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02/26/2021 Dimitri Chostakovitch : Trio avec piano n° 1 en ut mineur, opus 8
Anton Arenski : Trio avec piano n° 1 en ré mineur, opus 32
Felix Mendelssohn : Trio avec piano n° 1 en ré mineur, opus 49 Trio Zeliha: Jorge González Buajasan (piano), Manon Galy (violon), Maxime Quennesson (violoncelle)
Enregistré par le service audiovisuel du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (9-13 septembre 2019) – 73’
Mirare MIR522 – Notice en français
Must de ConcertoNet
Premier essai, coup de maître? Réussir cette performance est bien entendu le rêve de chaque artiste, compositeur ou interprète, lorsqu’il ose enfin se confronter au regard de ses contemporains. Le pari est gagné haut la main pour le tout récent Trio Zeliha, créé en 2018 par de jeunes diplômés du Conservatoire à rayonnement régional de Paris, tous âgés de 25 ans ou à peu près. Ces talents ont la bonne idée de mettre en miroir des premiers essais de grands noms, Chostakovitch et Mendelssohn, auxquels s’adjoint le plus rare Anton Arenski (1861-1906), plus connu comme professeur de Scriabine et Rachmaninov que pour ses compositions. Créé en 1894, le Premier Trio d’Arenski fait déjà valoir un compositeur sûr de ses moyens, aussi bien dans la souplesse des transitions que l’épanouissement serein de la mélodie. Le Trio Zeliha s’empare de cet ouvrage du romantisme tardif en mettant en avant ses couleurs chaudes et son attention aux nuances, sans jamais perdre de vue la narration globale. Le piano de Jorge Gonzalez Buajasan est un régal de finesse, tour à tour piquant et félin, tandis que les cordes ne sont pas en reste par leur mélange d’attaques franches et de soyeux, en un lyrisme toujours maîtrisé.
Le répertoire russe semble leur convenir, tant les longues errances sinueuses du Premier Trio (1923) de Chostakovitch n’ont aucun secret pour eux: on est d’emblée embarqué dans les profondeurs méditatives d’un compositeur alors étudiant au Conservatoire, pas encore auréolé du succès de sa Première Symphonie (1925). Quoiqu’il en soit, ce premier essai surprend autant par sa brièveté (un seul mouvement) que par le nombre d’idées développées, là aussi avec un art des transitions déjà achevé. On est également emporté par la fragilité qui émane du début Premier Trio de Mendelssohn (1840), entonné avec une douceur qui fait ressortir les couleurs des instruments. Les premiers tutti ne chassent pas cette première impression, tant le trio ne semble jamais forcer le trait, toujours sûr de son élan souverain. On attend avec impatience le deuxième disque de cet ensemble déjà au sommet!
Florent Coudeyrat
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