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11/15/2020
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n° 2 en si bémol majeur, opus 19
Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimento en ré majeur, K. 136: 1. Allegro [*]
Edvard Grieg : Suite «Fra Holbergs tid», opus 40 [*]

Martha Argerich (piano), Mito Chamber Orchestra, Seiji Ozawa (direction)
Enregistré à l’Art Tower Mito en studio (9-10 mai 2017 [*]) et en public (28 mai 2019) – 56’46
Decca 4850592 – Notice (en anglais, français et allemand) de Misha Donat





On ne prendrait en considération que la personnalité des deux artistes de ce disque que la récompense suprême s’imposerait: Must de Concertonet, bien évidemment! Mais, comme on va le voir, le résultat n’est pas tout à fait à la hauteur de nos espérances alors qu’on pouvait s’attendre à un véritable feu d’artifice entre Martha Argerich (née en 1941) et Seiji Ozawa, de six ans son aîné. Bien que les deux musiciens se connaissent depuis de longues années (décennies maintenant), ils n’ont guère fait d’enregistrements ensemble: savourons donc comme il se doit ce disque où Argerich interprète le Deuxième Concerto de Beethoven.


Quatrième gravure officielle pour la pianiste argentine après celles réalisée sous sa propre direction (à la tête du London Sinfonietta, EMI, 1980), sous la baguette de Giuseppe Sinopoli (avec le Philharmonia, Deutsche Grammophon, 1986) et sous la direction de Claudio Abbado (avec l’Orchestre de chambre Mahler, Deutsche Grammophon, 2002). Quant au chef japonais, on ne compte sauf erreur qu’un précédent, Ozawa dirigeant l’Orchestre symphonique de Boston, son partenaire n’étant rien moins que le grand Rudolf Serkin (enregistrement du 3 juillet 1984, quelque peu apathique à la réécoute, Telarc). Le présent concert est une belle réussite, à n’en pas douter. L’entrée en lice de l’orchestre dans le premier mouvement est assez musclée, vigueur que l’on retrouve dans le Rondo : Molto Allegro aux couleurs hongroises, en dépit d’un orchestre aux cordes qui manquent parfois de volume à l’instar des violoncelles dans ce même troisième mouvement. C’est à la fois réjouissant et étonnant. Réjouissant car Seiji Ozawa semble avoir retrouvé là une bonne partie de son énergie (écoutez ses petits grognements dans le premier mouvement à 1’56) et de sa joie de diriger, joie visible comme le prouve la belle photo illustrant la jaquette du disque. Etonnant en revanche car Martha Argerich adopte pour sa part un jeu plus distancié, tout en finesse (auquel répondent par exemple de superbes bois dans l’Allegro con brio à partir de 1’27), très mozartien, très aérien, où les nuances sont conduites avec une attention incroyable (écoutez en priorité les fins de phrase de ce même mouvement). Et donc, en fin de compte, face à de telles différences d’approche, on ne peut véritablement parler de totale adéquation entre le chef et la pianiste. Pourtant, le deuxième mouvement (Adagio) illustre une rencontre presque idéale, emplie d’une sérénité assez bouleversante. Le troisième mouvement est moins convaincant, principalement en raison d’une certaine baisse de tension de l’orchestre (due peut-être à une légère fatigue du chef nippon, dont les apparitions et les programmes sont depuis longtemps millimétrés pour ne pas altérer sa santé fragile). Dommage car Argerich adopte là un jeu très mutin, que l’on retrouve notamment dans la dynamique des nuances et les appogiatures d’une partition qu’elle interprète de manière on ne peut plus rafraîchissante.


En complément, deux œuvres que Seiji Ozawa connaît parfaitement. En effet, le chef a souvent l’occasion de donner non pas le premier mouvement, comme ici, mais l’Andante du Divertimento K. 136 en bis lors de ses concerts. Ici donc, l’Allegro initial où la souplesse féline du chef est presque visible. On regrettera néanmoins une interprétation où l’Orchestre de chambre Mito manque d’engagement et ne convainc pas autant qu’on pouvait l’espérer dans un petit bijou pourtant parfaitement adapté à son effectif. La Suite «Au temps de Holberg» de Grieg fait également partie des partitions souvent mises à l’honneur par Ozawa, comme on a par exemple pu l’entendre à Paris il y a cinq ans maintenant, à la tête des musiciens de l’Académie internationale Seiji Ozawa de Suisse. La réussite est patente en l’espèce: même si le «Rigaudon» conclusif ne possède pas tout à fait la verve que l’on avait perçue lors du concert susmentionné (et gravé en notre mémoire...), l’allant des cordes est évident dans le «Prélude» et la beauté des sonorités un peu tristes de l’«Air: Andante religioso» est tout aussi touchante. Ozawa modèle l’ensemble tel un joailler qui accorde la même importance à chaque pierre qu’il peut être amené à sertir: on reconnaît là, une fois encore, la magie qu’il peut dégager à près de 85 ans.


Le site de l’Orchestre de chambre Mito


Sébastien Gauthier

 

 

 

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