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09/08/2019
«Concerto grosso. Emigré to British Isles»
Francesco Scarlatti: Concerti grossi n° 1 en mi majeur, n° 2 en ut mineur, n° 3 en la mineur, n° 4 en mi mineur et n° 9 en ré majeur
Francesco Scarlatti/Alessandro Scarlatti: Concerto grosso n° 8 en fa majeur
Francesco Geminiani: Sonate pour violon en sol majeur, opus 1 n° 1 (arrangement Charles Avison)
Arcangelo Corelli: Sonate pour violon en ut majeur, opus 5 n° 3 (arrangement Francesco Geminiani)

Malgorzata Malke (violon), {oh!} Orkiestra Historyczna, Martyna Pastuszka (violon solo et direction)
Enregistré à l’Ecole générale secondaire de musique d’Etat Karol Szymanowski de Katowice (16-19 janvier 2017) – 63’56
Muso MU-030 (distribué par Outhere) – Notice (en français, anglais, allemand et polonais) de Martyna Pastuszka





Voilà un disque original! Si le tournant musical des XVIIe et XVIIIe siècles offre un véritable combat stylistique entre la France et l’Italie, force est de constater que les îles Britanniques se sont sagement tenues à l’écart de cette lutte fratricide. Bien entendu, le caractère insulaire de ce territoire ne suffit pas à justifier cette situation. Le fait est que, pour aller vite, la Grande-Bretagne de l’époque ne connaissait guère de compositeurs ayant, dans le domaine du concerto, le talent des Italiens et les amateurs du genre ont, de fait, tout bonnement importé des œuvres venant du continent, à commencer par celles des compositeurs les plus habiles de la péninsule. Et c’est cette importation que souhaite nous peindre ce disque réalisé sous la houlette de Martyna Pastuszka, première violoniste de l’ensemble polonais {oh!} Orkiestra Historyczna.


Les divers concerti grossi présentés ici, ainsi que deux sonates de Geminani et de Corelli (respectivement arrangées par Avison et, pour la seconde, Geminiani), attestent le goût du public anglais de l’époque pour une musique instrumentale, divertissante, aux motifs virevoltants. Le compositeur le plus représenté ici est Francesco Scarlatti (1666-1741): si le nom est célèbre, le prénom l’est moins. Oncle de Domenico, Francesco était semble-t-il «un violoniste et un compositeur très accompli, encore qu’il n’ait eu par la suite aucun succès» pour reprendre les mots assez durs de Ralph Kirkpatrick (Domenico Scarlatti, collection «Musiques et Musiciens», Jean-Claude Lattès, juillet 1982, page 15). Force est de constater que l’écoute des six concerti de Francesco choisis pour ce disque confirme cette appréciation pour le moins mitigée. Si le Deuxième offre de jolis motifs fugués entre les deux violons, le Huitième se distingue surtout par un bel élan orchestral (dans le Largo notamment) et par un clavecin des plus ornementés (très beau Larghetto). Mais on sent que Scarlatti fut terriblement influencé par Corelli, le maître incontesté du concerto grosso qui, à défaut de l’avoir «inventé», en a durablement stabilisé la forme. Son style, ses sonorités ressortent avec éclat dans l’Andante du Troisième Concerto (l’orchestre joue à fond sur cette solidité de la basse continue et la vivacité des cordes, notamment dans le troisième mouvement) ainsi que dans le Presto concluant le Neuvième, les solistes Malgorzata Malke et Martyna Pastuszka s’y révélant excellentes de bout en bout.


Les autres œuvres attestent une nouvelle fois «le retentissement» (le mot est de Marc Pincherle) de ce style dans toute l’Europe. Plus connu que Francesco Scarlatti, Francesco Geminiani (1687-1762) fut un authentique virtuose ayant laissé nombre de compositions derrière lui ainsi qu’un Traité sur l’art de jouer du violon (1751) qui a été une véritable Bible à l’époque. Sa sonate, transformée en concerto grosso par Charles Avison, est des plus agréables et témoigne des possibilités techniques qu’il attribuait au violon, couronnant cette œuvre par un premier Allegro plein de fantaisie. Quant au concerto de Corelli (en vérité, comme on l’a dit, une sonate transformée en concerto par ledit Geminiani), il illustre à merveille le raffinement et les sonorités immédiatement reconnaissables du grand Arcangelo.


L’ensemble des œuvres, parfaitement défendues par {oh!} Orkiestra Historyczna, s’écoute avec un réel plaisir mais l’attrait du disque résulte finalement davantage de son intérêt historique (soulignons la notice très instructive écrite par Martyna Pastuszka elle-même, dont on aurait néanmoins aimé qu’elle insistât davantage sur la réception de la musique italienne outre-Manche et pas seulement sur son attente) que de son contenu musical.


Le site de Martyna Pastuszka
Le site de l’ensemble {oh!} Orkiestra Historyczna


Sébastien Gauthier

 

 

 

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