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06/01/2019
Francis Poulenc : Salve Regina, FP 109 – Quatre Motets pour un temps de pénitence, FP 97 – Litanies à la Vierge noire, FP 82 – Quatre Motets pour le temps de Noël, FP 152 – Un soir de neige, FP 126 – Ave verum corpus, FP 154 – Messe en sol majeur, FP 89
Robert Quinney (orgue), The Sixteen, Harry Christophers
Enregistré en l’église St Alban The Martyr, Londres (7-10 novembre 2016) – 64’39
Coro COR16149 – Notice en anglais, textes en anglais, français et latin
 Sélectionné par la rédaction
La musique a cappella de Francis Poulenc fait partie des pièces chorales majeures du XXe siècle. Elles sont d’ailleurs régulièrement données et souvent enregistrées par tous types d’ensembles vocaux français ou étrangers. On trouve dans ce nouvel enregistrement des Sixteen, un ensemble professionnel britannique fondé il y a trente ans, certaines des œuvres les plus célèbres de Poulenc. Il s’agit d’un second essai, car ces mêmes artistes avaient déjà gravé en 1993 pour Virgin la plupart de ces pièces.
On retrouve dans cet enregistrement les qualités connues de cet ensemble – précision de l’intonation, justesse des accords, homogénéité, phrasés délicats en même temps que certains partis pris cohérents dans cette musique : petit effectif (seize chanteurs), voix droites sans vibrato. Mais d’autres options sont aussi plus discutables: échelle des nuances resserrée, prédominance des voix de soprani, parties des alti confiées à des hommes et surtout une certaine objectivité de l’interprétation. Si la réalisation musicale impressionne le plus souvent, quelques approximations de prononciation du latin (par exemple dans le Salve Regina, où misericordes est prononcé avec un double «s») et certains accords non contrôlés (le final de «Vinea mea electa» déséquilibré par une voix de ténor) étonnent. Surtout, à aucun moment on n’est touché par cette lecture magnifique mais d’une froideur et neutralité, certainement assumées, mais un peu frustrantes à la longue. Les Litanies à la Vierge noire, une des pièces les plus émouvantes de Poulenc, n’échappe pas à ce reproche de froideur malgré une impeccable réalisation. Les délicats Quatre Motets pour un temps de Noël irradient insuffisamment de leur joie intrinsèque, sauf la dernière pièce. Le constat est le même dans Un soir de neige, composé en 1944 sur des poèmes d’Eluard pour six voix mixtes et pour l’Ave verum corpus, une œuvre plus rare dédiée aux seules voix de femmes. La Messe en sol est sans doute la pièce la plus réussie de cet enregistrement avec un Kyrie entraînant, un Gloria bien syncopé, un Sanctus enfin lumineux, un Benedictus suspendu et un Agnus Dei servi par une soprano dépouillée et juste, qui termine dans un magnifique climat cette œuvre toujours aussi étonnante.
Un bel enregistrement, surtout pour la Messe en sol, mais sans doute à réserver aux amateurs d’un Poulenc froid et austère. Les autres se tourneront vers Eric Ericson et le Chœur de chambre néerlandais, toujours insurpassé aujourd’hui dans ce répertoire délicat entre tous.
Gilles Lesur
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