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05/08/2019
André Tubeuf : Rudi. La Leçon Serkin
Actes Sud – 224 pages – 18 euros
 Sélectionné par la rédaction
Le livre que consacre enfin André Tubeuf au pianiste américain Rudolf Serkin a l’exact format d’une tablette de chocolat. Et comme tel, avec sa présentation en courts chapitres, il se dévore avec gourmandise!
Il est le prolongement de son récit sur le violoniste Adolf Busch (Le Premier des justes) chez le même éditeur en 2015. Serkin en était le gendre, sa carrière, son exil et son implantation aux USA sont calqués sur le destin des membres du célèbre quatuor. Né dans une famille pauvre à Eger en Bohème, Rudolf Serkin (1903-1991) fut éduqué musicalement à Vienne, intégré à Bâle à la famille Busch qui était ce que l’Europe centrale comptait de mieux pour la musique de chambre, exilé en Amérique où il fonda à Marlboro dans le Vermont une université de musique et fut professeur au Curtis Institute de Philadelphie avant de le diriger.
Ce qui fait la valeur de cet essai, outre une analyse très fine de ce qui caractérisait l’art de Rudolf Serkin, est que l’ayant bien connu et pendant de longues années, André Tubeuf ajoute une touche très personnelle au portrait de l’homme, de l’artiste et de sa famille. Sans être allé à Marlboro, l’université du Vermont où Serkin enseignait chaque été à des solistes du monde entier «à devenir second violon», l’auteur dépeint l’originalité du projet de Serkin et des Busch et son retentissement sur la vie musicale mondiale.
Au travers de Bach, Beethoven et Schubert principalement, mais aussi de nombreuses œuvres chambristes, est analysé l’art pianistique très particulier de Serkin, ce que l’auteur appelle «la leçon Serkin», une grande fidélité aux textes et aux intentions des compositeurs, sans jamais aucune recherche d’effet de mode, et toujours la volonté de faire chanter le texte.
Pas de discographie scientifiquement organisée en fin de volume, elle est largement évoquée dans le corps du texte, mais André Tubeuf donne quelques pistes, recherches sur YouTube principalement, pour essayer de connaître un peu plus que ce que les éditeurs de Rudolf Serkin ont bien voulu lui laisser enregistrer.
Belle leçon assurément mais avant tout, à l’âge des musiciens stars, une leçon d’humilité d’un homme qui a su faire une carrière exemplaire malgré les impératifs de l’histoire et les nécessités de la vie.
Olivier Brunel
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