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11/30/2019
Grazyna Bacewicz: Sonates pour violon seul n° 1 et n° 2 – Sonates pour violon et piano n° 1 «Sonata da camera», n° 2, n° 3, n° 4, n° 5 et n° 6 «Partita»
Annabelle Berthomé-Reynolds (violon), Ivan Donchev (piano)
Enregistré au Centre européen de la musique Krzysztof Penderecki, Luslawice (17-20 juillet, 26-30 novembre 2018) – 125’26
Album de deux disques Muso MU-032 (distribué par Outhere) – Notice en anglais, français, allemand et polonais de Katarzyna Naliwajek





Par ce récital généreux, Annabelle Berthomé-Reynolds et Ivan Donchev rendent hommage à Grazyna Bacewicz (1909-1969), femme exceptionnelle disparue prématurément peu avant son soixantième anniversaire, il y a tout juste cinquante ans. Compositrice, violoniste virtuose, concertiste remarquable et pianiste compétente, Bacewicz laisse un nombre important de pièces pour les cordes au cœur d’un catalogue de plus deux cents œuvres qui comprend cinq symphonies et douze concertos, pour violon (sept), alto, violoncelle ou piano. Le programme constitue une intégrale des Sonates inscrites au catalogue, pour violon et piano, et pour violon seul, composées entre 1941 et 1958.


Les Sonates sont révélatrices de la liberté relative de Grazyna Bacewicz, de sa ténacité, de son activité intense et de sa passion musicale dans une Pologne, en guerre et d’après-guerre, peu propice aux indépendances créatrices. Elles révèlent son parcours évolutif entre un brillant style néo-classique et tonal et un élan plus personnellement investi, aux empreintes modales ou d’une tonalité plus ambiguë frisant la dissonance. Sans doute les points hauts du récital, les deux belles Sonates pour violon seul offrent les clés de cet univers. Berthomé-Reynolds, à son plus convaincant, les défend avec un acharnement virtuose qui met en valeur tout aussi bien l’influence de Bach de la Première (1941), aux fulgurants moto perpetuo, que le style élargi, les frottements harmoniques et les avancées techniques de la splendide Seconde de 1958.


Les quatre premières sonates pour violon et piano permettent de déceler une certaine influence française sans doute due à l’enseignement de Nadia Boulanger et à la musique que la jeune Polonaise entendait à Paris dans les années 1930 mais on peut penser à Stravinski et par moments à Szymanowski. Petit joyau d’énergie et de charme, la Sonata da camera (1945), la première, encore au style néoclassique, alterne détentes et tensions tout en mouvement perpétuel. La Deuxième Sonate (1946), au style plus fluide, presque romantique, passe d’un dynamisme alerte à un lyrisme délicat, et, aux climats tout aussi changeants, la Troisième(1948), exubérante et expressive, se dissipe in fine en espiègleries taquines. La vivifiante Quatrième (1949), la plus présente à l’affiche, témoigne encore de l’importance que Bacewicz accorde à la richesse de la partie de piano. On en vient ici à un poids proche de l’égal entre les deux instruments, le piano tissant un luxueux tapis de sons sur lequel danse le violon.


Les deux musiciens, cherchant à accentuer l’ingéniosité rythmique de ces quatre pièces, troublent parfois l’assise de la phrase musicale d’autant plus que l’intonation du violon n’est pas toujours investie, voire juste, et que leur entente ne semble pas toujours au diapason. Cela est particulièrement sensible lors de passages chaloupés, trop jazz, et aux instants plus lyriquement solennels dont la ligne se brise. Toutefois, détermination et concentration ne leur manquent pas et leur désir de communiquer ce répertoire est manifeste.


Si recherches et évolution il y avait déjà, la rupture vient avec la Cinquième Sonate (1951) et s’amplifie lors de la Partita de 1955. La Cinquième, brillante et intense, plus modale et à la mise en place délicate, frôle une dissonance de bon aloi. Les multiples pivots tonals de la Partita, la sixième, l’ancrent dans un idiome plus moderne. Ténébreuse ou endiablée, elle permet à Berthomé-Reynolds de révéler tout son mordant et son dynamisme virtuose, en particulier lors de la Toccata qui vient en deuxième position avant le lyrisme tendu de l’Intermezzo, andantino melancolico et le vif Rondo final.


La grande valeur de ce récital réside dans son programme complet, engageant et bienvenu sur plusieurs plans. Toutefois, une prise de son peu présente et parfois mal équilibrée entre les deux instruments et une interprétation qui ne convainc pas pleinement l’empêchent de prendre place parmi les versions de référence. Bien qu’il ne s’agisse pas toujours d’une intégrale des Sonates, on peut préférer l’archet chaleureux de Wieslawa Szymczynski en symbiose avec Bénédicte Haid (Chamber Sound), la précision intense du double album de Piotr Plawner et Ewa Kupiec (Hänssler), le beau son équilibré de Joanna Kurkowicz et Gloria Chien (Chandos) ou encore l’énergie virtuose de Bartolomiej Niziol et Pawel Mazurkiewicz (Dux).


Le site d’Annabelle Berthomé-Reynolds
Le site d’Ivan Donchev


Christine Labroche

 

 

 

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