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04/15/2001
Bach/Busoni
Piano Transcriptions : Toccata en do majeur pour orgue, BWV 564, 10 Préludes de choral pour orgue BWV 667, 645, 659, 734, 639, 665, 615, 617, 637, 705, Chaconne de la partita n° 2 pour violon, BWV 1004.


Kun-Woo Paik (piano).
Decca 467 358-2



« Ferruccio Busoni fut compositeur, professeur, pianiste mais tout cela se résumerait en un mot : il fut un transcripteur. Là est la clé de sa personnalité musicale étrange, l'explication de sa position paradoxale, à mi-chemin de l'interprète et du compositeur ».
Ainsi s'ouvre l'important chapitre que Michel Schneider consacre dans son livre Musiques de Nuit à celui qu'il appelle, non sans admiration, le « voleur de notes ». lire la critique de ce livre. Alors même que paraît un disque tout à fait conséquent et passionnant lui aussi, consacré par le pianiste Kun-Woo Paik à des transcriptions de Bach par Busoni.


Schneider, Busoni, Paik, tous les trois posent à leur façon la problématique de la transcription. Empressons-nous de dire que dans les trois cas, c'est pour notre plus grand bonheur, à la fois musical et intellectuel !
En fait, si l'on connaît généralement les transcriptions de la fameuse Chaconne de la seconde partita pour violon ou quelques préludes de choral, on sait moins que Busoni a transcrit pratiquement toutes les grandes oeuvres de Bach. Et c'est le premier mérite de ce disque de donner accès en plus de la Chaconne, à la Toccata pour orgue en do majeur et à dix préludes de choral alors que n'en sont joués en temps normal que deux ou trois.
Ces transcriptions sont toutes d'impressionnantes pièces pour piano et méritent largement leur place dans le grand répertoire de l'instrument ; elles ont de plus le mérite de faire appel à des qualités très différentes chez l'interprète : sens de la construction, capacité à maîtriser la polyphonie la plus complexe et à en faire ressortir les lignes, intériorité aux confins du sens mystique.


Kun-Woo Paik a-t-il toutes ces qualités ? Les deux premières indéniablement et ses interprétations en imposent par leur caractère monumental, leur hauteur de vue et en même temps leur lisibilité, par la puissance des moyens techniques et même physiques. Plus problématique peut-être l'intériorité : le pianiste introduit les passages lents ou joue les chorals méditatifs de façon intense : il « éteint » quasiment le son, au point que la musique semble soudain venir de la pièce d'à côté. Mais il y a sans doute là plus recherche d'effet qu'émotion profonde. Les tempi sont lents, parfois trop, notamment dans le Choral du veilleur. De ce fait, la vue d'ensemble est quelque peu déséquilibrée et l'esprit de Bach sans doute pas tout à fait respecté. La prise de son et l'instrument au médium cotonneux accentuent cette impression.


En fin de compte, malgré ces restrictions, un disque tout à fait passionnant en ce qu'il pose de vraies questions d'ordre esthétique, musical et historique. Et aussi un très beau moment de piano qui confirme les moyens prodigieux et l'intelligence d'un artiste déjà réputé pour ses Liszt, Scriabine et Prokofiev.



Florence Trocmé

 

 

 

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