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09/08/2019
Johann Sebastian Bach: Concertos pour violon, cordes et basse continue n° 1 en la mineur, BWV 1041, n° 2 en mi majeur, BWV 1042, en ré mineur, BWV 1052R, et en sol mineur, BWV 1056R – Cantate «Ich liebe den Höchsten von ganzem Gemüte», BWV 174: Sinfonia en sol majeur – Cantate «Ich hatte viel Bekümmernis», BWV 21: Sinfonia en ut mineur – Sonates en trio pour deux violons et basse continue en ré mineur BWV 527, et en ut majeur, BWV 529 – Concerto pour hautbois, violon, cordes et basse continue en ut mineur, BWV 1060R – Ouverture (Suite n° 2) pour violon et cordes en la mineur, BWV 1067 – Cantate «Himmelskönig, sei wilkommen», BWV 182: Sonate en sol majeur – Sinfonia en ré majeur, BWV 1045 – Concerto pour deux violons, cordes et basse continue en ré mineur, BWV 1043 (*)
Isabelle Faust (violon), Xenia Löffler (hautbois et flûte à bec), Jan Freiheit (violoncelle), Raphaël Alpermann (clavecin), Akademie für alte Musik Berlin, Bernhard Forck (*) (violon et direction)
Enregistré au Studio Teldex, Berlin (décembre 2017 et septembre 2018) – 143’
Album de deux disques Harmonia Mundi 902335-36 – Notice (en français, anglais et allemand) de Peter Wollny et Isabelle Faust





Johann Sebastian Bach: Concertos pour violon, cordes et basse continue n° 1 en la mineur, BWV 1041, n° 2 en mi majeur BWV 1042, en ré mineur, BWV 1052R, et en sol mineur, BWV 1056R – Concerto pour deux violons, cordes et basse continue en ré mineur, BWV 1043 (*) – Sinfonia en ré majeur, BWV 1045 – Concerto pour trois violons, cordes et basse continue en ré majeur, BWV 1064R (* #)
Isabelle Faust, Christoph Poppen (*), Muriel Cantoreggi (#) (violon), Bach-Collegium Stuttgart, Helmut Rilling (direction)
Enregistré à Leonberg (mai 1999) et Sindelfingen (janvier 2000) – 94’36
Album de deux disques Hänssler Classic 18054







Johann Sebastian Bach: Concertos pour piano n° 1 en ré mineur, BWV 1052 [1], n° 4 en la majeur, BWV 1055 [2], n° 5 en fa mineur, BWV 1056 [3], et n° 7 en sol mineur, BWV 1058 [4] – Concertos pour deux pianos n° 1 en ut mineur, BWV 1060 [5], n° 2 en ut majeur, BWV 1061 [6], et n° 3 en ut mineur, BWV 1062 [7] – Concertos pour trois pianos n° 1 en ré mineur, BWV 1063 [8], et en ut majeur, BWV 1064 [9] – Concerto pour quatre pianos en la mineur, BWV 1065 [10]
Evgeni Koroliov [1, 4 à 6, 8 à 10], Anna Vinnitskaya [2, 3, 6 à 10], Ljupka Hadzi Georgieva [5, 7 à 10] (piano), Kammerakademie Potsdam, Suyeon Kang (direction)
Enregistré en la Jesus-Christus-Kirche, Berlin (avril 2018) – 144’19
Album de deux disques Alpha 446 (distribué par Outhere) – Entretien (en allemand, français et anglais) avec les trois solistes mené par Henning Vogler





Johann Sebastian Bach: Concertos pour orgue et cordes en ré majeur d’après les Cantates BWV 169 et BWV 49, en ré mineur d’après les Cantates BWV 146 et BWV 188 et le Concerto BWV 1052, en ré mineur d’après les Cantates BWV 35 et 1055, et en sol mineur d’après les Concertos BWV 1041 et 1058 – Sinfonie en sol majeur d’après la Cantate BWV 156, en sol majeur d’après la Cantate BWV 75, et en ré majeur d’après les Cantates BWV 29 et BWV 120a
Les Muffatti, Bart Jacobs (orgue et reconstruction des œuvres)
Enregistré en l’église Eglise de Notre-Dame et Sainte-Léogare de Bornem (mai 2018) – 79’59
Ramée RAM 1804 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais, allemand et français) de Bart Jacobs





L’œuvre concertante de Johann Sebastian Bach offre un paradoxe: bien que relativement réduite, elle connaît une très grande célébrité puisqu’elle a été jouée par les plus grands violonistes et pianistes. Or, et c’est toujours une difficulté, quel est l’instrument requis pour tel ou tel concerto? A l’origine, le violon était le soliste souhaité pour les concertos BWV 1041, 1042 et 1043 (ce dernier destiné à deux violons). Or, on sait que Bach a transcrit ces trois concertos pour le clavecin, les trois sus-cités devenant les concertos BWV 1058, 1054 et 1062! Il faut par ailleurs savoir que si le Concerto pour violon en ré mineur (sans référence dans le catalogue des œuvres de Bach) prend le numéro BWV 1052, ce fut d’abord un concerto pour clavecin. Quant au Concerto BWV 1056 R en sol mineur, s’il a été transcrit pour clavecin sous le numéro 1056 (on passe de sol mineur à fa mineur), celui pour violon et hautbois en ut mineur (BWV 1060 R, un concerto qui n’est autre qu’une reconstruction soit dit en passant...) l’a été pour donner naissance au Concerto pour deux clavecins BWV 1060. A cet égard, si le propos d’Isabelle Faust s’avère assez complet, on comprend mal pourquoi Evgeny Koroliov n’a pas ajouté dans son disque le très beau Concerto BWV 1053, celui-ci étant la transcription d’un précédent concerto pour hautbois ou pour flûte (sans indication de numéro). Quant au disque réalisé par l’ensemble Les Muffati, il rassemble diverses œuvres concertantes pour orgue et accompagnement orchestral, prenant ici ou là des éléments à d’autres concertos ou œuvres vocales. Ainsi, puisqu’on en parlait, le premier concerto présenté (celui en majeur) s’inspire certes de deux cantates (dont, pour le premier, le premier mouvement de la Cantate BWV 169 «Gott soll allein mein Herze haben» et, pour le troisième, le premier de la Cantate BWV 49 «Ich geh und suche mit Verlangen») mais n’oublions pas que ces même mouvements sont les deux mouvements rapides du Concerto pour clavecin BWV 1053... Pas toujours facile donc de bien se repérer dans ce maelström! Eb fin de compte, voici en tout cas trois regards et demi (on va y revenir) portés sur l’œuvre concertante de Bach qui peuvent se résumer successivement en trois mots: excellent, décevant, intriguant.


Tout réussit à Isabelle Faust: c’en est même désarmant! Car, alternant musique de chambre et concertos, passant de Beethoven à Schoenberg avec la même aisance, la voici qui signe donc avec ces deux nouveaux disques une excellente introduction à la musique pour violon de Bach. Musique pour violon écrivons-nous volontairement et non pas seulement musique concertante car le programme, en incluant deux sonates en trio et même plusieurs sinfonie de cantates, se veut bien plus riche, explorant ainsi la diversité des timbres du violon dans les compositions du Cantor de Leipzig. Comme on a souvent pu le souligner, Isabelle Faust allie savamment finesse du trait et volonté résolue dans ses interprétations: ainsi, le premier mouvement du Concerto BWV 1052R est-il plus empoigné qu’autre chose, la violoniste allemande l’enlevant avec beaucoup de théâtralité, sachant donner le petit effet qui change tout, sachant également s’éclipser au bénéfice de l’orchestre lorsque cela s’avère nécessaire... L’Allegro qui le conclut est formidable: l’effleurement des cordes à partir de 5’45 lui confère ainsi un nouvel éclairage, le violon bénéficiant de sonorités on ne peut plus flatteuses, notamment dans un médium gourmand à souhait. Cette manière de jouer s’avère le plus souvent convaincant mais, parfois, on regrette que le jeu ne soit justement pas plus volontaire (l’Allegro assai du BWV 1042, concerto où le premier mouvement est superbe en revanche, notamment grâce à cette reprise tout en malice du thème initial à 5’). Dans le Concerto pour hautbois et violon, c’est le premier soliste qu’il convient d’admirer pleinement ici: Xenia Löffler est idéale, témoignant d’une technique à toute épreuve qu’elle enveloppe dans une musicalité qui la fait oublier à chaque instant. Si certaines pièces n’appellent guère de commentaires (le célébrissime Concerto pour deux violons notamment, très bien fait mais il y a tellement d’autres versions...), soulignons la riche idée d’avoir inclus des Sinfonie qui témoignent de l’usage constant que Bach a fait du violon en le maintenant au premier plan, y compris dans les premiers mouvements de cantates. A ce titre, mention particulière à celle de la Cantate BWV 174 (qui reprend le premier mouvement du Troisième Concerto brandebourgeois en y ajoutant deux cors et trois hautbois, enrichissant ainsi la sonorité de thèmes biens connus) et de la Sinfonia BWV 1045 qui, à la faveur de trois trompettes et de timbales notamment, résumé à elle seule la tonalité de ces deux disques: réjouissante!


Coïncidence des plus heureuses, Hänssler réédite deux disques de concertos de Bach que la violoniste allemande avait enregistrés voilà presque vingt ans! Si le premier disque était consacré aux trois concertos bien connus BWV 1041 à 1043, le second disque, intitulé «Reconstructed violin concertos», regroupait les Concertos BWV 1052R, 1056R et 1064R et la Sinfonia BWV 1045. Le style d’Isabelle Faust n’a finalement guère changé même si les traits, dans ses premiers enregistrements, sont sans doute plus raides de temps à autre, la direction pourtant au diapason de l’ambiance générale de Helmut Rilling ayant peut-être un rien corseté la soliste. Ces premières versions attestent surtout un sens plus prononcé sur les contrastes rythmiques (l’Adagio du Concerto BWV 1042 prend beaucoup plus son temps que dans l’enregistrement plus récent, moins long de près de 40 secondes), la pulsation intérieure de la soliste étant à l’évidence marquée par une approche plus spontanée (quelle volonté de fer dans le premier mouvement du BWV 1052R!) que dans ses enregistrements suivants, l’expérience leur faisant gagner en réflexion ce qu’ils perdent en fraîcheur. Lorsqu’Isabelle Faust fait appel à des complices pour les concertos pour deux ou trois violons, l’équilibre entre elle et Christoph Poppen (qui a, depuis, entamé et poursuit une belle carrière de chef d’orchestre) est excellent, le dialogue fonctionnant particulièrement dans le troisième mouvement du Concerto BWV 1043 grâce à de légers changements de nuances, l’accompagnement de Rilling ne cessant de pousser tout son monde avec un vrai bonheur pour l’auditeur. De fait, on se rend compte qu’il est bien difficile d’opter franchement pour la première époque ou la plus récente d’Isabelle Faust, les deux révélant des détails et des approches plus complémentaires qu’antinomiques.


On connaît bien Evgeni Koroliov, dont les mérites dans Bach ont été plusieurs fois soulignés dans ces colonnes (voir par exemple ici, ici ou ici): de fait, quelle déconvenue à l’écoute de ces deux disques dont la tonalité générale est, en fin de compte, la tiédeur. Les parties solistes, jouées tant par Koroliov lui-même que par son épouse Ljupka Hadzi Georgieva et l’une de ses anciennes élèves, Anna Vinnitskaya, sont interprétées avec soin mais de façon beaucoup trop scrupuleuse. Ainsi, par exemple, l’Adagio du Concerto BWV 1052 s’avère très détaché, presque apathique même si tout cela s’avère assez poétique (à partir de 2’20) de telle sorte qu’après plusieurs écoutes, le verdict est difficile à donner. De fait, points positifs et négatifs alternent au fil des concertos, au fil des mouvements: si le deuxième mouvement du Concerto BWV 1060 nous semble très affecté, l’Andante du Concerto BWV 1058 bénéficie d’un grand dépouillement qui, ici, fonctionne bien, certains concertos offrant de fait une appréciation globale mitigée à l’instar de ce Concerto BWV 1064 pour trois pianos où l’Adagio se révèle très ennuyeux alors que l’Allegro est très réussi. Au-delà d’un jeu pianistique variable, ce qui déçoit, c’est l’orchestre. Alors qu’on a entendu aussi bien au disque qu’au concert une Académie de chambre de Potsdam vive et colorée, l’orchestre nous semble ici souvent lointain et besogneux. On ne l’entend guère dans le dernier mouvement du Concerto BWV 1060 et, lorsque les micros daignent se pencher sur lui, c’est une mécanique extrêmement sage qui s’offre à nous, l’ensemble ne parvenant guère à relancer la machine (les premiers mouvements des Concertos BWV 1058, 1055 ou 1063), qui se montre parfois plan-plan. Concluons malheureusement cette analyse par un mot sur une prise de son qui ne se justifie pas toujours: comment, par exemple, se fait-il que les pianos soient si sonores dans l’Allegro introductif du Concerto BWV 1064 au point que les motifs mélodiques en deviennent parfois confus? Dommage que le bilan de ces deux disques soit ainsi si maigre.


Si les trois précédentes parutions sont, somme toute, assez classiques, le disque proposé par Les Muffatti et l’organiste Bart Jacobs tient véritablement de l’exercice de style! Reconstruisant des œuvres concertantes pour orgue, Jacobs nous livre ici un produit étonnant car, s’il n’existait pas auparavant, on a néanmoins l’impression d’entendre ici de véritables «classiques». Le plus enthousiasmant morceau de ce disque est peut-être la Sinfonia en sol majeur d’après la Cantate BWV 75, où les doigts agiles de Bart Jacobs nous font entendre mille couleurs, l’ensemble des Muffatti étant au diapason de cette atmosphère on ne peut plus festive! L’orgue Thomas de l’église de Notre-Dame et Sainte-Léogare de Bornem sonne divinement, ses résonances prenant un éclat singulier dans les mouvements lents des concertos ainsi reconstitués. Mais comment ne pas surtout tomber sous le charme de certains mouvements rapides (ceux concluant les deux premiers concertos) ou ce formidable Presto qui ferme le Concerto en ré mineur, puisant à la fois dans la Cantate BWV 35 et dans le Concerto BWV 1055? Car, contrairement au disque de Koroliov, l’orchestre est ici bel et bien présent et on assiste de fait à un véritable dialogue, à des échanges vifs ou presque langoureux (l’Andante du dernier concerto, inspiré des Concertos BWV 1041 et 1058): un exercice de style certes, mais totalement réussi!


Le site de Christoph Poppen
Le site de l’Académie de musique ancienne de Berlin
Le site d’Anna Vinnitskaya
Le site de l’Académie de chambre de Potsdam
Le site de Bart Jacobs
Le site de l’ensemble Les Muffatti


Sébastien Gauthier

 

 

 

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