Wien, Bertrand de Billy (direction)
Enregistré en public à Vienne (5, 7, 10 et 14 août 2006) – 127’31
Coffret de deux disques Capriccio C5382 – Notice et livret en allemand


Sélectionné par la rédaction





De l’unique opéra du compositeur tchèque Erwin Schulhoff (1894-1942) paraît un deuxième enregistrement sous la direction de Bertrand de Billy, reflet d’une représentation scénique viennoise en 2006. Si l’orchestre enchante, la captation des voix laisse sur sa faim.


De Flammen, «tragicomédie musicale en deux actes et dix scènes» très librement adaptée de la pièce Don Juan du Tchèque Karel Josef Benes par Max Brod, l’ami et biographe de Franz Kafka, mêle à des éléments de l’action que l’on connaît bien la légende du Juif errant pour raconter l’histoire d’un personnage hanté condamné à une vie éternelle sans rédemption en répétant toujours les mêmes erreurs. L’action menée par La Morte (la seule femme que Juan n’ait pas pu séduire) est commentée en de nombreux retours en arrière par un chœur de femmes à la manière d’un chœur antique. La partie chantée, très aphoristique, l’est souvent dans la langue du Sprechgesang pour les rôles principaux. Elle occupe un tiers de l’opéra avec de nombreux intermèdes orchestraux, tous somptueusement composés dans un style postromantique qui caractérise plus que le chant l’action dramatique. L’utilisation des vents est particulièrement experte en cela.


Créé à Brno en 1932 avec un succès limité, Flammen dut attendre 1945 pour sa recréation en Allemagne (Leipzig) et 1994 pour que Decca, dans sa série «Musique dégénérée», ne lui consacre son premier enregistrement mondial sous la direction de John Mauceri, réalisé après un concert public berlinois dans l’Eglise Jésus-Christ avec l’Orchestre symphonique de Berlin, le Chœur de chambre du RIAS de Berlin, Kurt Westi, Iris Vermillion, Johann Werner Prein et Gerd Wolff.


L’enregistrement que publie Capriccio a été réalisé par la Radio autrichienne lors des représentations de 2006 du Festival Klangbogen au Theater an der Wien, mises en scène par Keith Warner et Es Devin. Il est dommage que l’enregistrement, un peu plus complet que celui de Decca, qui comportait quelques coupures, souffre d’une aussi mauvaise balance entre l’orchestre et les chanteurs. Ce défaut rend incompréhensibles les solistes principaux, Juan (le ténor héroïque Raymond Very, qui ne manque pas de vaillance) et le soprano Stephanie Friede, qui interprète les principaux rôles féminins (Donna Anna, Margarethe, la Nonne, la Femme), de même pour Iris Vermillion (La Morte), qui participait déjà à l’enregistrement de Mauceri. Le Chœur Arnold Schoenberg souffre moins de ce déséquilibre et se montre somptueux dans ses multiples interventions. C’est d’autant plus fâcheux que l’œuvre comporte deux épisodes vocaux magnifiquement composés dans un style postromantique exacerbé: l’intervention de Juan dans la septième scène, un lied très lyrique tout à fait dans la lignée de Berg et qui est le seul vraiment chanté du personnage, qui s’exprime plutôt en Sprechgesang, et le très tristanesque duo avec Margarethe qui suit.


L’œuvre comporte de grands passages orchestraux d’un lyrisme intense – le dialogue avec la mer est proprement fabuleux, la facture des interludes entre les scènes fait penser à Wozzeck, créé à l’époque de la composition de Flammen, mais aussi de Pelléas – dans des styles divers allant d’un néoclassicisme à la Hindemith à une exubérance luxuriante des cordes qui évoque Reger et le jeune Schoenberg. A la tête de l’Orchestre de la Radio autrichienne (ORF), Bertrand de Billy réalise une parfaite synthèse de tous ces éléments qui incluent aussi des foxtrots et autres figures de jazz dans la scène de carnaval.


Olivier Brunel

 

 

 

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