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08/28/2019
Jean et Jean-Philippe Thiellay: Rossini
Actes Sud – 224 pages – 20,80 euros
En mars 2012, Actes Sud complétait sa collection de livres de poche consacrée aux compositeurs par une monographie sur Rossini, rédigée à quatre mains par Jean et Jean-Philippe Thiellay. La maison arlésienne sort, cette année, une nouvelle édition de cet ouvrage, ce qui est discrètement précisé à l’intérieur; l’acheteur pressé ou non informé peut donc penser qu’il s’agit d’une nouveauté. Outre, notamment, la mention de références discographiques et vidéographiques récentes, la mise à jour informe du décès de deux grands spécialistes du maître de Pesaro, le chef Alberto Zedda (1928-2017) et le musicologue Philip Gosset (1941-2017), survenu à quelques mois d’intervalle.
Les Thiellay ne signent pas la grande référence en français sur Rossini que nous espérons voir publiée un jour, mais ils font rigoureusement le tour de la question en moins de deux cents pages, à l’exclusion des annexes. Ils consacrent un seul chapitre, toutefois substantiel, à la biographie du compositeur, racontée de manière claire et vivante, avec un bon équilibre entre l’important et l’anecdote. Bien que la vie privée et professionnelle du musicien soit finement retracée, l’examen des différents opéras demeure un peu trop succinct, ce qui s’explique, sans doute, par le format imposé par l’éditeur. Mais le lecteur suit avec passion les déplacements en Italie et en France de cet infatigable travailleur au gré de sa carrière, et prend conscience de son immense popularité durant sa jeunesse, puis de son déclin; ensorcelé par Wagner et Verdi, le monde de la musique se détourne de son art.
Tout aussi digne d’intérêt, le reste de l’ouvrage aborde différentes thématiques plus transversales, en premier lieu la personnalité de Rossini: ses traits d’humour, son rapport prudent à la politique, les femmes, son goût pour la bonne chère, son entregent qui lui permettait de se lier avec des personnalités influentes. Soucieux de combattre les idées reçues, les auteurs dressent ainsi le portrait d’un homme plus complexe qu’il n’en a l’air et pourvu de qualités humaines et intellectuelles qui le rendent attachants et passionnants. Les Thiellay s’attardent aussi, en des termes précis, sur les particularités et l’évolution du chant rossinien, qui subit un déplorable déclin durant la majeure partie du vingtième siècle, comme la discographie en témoigne. Celle-ci, pendant longtemps lacunaire, s’est considérablement enrichie depuis les années 1970 et surtout 1980, suite à la redécouverte d’opéras sérieux et semi-sérieux oubliés. Les auteurs expliquent avec conviction, mais aussi sévérité, pourquoi chanter Rossini constitue un défi et insistent, à juste titre, sur les difficultés de diriger correctement ses opéras. Le mélomane ne se sentira toutefois pas obligé d’approuver l’un ou l’autre jugement, en particulier celui, peu enthousiaste, porté sur le Barbier de Séville d’Abbado (DG), selon nous tout à fait recommandable. Un petit livre, mais d’une valeur considérable, et d’une écriture fluide et précise.
Sébastien Foucart
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