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10/27/2019
«All’Ungarese»
David Popper: Fantaisie sur une chanson de la Petite-Russie, opus 43
Zoltán Kodály: Adagio pour violoncelle et piano – Sonate pour violoncelle seul, opus 8 [*]
Ernő Dohnányi: Ruralia hungarica, opus 32c et 32d

Aurélien Pascal (violoncelle), Paloma Kouider (piano)
Enregistré en l’église luthérienne de Bon-Secours, Paris (13-14 mars [*] et 11-12 avril 2018) – 62’48
La Música LMU 017 (distribué par PIAS) – Notice (en français et en anglais) d’Aurélien Pascal puis de Tristan Labouret


Sélectionné par la rédaction





Aurélien Pascal, jeune virtuose né en 1994, propose un magnifique programme all’ungarese qu’il exécute avec sensibilité, avec chaleur et avec une maîtrise technique prodigieuse. Le point haut du récital est sans aucun doute son interprétation magistrale de la Sonate de Zoltán Kodály (1882-1967) mais son approche des autres pièces en ranime la flamme. Paloma Kouider, pianiste du Trio Karénine, se joint de nouveau à lui et, ensemble ou seul, ils révèlent tout l’intérêt musical et interprétatif de ces quatre partitions.


L’enseignement de David Popper (1843-1913) à l’Académie royale de Budapest contribua sans doute aux fondements de l’école hongroise du violoncelle. Fort de cela, de sa carrière austro-hongroise et de ses origines tchèques, c’est pourtant sur un air ukrainien qu’il composa sa Fantaisie aux brillantes variations médianes. Le but de ce «Paganini du violoncelle» était sans doute de mettre en valeur les multiples possibilités de son instrument. En digne héritier, et avec le soutien attentif de Paloma Kouider, Aurélien Pascal fait siens les humeurs changeantes, les tempos contrastés et les prouesses techniques d’une œuvre qui correspond si bien aux qualités de son genre.


Plus ardue, la susdite Sonate opus 8 date de 1915. Le tour de force de Zoltán Kodály, c’est d’avoir composé une pièce classiquement exigeante mais d’une originalité inspirée, tout en mettant en œuvre un feu d’artifice d’effets sonores d’une haute technicité virtuose et innovatrice, colorés de fragrances magyares. Le tour de force d’Aurélien Pascal c’est de relever le défi avec naturel, les envols de l’œuvre sublimés, l’essence et l’esprit intacts et toute sensation d’effort évanouie. Sur les cordes, sur le chevalet, sur la touche, l’archet attaque, sautille, creuse, caresse. Les doigts de la main gauche courent, dansent, voltigent sur les cordes, créant avec l’archet de multiples effets de style et de timbre y compris des pizzicati main gauche et jusqu’à des quadruples cordes. Intense, lyrique et passionné au travers des deux premiers mouvements, le violoncelle se fait voix et écho, question et réponse. Au troisième, Molto vivace, toujours con scordatura (pôle tonal de si mineur oblige), le violoncelle, incisive ou rhapsodique, devient à l’occasion tárogató, guitare, cymbalum ou cornemuse, créant par moments une illusion de taraf. János Starker, interprète émérite de la Sonate, l’avait travaillée avec son maître, Kodály lui-même. Aurélien Pascal à son tour, a bénéficié des conseils de l’élève pour parfaire sa propre interprétation de ce monument du répertoire. La précision et la fougue de sa prestation en révèlent toute la beauté musicale bien au-delà des éblouissantes difficultés techniques.


Transcrit pour violoncelle et piano en 1910, mais écrit pour violon et piano en 1905 avant l’implication du compositeur dans les finesses de la musique de son pays, l’Adagio, de bien moindre envergure et de style plus convenu, distille néanmoins un charme lumineux, fluide et mélodique que les deux interprètes mettent en valeur avec un lyrisme investi.


C’est auprès de Bartók et de Kodály qu’Ernő Dohnányi (1877-1960) avait exploré les richesses de la musique populaire hongroise si présentes dans les sept mouvements de Ruralia hungarica (1923), à l’origine pour piano, ce qui explique la richesse de la partie de piano à l’égal du violoncelle dans la version présentée. Des sept mouvements, Dohnányi en orchestra cinq avant d’en transcrire trois (2, 3 et 7) pour violon et piano (1924), reprenant le volet maintenant central, Andante rubato, dans un style alla zingaresca. Le plus connu et souvent indépendamment à l’affiche, c’est le seul qui eut l’heur d’une transcription pour violoncelle. Comme un reflet qui tremble sur la surface d’une eau profonde et noire, il porte ici toute l’intensité mélancolique de l’âme tzigane. Avec beaucoup d’adresse et d’audace et sans trop s’éloigner de la partition pour violon, Pascal reprend lui-même le premier volet dansant et le tourbillonnant troisième, souvent dans l’aigu de son instrument malgré la difficulté accrue. Tout à fait à l’aise, les deux interprètes, en harmonie ou en contrepoint l’un de l’autre se prêtent avec éloquence aux rythmes changeants, aux accélérations et aux évocations discrètes d’instruments populaires.


Dans l’Opus 8 de Kodály, Aurélien Pascal rejoint les sommets de la copieuse discographie encore disponible. Son grand talent et la prestation en symbiose, tonique, engagée et chaleureuse de Paloma Kouider rendent proche de l’indispensable cet album dont la prise de son soigne le relief avec bonheur.


Le site d’Aurélien Pascal
La page de Paloma Kouider


Christine Labroche

 

 

 

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