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06/23/2019
Giuseppe Verdi : Messa da Requiem
Krassimira Stoyanova (soprano), Marina Prudenskaja (mezzo-soprano), Charles Castronovo (ténor), Georg Zeppenfeld (basse), Sächsischer Staatsopernchor Dresden, Alan Woodbridge (chef de chœur), Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction)
Enregistré en public au Semperoper de Dresde (13 février 2014) – 81’20
Album de deux disques Profil Edition Günter Hänssler («Edition Staatskapelle Dresden», vol. 46) PH 16075 – Notice (en allemand et en anglais) de Torsten Blaich





On le sait: dans les dernières semaines de la Seconde Guerre mondiale, plus particulièrement du 13 au 15 février 1945, la ville de Dresde a subi un terrible bombardement de la part de l’aviation anglaise, causant la destruction quasi totale de la ville et environ 35 000 morts. Célébrant chaque année ce triste anniversaire, l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde donne toujours à cette occasion un concert de musique sacrée (après le Requiem de Fauré sous la baguette de Myung-Whun Chung en 2018, ce fut, en février dernier, le Stabat Mater de Dvorák sous la direction de Christoph Eschenbach): en 2014, c’était le Requiem (1874) de Giuseppe Verdi (1813-1901) qui était à l’affiche.


Si l’on peut s’étonner d’une publication aussi tardive, cinq ans après ledit concert, avouons que cela valait la peine d’attendre car voici une version extrêmement convaincante de cette pièce où, pourtant, les références se bousculent. L’orchestre est merveilleux: on n’en attendait pas moins de la plus ancienne phalange d’Allemagne! Des cordes idéales dès le «Requiem aeternam» introductif (qualité que l’on retrouve en particulier chez les violoncelles dans l’«Ingemisco», où intervient également un hautbois à se damner), une clarinette solo quasi wagnérienne à la fin de l’«Hostias», un superbe basson dans l’accompagnement de la mezzo dans le «Lacrymosa»... Parfaitement enregistré (la spatialisation des trompettes est notamment très précisément rendue dans le «Tuba mirum»), l’orchestre bénéficie à l’évidence de la poigne experte de Christian Thielemann qui, comme on a déjà pu le remarquer lorsqu’il dirige un chef-d’œuvre du répertoire sacré, sait mettre en évidence toute la finesse de ces partitions où la grandeur seule ne suffit pas. On écoutera ainsi la tension incroyable conférée au passage joué par les clarinettes et bassons dans le «Dies irae» (à partir de 1’24), le contraste entre l’«Hostias» et le «Sanctus» qui le suit juste après, ou la façon assez allante de prendre le «Quid sum miser»: un vrai travail d’interprète à n’en pas douter, qui privilégie une constante noirceur sur tout sentimentalisme, voire sur toute somptuosité, l’approche se voulant avant tout intime!


Le Chœur de l’Opéra d’Etat de Saxe est également à son meilleur, maîtrisant son discours de façon véritablement souveraine. Quant au quatuor de solistes, il s’avère également des plus solides. La soprano bulgare Krassimira Stoyanova fait preuve de tout le professionnalisme nécessaire que requiert sa redoutable partition (le «Libera me», sans être particulièrement touchant, est très bon) mais sa performance passe en second par rapport à la magnifique mezzo Marina Prudenskaja, qui nous livre là un «Liber scriptus» idéal. On pourra reprocher, mais c’est peut-être plus affaire de goût que véritable critique à son endroit, une voix un peu trop opératique pour Charles Castronovo dans l’«Ingemisco»; ce n’est que peccadille à l’encontre d’un chanteur dont la projection est d’une belle noblesse et dont les interventions sont excellentes d’un bout à l’autre de l’œuvre (quel timbre solaire dans l’«Hostias»!). On attendait beaucoup de Georg Zeppenfeld: c’est sans doute lui qui nous aura le moins convaincu, encore qu’à ce niveau, on fait vraiment la fine bouche. Mais dommage tout de même qu’il ait tendance à hacher ainsi son discours au début du «Confutatis». Dommage également qu’il ait un peu précipité son intervention dans l’«Hostias», obligeant l’ensemble à légèrement accélérer un jeu qui nous avait pourtant semblé parfait du point de vue de l’allure adoptée.


Pour autant, malgré ces menues critiques, voilà une superbe version du Requiem de Verdi, qui frappe peut-être plus par sa retenue et sa sobriété que par sa ferveur; pas de quoi remettre en cause néanmoins les sommets de la discographie existante.


Le site de Krassimira Stoyanova
Le site de Marina Prudenskaja
Le site de Charles Castronovo
Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde
Le site du Chœur de l’Opéra d’État de Saxe


Sébastien Gauthier

 

 

 

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