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07/07/2019
Gaspare Spontini : Olimpie
Karina Gauvin (Olimpie), Kate Aldrich (Statira), Mathias Vidal (Cassandre), Josef Wagner (Antigone), Patrick Bolleire (L’Hiérophante, Un prêtre), Philippe Souvagie (Hermas), Vlaams Radio Koor, Hervé Niquet (préparation du chœur), Nathalie Steinberg (cheffe de chœur), Le Cercle de l’Harmonie, Jérémie Rhorer (direction)
Enregistré à la Philharmonie de Paris (31 mai, 1er et 2 juin 2016) – 134’32
Un livre et deux disques Palazzetto Bru Zane BZ 1035 – Textes bilingues (français et anglais) de Olivier Bara, Gérard Condé et Federico Agostinelli





Applaudissons d’emblée ce nouveau volume édité par le Palazzetto Bru Zane, qui nous permet, une fois encore, d’approfondir notre connaissance d’un répertoire bien oublié aujourd’hui. Il faut dire qu’il n’était guère facile pour Gaspare Luigi Spontini (1774-1851) de marquer les esprits après un premier opéra qui ne fut rien de moins que La Vestale (1807).


Comme l’explique parfaitement Olivier Bara dans son texte «Olimpie de Spontini, tragédie lyrique et grand opéra» (extrait d’un article paru dans l’ouvrage collectif Voltaire à l’opéra dirigé par François Jacob), analyse extrêmement intéressante tant elle sait mettre les choses en perspective et fourmille d’informations de premier ordre, Olimpie est en quelque sorte arrivée au mauvais moment. Création mal accueillie le 22 décembre 1819 (l’opéra ayant été taxé d’être «bruyant», les chanteurs ne s’étant visiblement pas montrés à la hauteur), relatant un régicide ce qui, lors de sa reprise en août 1821, s’avérait assez malencontreuse un an et demi après l’assassinat du duc de Berry, Olimpie est surtout un ouvrage qui date. Profondément réaménagé (le présent livre-disque nous propose la version de 1826 remaniée par E.T.A. Hoffmann), l’ouvrage quitte la tragédie voltairienne qui l’a inspiré pour adopter une fin heureuse (Cassandre, finalement, ne meurt pas et Statira, qui devait se suicider, ne meurt pas davantage, étant au contraire couronnée sous les hourras de la foule), perdant au passage une partie de sa cohérence et de sa force dramatique. Surtout, en 1826, Olimpie n’est plus au goût du jour du point de vue stylistique: l’ouvrage tourne trop le regard vers le XVIIIe siècle finissant et le début du XIXe siècle alors que les échos rossiniens, notamment, se font déjà entendre.


Pour autant, voilà un ouvrage intéressant même s’il n’est pas, orchestralement parlant en tout cas, des plus subtils. Car, dès l’Ouverture, le ton est donné: un début martial avec force timbales et trompettes, une deuxième phase plus douce où les bois sont mis en valeur avant un troisième temps très vif qui rappelle Cherubini, voire Beethoven. L’orchestre du Cercle de l’Harmonie est excellent, bénéficiant de sonorités flatteuses, notamment dans les passages héroïques où la partition s’avère des plus foisonnantes (le premier duo entre Cassandre et Antigone à l’acte I) et dans certains airs qui requièrent un vrai dramatisme (la scène «Cassandre!... O rage!» à la fin du troisième acte). On peut regretter que Jérémie Rhorer ait tendance à trop cravacher son orchestre, ne laissant pas toujours le temps à celui-ci de respirer (ni d’ailleurs à l’auditeur!), maintenant une allure et une tension de chaque instant qui, parfois, s’avèrent pénibles. Par ailleurs, comme on le laissait précédemment entendre, l’orchestre souffre en plus d’une occasion d’une partition sans grande imagination. Prenons un seul exemple: l’ensemble conclusif de l’acte I. Il faut de la colère? Qu’on utilise des trémolos de cordes. Il faut encore plus de colère? Requérons un orchestre véhément dans son ensemble. Quant au chœur, il tourne le regard ostensiblement vers certains chœurs mozartiens qui dénotent quelque peu ici, achevant un passage des plus convenus.


Si l’opéra s’appelle Olimpie, ce sont pourtant les personnages masculins qui s’avèrent à nos yeux les plus intéressants et qui bénéficient ici de la meilleure interprétation. A commencer par le toujours impeccable Mathias Vidal, qui incarne un Cassandre de haute tenue: l’air «O souvenir épouvantable» (acte I) est superbe! Lors des duos, il domine facilement son ou sa partenaire tant par son élocution (voilà bien un artiste pour lequel il n’est pas nécessaire de lire les paroles en français pour comprendre ce qu’il chante) que par son engagement: il impose ainsi sans coup férir sa présence dans «O doux accents, bonheur suprême» (un duo avec Olimpie au premier acte) et épaule à merveille Antigone dans le très beau duo qui ouvre ce même acte. Dans le rôle d’Antigone justement, Josef Wagner se frotte également à un personnage à sa mesure, qu’il sublime en plus d’une occasion, notamment dans un dramatique air («Cassandre!... O rage!») à la fin de l’acte III. Dans le rôle-titre, Karina Gauvin alterne beaux passages et prestations décevantes, desservie par exemple par un vibrato très prononcé et une prononciation de la langue française plus que perfectible («O vous que ma reconnaissance» à l’acte I): dommage, car la finesse de son interprétation est bien réelle. De même, sa voix est légèrement fausse et souvent poussée dans le duo qui suit (avec Cassandre de nouveau), son duo avec Statira étant en revanche des plus convaincants à l’acte II («Je crois entendre leurs accents»). Campant le personnage de Statira, Kate Aldrich s’en tire honorablement, alternant elle aussi franches réussites (le duo susvisé) et passages où la voix s’avère quelque peu criarde (l’air «O reine! Accomplissez le serment qui vous lie» à l’acte III). Dans les rôles secondaires, Patrick Bolleire et Philippe Souvagie sont irréprochables, de même que le Chœur de la Radio flamande préparé par un Hervé Niquet plus que connaisseur de ce répertoire, qu’il sait également si bien servir.


Le site du Cercle de l’Harmonie et de Jérémie Rhorer
Le site de Karina Gauvin
Le site de Kate Aldrich
Le site de Mathias Vidal
Le site de Josef Wagner
Le site de Patrick Bolleire
Le site du Palazzetto Bru Zane


Sébastien Gauthier

 

 

 

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