About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

12/14/2019
Benjamin Britten: Suites pour violoncelle seul n° 1 en sol majeur, opus 72, n° 2 en ré majeur, opus 80, et n° 3 en ut mineur, opus 87
Cameron Crozman (violoncelle)
Enregistré à la SR1 de la Philharmonie de Paris (2-4 janvier 2019) – 69’51
Printemps des Arts de Monte-Carlo PRI 030 (distribué par UVM) – Notice (en français et en anglais) principalement extraite de Benjamin Britten ou l’impossible quiétude de Xavier de Gaulle





Cameron Crozman, jeune violoncelliste canadien, s’attaque avec bonheur à l’un des monuments du répertoire pour violoncelle du siècle dernier. Sa prestation entre en concurrence virtuelle non seulement avec les versions de référence plus anciennes mais avec les versions de plusieurs violoncellistes des nouvelles générations. Grâce au nombre croissant de ces derniers et maintenant à Crozman, les occasions d’entendre les Suites de Britten au concert se multiplient. C’est une expérience en soi, tout à fait appréciable. Crozman a effectué une partie de ses études au Conservatoire de Paris et ensuite dans la classe d’excellence de Gautier Capuçon. Il se produit donc tout aussi naturellement en France, et ailleurs en Europe, que dans son pays natal.


Composées en 1964, 1967 et 1971 respectivement, for Slava, les trois Suites de Benjamin Britten (1913-1976) devaient être au nombre de six comme celles de Bach sans pour autant qu’il s’en inspire au-delà du choix de l’instrument et du genre. Britten retient la forme mais son langage et son style restent très personnels sans perdre de vue les qualités particulières du jeu de Rostropovitch qu’il admirait. En son honneur, pour les neuf mouvements de la Troisième, Britten fragmente quatre thèmes de source russe, trois provenant de chansons populaires arrangées par Tchaïkovski, le quatrième celui du Kontakion (hymne funèbre), varié en introduction et déployé en finale. La Deuxième reste peut-être la plus proche de l’esprit de Bach par l’organisation formelle de ses cinq parties mais pour la Première, trois Cantos à thème partagé, viennent en introduction aux trois groupes de deux parties avec un Canto quarto en coda au Moto perpetuo final. Pour les agrémenter, Britten retient des époques élisabéthaine et baroque les éléments auxquels il est souvent revenu tout au long de son œuvre: la fugue, la chaconne, la passacaille, le ground (basse obstinée), et les styles brisé et diminué des luthistes anglais. Le traitement de ces éléments n’en reste jamais à un premier degré, à l’instar des tonalités annoncées, toujours flottantes et ambiguës.


La technique et les qualités instrumentales de Cameron Crozman mettent en valeur la force profonde et la beauté sonore de ces pièces. Pour rendre justice au souffle et à l’invention inspirée de la composition musicale, les partitions exigent d’elles-mêmes une recherche de timbres, de couleurs, d’attaques et de juste mesure entre éclat et retenue. Crozman s’y emploie, et, avec parfois plus de réserve que certains, peut-être, son interprétation intériorisée, nuancée et finement colorée, soigne les reliefs narratifs avec éloquence et intensité. Dans la Troisième Suite, son expressivité et sa musicalité atteignent des sommets.


La version de Rostropovitch, dédicataire et créateur des trois, s’impose d’office comme la version de référence bien qu’inachevée: il manque la Suite de 1971, la plus personnelle et la plus «russe» des trois, dont il assura la création en 1974 devant son ami Britten très affaibli, ce qui l’affecta au point de ne pouvoir reprendre posément la pièce par la suite. Parmi une vingtaine de versions intégrales, ressortent celles de Truls Mørk et de Peter Wispelwey et, en France, l’ardente version d’un jeune Jean-Guihen Queyras en 1998. Plus récemment, vient l’intense furioso sonore de la prestation d’Antoine Pierlot suivi du feu, de la sensibilité et de la maîtrise de celle de Noémi Boutin. Bénéficiant d’une prise de son bien au point, Crozman les rejoint.


Le site de Cameron Crozman


Christine Labroche

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com