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06/23/2019
Gottfried von Einem: Der Prozess, opus 14
Michael Laurenz (Josef K), Jochen Schmeckenbecher (Der Aufseher, Der Geistliche, Der Fabrikant, Ein Passant), Matthäus Schmidlechner (Der Student, Der Direktor-Stellvertreter), Jörg Schneider (Titorelli), Lars Woldt (Der Untersuchungsrichter, Der Prügler), Johannes Kammler (Willem, Der Gerichtsdiener, Der Advokat), Tilmann Rönnebeck (Franz, Kanzleidirektor, Onkel Albert), Ilse Eerens (Fräulein Bürstner, Die Frau des Gerichtsdieners, Leni, Ein buckliges Mädchen), Anke Vondung (Frau Grubach), Alexander Hüttner (Ein Bursche), Alexander Hüttner, Martin Kiener, Daniel Gutmann (Drei Herren), ORF Radio-Symphonieorchester Wien, HK Gruber (direction)
Enregistré en public à Salzbourg (13-24 août 2018) – 103’30
Coffret de deux disques Capriccio C5358


Sélectionné par la rédaction





Gottfried von Einem (1918-1996), c’est le moins qu’on puisse dire, ne jouit pas en France d’une renommée équivalente à celle qu’il a acquise dans son pays natal: créé en 1953 à Salzbourg sous la direction de Karl Böhm avec Max Lorenz et Lisa Della Casa dans les rôles principaux, son opéra Le Procès a dû attendre près d’un demi-siècle sa première française, en janvier 2001 à Nantes. Tandis qu’en Autriche, le centenaire de sa naissance a notamment été marqué, dans des lieux on ne peut plus emblématiques, par la présentation de ses deux opéras les plus célèbres (postérieurs, L’Homme déchiré, Cabale et amour, La Visite de la vieille dame, Le Mariage de Jésus, Tulifant et Le Sourire de Lucifer sont beaucoup plus rares): une nouvelle production de La Mort de Danton au Staatsoper et une version de concert du Procès à Salzbourg.


Bien que recourant çà et là à la technique dodécaphonique, Einem ne s’inscrit pas dans la lignée de Berg mais sa musique hybride convient admirablement à l’univers de Kafka: d’omniprésents ostinati stravinskiens, des échos de jazz, une tonalité dont la clarté éblouissante et les capiteux alanguissements révèlent une ironie mordante, tout contribue à créer un cadre approprié aux situations grinçantes et angoissantes auxquelles l’accusé Josef K. est confronté. La ligne vocale a certes tendance à privilégier la déclamation, mais c’est pour la plus grande satisfaction des germanistes, qui ne perdent pas une miette du livret (adapté du roman par le compositeur Boris Blacher, l’un des maîtres d’Einem, et l’écrivain Heinz von Cramer).


Au disque, l’œuvre n’était jusqu’alors représentée que par l’enregistrement de la création, édité voici près de vingt ans (Orfeo). Bénéficiant d’une qualité sonore évidemment supérieure, les artistes réunis cinquante-cinq ans plus tard dans les mêmes lieux ne souffrent pas de la comparaison avec leurs très illustres aînés. A la direction, le compositeur HK Gruber, qui fut l’élève d’Einem, est tranchant, ironique et glaçant à souhait, animant la partition et la distribution comme s’il ne s’agissait pas d’une simple version de concert. Michael Laurenz, qui incarnait l’an dernier aussi Hérault de Séchelles dans la production viennoise de La Mort de Danton, est un Josef K. de premier ordre, totalement investi dans son rôle, et Ilse Eerens, comme c’est l’usage dans cet opéra, chante les trois principaux emplois féminins avec ce qu’il faut de perversité et de second degré. Les autres chanteurs, comptant pas moins de neuf hommes (et, parmi eux, essentiellement des voix graves) mais seulement une femme, tous germanophones, campent efficacement les nombreux personnages secondaires.


On l’aura compris: c’est donc, enfin, la version moderne du Procès qu’on n’espérait plus.


Simon Corley

 

 

 

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