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03/06/2021
Joseph Bodin de Boismortier : Les Voyages de l’Amour
Chantal Santon Jeffery (L’Amour), Katherine Watson (Zéphire), Judith Van Wanroij (Daphné), Katia Velletaz (Un habitant de Cythère, Hylas, Lucile, Dircé), Eléonore Pancrazi (Béroé, La Prêtresse de l’Amour, Julie), Thomas Dolié (Thersandre, Adherbal, Un devin, Ovide), Purcell Kórus, Orfeo Zenekar, Győrgy Vashegyi (direction)
Enregistré dans la salle de concert du Centre Kodály de Pécs (23-23 septembre 2019) – 158’39
Album de deux disques Glossa GCD 924009 – Notice en allemand, anglais et français





Le Centre de musique baroque de Versailles et le chef hongrois György Vashegyi poursuivent leur fructueuse collaboration entamée en 2014 avec Isbé de Mondonville, une de leur plus belle réussite, éditée au disque après le concert donné à Budapest en 2016, en s’intéressant cette fois à son contemporain Joseph Bodin de Boismortier (1689-1755). On se réjouit de retrouver dans ce répertoire la baguette inspirée de Vashegyi, dont le tempérament vigoureux et nerveux met admirablement en valeur les interventions piquantes aux bois. C’est là tout à fait judicieux, tant Boismortier s’en donne à cœur joie pour colorer sa partition et démontrer tout son savoir-faire dans la variété du soutien orchestral, avec plusieurs traits de virtuosité inattendue pour un opéra-ballet. Peut-être est-il moins original dans les parties plus apaisées, un rien redondantes sur la durée. Quoi qu’il en soit, ce compositeur prolifique, souvent critiqué pour son manque de profondeur, démontre dès son premier ouvrage lyrique toute l’étendue de son talent.


L’échec à la création en 1736 lui vaut de réécrire la deuxième entrée (cet enregistrement permet de comparer les deux versions, données à la suite), même si cet effort ne permet pas de sauver l’ouvrage, rapidement oublié. C’est probablement ce qui a contribué au choix du plus grand succès de Boismortier, Don Quichotte (1743), qu’Hervé Niquet a choisi de faire renaître à la fin des années 1990 (voir les reprises récentes du spectacle adapté par Shirley et Dino, données notamment à Metz et Montpellier). Bien éloigné de cet esprit comique, Les Voyages de l’Amour privilégient un ton plus lyrique et tragique, donnant la part belle aux voies féminines.


Malgré quelques aigus difficiles, Chantal Santon Jeffery (l’Amour) tient le rôle principal avec un bel aplomb, portant une attention notable sur la diction. C’est précisément le point faible de Katherine Watson (Zéphire), qui n’évite pas quelques duretés et suraigus arrachés. Elle se rattrape dans l’interprétation, mais on lui préfère grandement le timbre opulent et chaleureux de Judith Van Wanroij (Daphné), tandis que Katia Velletaz dans ses différents petits rôles se démarque par son sens de l’articulation et sa musicalité. Toujours aussi solide, Thomas Dolié n’évite pas une émission un rien engorgée par endroits, mais assure l’essentiel.


Florent Coudeyrat

 

 

 

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