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04/24/2020
Richard Strauss : Die Frau ohne Schatten, opus 65
Camilla Nylund (Die Kaiserin), Evelyn Herlitzius (Die Amme), Sebastian Holecek (Der Geisterbote), Maria Nazarova (Ein Hüter der Schwelle des Tempels), Benjamin Bruns (Stimme eines Jünglings), Maria Nazarova (Die Stimme des Falken), Monika Bohinec (Eine Stimme von oben), Wolfgang Koch (Barak), Nina Stemme (Die Färberin), Samuel Hasselhorn (Der Einäugige), Ryan Speedo Green (Der Einarmige), Thomas Ebenstein (Der Bucklige), Ileana Tonca, Mariam Battistelli, Szilvia Vőrős (Dienerinnen), Ileana Tonca, Mariam Battistelli, Virginie Verrez, Szilvia Vőrős, Bongiwe Nakani (Stimmen der Ungeborenen), Ileana Tonca, Mariam Battistelli, Virginie Verrez, Szilvia Vőrős, Bongiwe Nakani, Zoryana Kushpler (Solostimmen), Bühnenorchester der Wiener Staatsoper, Witolf Werner (direction), Chor der Wiener Staatsoper, Thomas Lang (chef de chœur), Opernschule der Wiener Staatsoper, Johannes Mertl (chef de chœur), Orchester der Wiener Staatsoper, Christian Thielemann (direction)
Enregistré en public à Vienne (25 mai 2019) – 209’26
Coffret de trois disques Orfeo C991203





La production de mai 2019 de La Femme sans ombre de Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal à l’Opéra d’Etat de Vienne, dont Orfeo publie la version audio dans sa collection «Wiener Staatsoper Live», marquait le centenaire de sa création dans ce théâtre, lequel fêtait son cent cinquantième anniversaire.


Historique donc mais hormis l’exceptionnelle performance des Wiener Philharmoniker, les musiciens qui jouent dans la fosse sous le nom d’Orchester der Wiener Staatsoper, la distribution se révèle décevante et, comme on peut le constater en visionnant la soirée dont la vidéo est disponible en ligne, la mise en scène de Vincent Huguet (et Aurélie Mestre pour les décors), plate et sans volonté évidente de direction d’acteur pointue, n’élevait pas le spectacle au-dessus du niveau dramaturgique généralement assez routinier du répertoire de ce théâtre lyrique.


La première soirée du 25 mai 2019 avait débuté par un discours dans un allemand châtié de l’intendant, le Français Dominique Meyer dont c’était la dernière saison. Un vibrant hommage à ce théâtre, convoquant depuis l’Empereur qui en avait décidé la construction et les architectes qui l’ont construit, jusqu’aux célèbres chefs d’orchestre qui s’étaient succédés incluant Gustav Mahler, Bruno Walter, Karl Böhm, Herbert von Karajan, Leonard Bernstein et d’autres jusqu’à Philippe Jordan, qui en prendra les rênes fin 2020 en même temps que l’Autrichien Bogdan Roscic deviendra le nouvel intendant.


Puis sous la baguette très autoritaire de Christian Thielemann ont résonné les trois appels du thème de Keikobad qui ouvrent cette œuvre monumentale, dont le chef allemand est un des seuls aujourd’hui à diriger la version intégrale. Disons d’emblée que ce qui fait la valeur de ce document sonore est la fabuleuse prestation de l’orchestre, qui a cette partition dans le sang depuis sa création dans la même fosse en 1919. Les Viennois font chatoyer le moindre détail de cette musique et le chef imprime au drame une patte jamais brutale, soulignant toujours les détails instrumentaux qui vont dans le sens du texte. Plus que dans leur collaboration au Festival de Salzbourg en juillet 2011 dans la mise en scène très originale de Christof Loy, leur entente atteint des sommets rarement entendus depuis la grande époque des chefs qui, tels Karl Böhm, Georg Solti et Wolfgang Sawallisch, ont porté ce chef-d’œuvre à incandescence.


La distribution réunie pour cette nouvelle production, qui est globalement la même que celles qui chantent l’œuvre dans tous les théâtres (Salzbourg 2011, Berlin 2017, Verbier 2019, Théâtre des Champs-Elysées 2020), est nettement moins parfaite que celles de générations précédentes, ne serait-ce que la dernière, qui réunissait encore Botha, Polaski, Pieczonka et Pankratova à Munich en 2013 dans la production fabuleuse de Krzysztof Warlikowski et Kirill Petrenko, sans remonter aux années glorieuses des Rysanek, Nilsson, Behrens, Kollo et King. C’est un fait que l’on peut déplorer, tout en faisant avec, si l’on assiste à la représentation ou à sa retransmission vidéo, tant l’impact dramatique de ces chanteurs est souvent plus grand, les techniques d’éclairages, vidéo, la direction d’acteur quand elle s’exerce de façon experte, que celui des générations précédentes et historiques, qui se contentaient souvent de suivre plus ou moins les didascalies du livret. S’agissant d’un enregistrement audio, les faiblesses vocales – et elles sont grandes ici chez les dames particulièrement – éclatent d’autant plus que le support théâtral est absent. A la fin de la représentation, dans le redoutable dernier acte, on se prend à douter de l’intérêt de la publication de cette archive sous forme audio.


Le meilleur de la distribution réside chez les hommes avec le Barak d’une belle stabilité vocale et d’une grande humanité du baryton allemand Wolfgang Koch. Stephen Gould a les redoutables moyens de heldentenor de l’Empereur mais il n’apporte pas au rôle le surplus de majesté qu’il faudrait y ajouter. Très remarquables sont les seconds rôles du Messager (Sebastian Holecek), du Gardien du temple (Maria Nazarova) et des frères de Barak. Magnifiques aussi les Chœurs de l’Opéra d’Etat de Vienne (les veilleurs et serviteurs) et les chorales d’enfants ainsi que les femmes incarnant et les voix du Faucon (Maria Nazarova ) et d’En-Haut (Monika Bohinec).


Plus problématiques sont les trois dames, car avec des moyens redoutables et des voix allant du fatigable au très fatigué, elles créaient sur scène des personnages dramatiquement formidables mais qui, sans l’image, exposent cruellement leurs défauts. L’Impératrice de Camilla Nylund, même si elle peine au III, est, sans une aura très impressionnante, une Impératrice qui assure sa partie. Evelyn Herlitzius à la voix usée par tant d’Elektra et rôles très lourds, passe de la Teinturière à la Nourrice, à qui elle donne un caractère vipérin et redoutable, avec un vibrato souvent insupportable et des graves un peu trop courts pour ce rôle de mezzo-soprano. Nina Stemme, vedette maison, a elle aussi beaucoup abusé des rôles de sopranos dramatiques wagnériens et straussiens. Son personnage de Teinturière est scéniquement impressionnant mais la résistance vocale ne suit pas toujours. C’est elle qui, avec Thielemann, a récolté le plus de succès au rideau de cette soirée très applaudie par le public viennois.


Olivier Brunel

 

 

 

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