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08/18/2020
Joseph Haydn : Concertos pour deux lyres organisées n° 1 en ut, Hob.VIIh:1, et n° 3 en sol, Hob.VIIh:3
Carl Stamitz : Concerto pour flûte et hautbois en sol – Concerto pour flûte en en ré
Ana de la Vega (flûte), Ramón Ortega Quero (hautbois), Trondheim Solistene, Geir Inge Lotsberg (premier violon)
Enregistré à Trondheim (juin 2019) – 64’38
Pentatone PTC 5186 823
Si l’on a déjà entendu parler de Ramón Ortega Quero (un des hautboïstes solos de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, excusez du peu!), le nom d’Ana de la Vega nous était en revanche, à titre personnel, jusqu’alors inconnu. Et pourtant, la jeune femme, australienne de naissance, passée par le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, a déjà remporté de nombreux prix, s’est produite sur les plus grandes salles du monde avec des ensembles baroques et classiques de premier ordre, et a déjà enregistré un disque de concertos pour flûte pour Pentatone. Voilà une nouvelle publication qui va nous permettre de mieux la connaître puisque, sur les quatre œuvres enregistrées, c’est la seule qui joue un concerto dédié à un seul instrument, les trois autres étant destinés à deux solistes, une flûte et un hautbois.
On passera rapidement sur les deux concertos de Carl Stamitz (1745-1801), non que ce compositeur soit inintéressant (fils de Johann Stamitz, frère d’Anton, tous deux également compositeurs, Carl nous a laissé de nombreux concertos pour clarinette, alto mais aussi quantité de symphonies, de quatuors...), mais ses deux concertos sont d’une facture ô combien «classique» dans tous les sens du terme. Qu’il s’agisse du Concerto pour flûte et hautbois en sol majeur ou du Concerto pour flûte en ré majeur, on n’est guère surpris à l’écoute de ces œuvres en trois mouvements (deux rapides encadrant un lent), ces développements connus dans une forme immuable (introduction orchestrale du premier mouvement, jeu des solistes, cadence, final), ces échanges gracieux mais, avouons-le, sans toujours beaucoup d’imagination. Reconnaissons néanmoins le plaisir d’une écoute embellie par le jeu irréprochable des solistes, mais aussi par la vigueur et la réactivité des Solistes de Trondheim, placés sous la direction du premier violon, Geir Inge Lotsberg.
Plus originales sont en revanche les deux œuvres de Haydn, qui sont en vérité écrites pour lira organizzata (littéralement «lyre organisée», que l’on connaît également sous le nom de «vielle organisée»). Bien oublié aujourd’hui, l’instrument était une sorte d’alliance entre la vielle à roue et un orgue de petite taille: alors que le clavier de la vielle contrôle l’air envoyé dans les tuyaux de l’orgue, c’est à la manivelle de la vielle qu’il revient d’actionner les soufflets qui envoient l’air nécessaire à la production des sons. Instrument certes étrange mais il se trouve que Haydn a tout de même composé cinq concertos et plusieurs nocturnes à son intention... Ces compositions ne sont plus guère jouées par l’instrument original mais plutôt, comme ce fut d’ailleurs le cas dès le XVIIIe siècle, par d’autres instruments, notamment par une flûte et un hautbois: en voici deux exemples. Le Premier Concerto est un bel exemple de la finesse concertante de l’époque, Ana de la Vega et Ramón Ortega Quero intervenant sans ostentation dans un dialogue qui allie le côté facétieux de Haydn avec quelques tonalités plus graves (le mouvement lent). L’Allegro con brio qui le conclut est très Sturm und Drang mais étonne surtout par le long passage lent qui s’intercale entre l’introduction et le finale, enlevé comme on pouvait s’y attendre. Daté également de 1786, le Troisième Concerto est plus étonnant encore avec sa Romance – Allegretto dont le thème du mouvement lent sera repris à l’identique par l’Allegretto de la Centième Symphonie «Militaire» (1794).
Bénéficiant d’une interprétation en tous points rafraîchissante, voilà une belle découverte à la fois d’un répertoire et d’une soliste qu’on aura sans doute l’occasion de louer de nouveau.
Le site d’Ana de la Vega
Le site de Ramón Ortega Quero
Le site des Solistes de Trondheim
Sébastien Gauthier
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