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05/23/2019 Serguei Rachmaninov: Réflexions et souvenirs Buchet - Chastel – 189 pages – 14 euros
Que le lecteur soit averti. Il ne s’agit pas d’une autobiographie, mais le titre de ce petit livre écrit en grands caractères ne ment pas : ce sont bien des réflexions et des souvenirs de Rachmaninov que Buchet - Chastel publie pour la première fois en français, dans une traduction de Carinne Masutti. Le recueil regroupe des articles parus entre 1910 et 1943, en russe ou en anglais, dans diverses publications, telles que The Delineator, The Etude ou The Musical Observer. Il débute par des souvenirs que la cousine et belle-sœur de Rachmaninov a pris sous la dictée, édités tardivement, en 1968, à l’occasion des vingt-cinq ans de la disparition du musicien.
Les propos se rapprochent de ceux des entretiens et autres contributions que publient aujourd’hui les mensuels spécialisés ou les quelques quotidiens qui se préoccupent encore de musique classique. Ce qui nous frustre un peu, c’est que Rachmaninov raconte peu d’anecdotes et qu’il relate trop superficiellement les jalons importants de sa carrière. Nous aurions aimé, par exemple, ressentir plus intensément son départ de son pays natal. Mais le compositeur revient sur sa jeunesse, en particulier sur la création de son opéra Aleko que Tchaïkovski a soutenu avec chaleur et humanité. Rachmaninov salue souvent la mémoire de son compatriote, de même qu’il exprime à plusieurs reprises sa grande admiration pour Anton Rubinstein. Il revient aussi sur le succès de son Prélude en do dièse mineur, une pièce qui ne lui a pas rapporté beaucoup d’argent mais qui a contribué à sa notoriété.
Rachmaninov insiste aussi sur la prépondérance de l’âme en musique et montre fort peu de goût pour la musique de ses contemporains qui se détournent trop, selon lui, de la mélodie. Il insiste également sur l’importance de la technique pour un pianiste et de la connaissance des anciens pour un compositeur. Il explique ainsi le déroulement des études de pianiste en Russie, très exigeantes quant à la maîtrise technique, jugée indispensable pour transcender la partition. Il se souvient aussi de son expérience de la musique enregistrée, balbutiante à cette époque. Ce livre se feuillette avec intérêt, malgré la nature quelque peu redondante de ces réflexions et de ces souvenirs.
Sébastien Foucart
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