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06/01/2019 «Finland»
Jean Sibelius : Rakastava, opus 14 [1] – Finlandia, opus 26
Kaija Saariaho : Nuits, Adieux [2]
Riikka Talvitie : Kuun Kirje [3]
Einojuhani Rautavaara : Canticum Mariae Virginis [4] – Canción de nuestro tiempo [5] – Orpheus singt [6]
Jukka Linkola : Mieliteko [7] Wakako Nakaso [2, 4], Inga Schäfer [1], Eva-Maria Schappé [4, 5], Barbara von den Boom [7] (sopranos), Judith Hilger [7], Wiebke Wighardt [2] (altos), Frank Bossert [7], Johannes Kalesche [7], Rüdiger Linn [2], Julius Pfeifer [7], Alexander Yudenkov [5] (ténors), Bernhard Hartmann [2] (baryton), Torsten Müller [7], Philip Niederberger [5, 7], Mikhail Nikiforov [2], Mikhail Shashkov [5] (basses), SWR Vokalensemble Stuttgart, Marcus Creed (direction)
Enregistré au Funkstudio de la SWR, Stuttgart (22-24 avril et 29-30 septembre 2016) – 71’46
SWR Music 19031 – Notice en allemand et anglais, textes en langue originale (finnois, français, espagnol) et allemand
Must de ConcertoNet
Marcus Creed poursuit inlassablement son exploration des répertoires récents pour chœur de différents pays avec le magnifique ensemble professionnel qu’il dirige depuis 2003, l’Ensemble vocal de la SWR. Après avoir donné récemment quelques enregistrements dédiés aux musiques russe et britannique, voici que ces interprètes abordent maintenant la musique chorale de Finlande, notamment contemporaine.
Ce disque débute et se termine par une pièce du père fondateur de la musique finlandaise, Jean Sibelius, à savoir le Rakastava et le très célèbre Finlandia, véritable second hymne national, dans un arrangement pour chœur mixte a cappella. La réalisation est d’une perfection absolue, notamment en termes de polyphonie, chaque voix étant audible à chaque seconde, mais c’est surtout le reste de cet enregistrement passionnant qui fascine le plus.
Kaija Saariaho est probablement la compositrice finlandaise la plus en vue du moment. Touchant à tous les genres, cette dernière a composé lors de son passage à l’IRCAM aux débuts des années 1990 une pièce intitulée Nuits, Adieux pour quatre solistes et électronique sur des textes de Jacques Roubaud et des extraits de Séraphîta, une nouvelle de Balzac. C’est la version révisée pour quatre solistes et chœur à huit voix qui figure dans cet enregistrement. Utilisant ici toutes les possibilités de la voix (chuchotements, sifflements, gémissements, soupirs...) et divisée en neuf parties très brèves, cette étonnante pièce n’est pas sans charme. La réalisation est, une fois encore, magistrale.
La pièce à huit voix Kuun Kirje de Riikka Talvitie (né en 1970), lui aussi passé par l’IRCAM, a été composée en 2003 sur un poème d’Eeva-Liisa Manner. Elle montre, sans doute mieux que toutes les autres, les infinies possibilités, notamment en termes de texture, de nuances, de polyphonie et de phrasé de cet ensemble vocal d’un incroyable niveau.
Mieliteko de Jukka Linkola (né en 1955) est une merveille d’inventivité et la réalisation est ici aussi exemplaire. Utilisant des chants traditionnels, sans renier des emprunts au jazz de Dave Brubeck, cette composition variée, rythmique, raffinée, plus apaisée dans sa troisième partie, est véritablement jubilatoire.
On avouera préférer les deux pièces les plus anciennes d’Einojuhani Rautavaara, ce Canticum Mariae Virginis (1978), véritablement suspendu, et la Canción de nuestro tiempo (1993), utilisant des textes de Federico García Lorca, notamment la deuxième pièce («Meditación primera y última»), d’une gravité fascinante. En revanche, Orpheus singt (2016), une commande de la SWR sur des textes de Rainer Maria Rilke, convainc moins.
Un superbe enregistrement qui complète les précédents réalisés par ces mêmes interprètes, décidément au sommet des ensembles vocaux du moment. A découvrir absolument comme les précédents volumes!
Gilles Lesur
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