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05/08/2019 Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonies n° 40 en sol mineur, K. 550 [1], et n° 41 «Jupiter» en ut majeur, K. 551 [2] Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Herbert Blomstedt (direction)
Enregistré en concert à la Herkulessaal, Munich (31 janvier et 1er février 2013 [1], 21-22 décembre 2017 [2]) – 72’39
BR Klassik 900164 – Notice (en allemand et en anglais) de Jörg Handstein
Sélectionné par la rédaction
Un vibrionnant jeune homme était le titre que nous avions donné à la critique d’un concert donné début 2017 par Herbert Blomstedt à la tête du Philharmonique de Berlin. «Vibrionnant», «fringant»: peu importe le mot car, à l’écoute de ce couplage on ne peut plus classique, c’est bien un souffle de jeunesse qui traverse ces deux chefs-d’œuvre de Mozart que l’on a pourtant entendus, réentendus, peut-être même trop entendus...
Si la Quarantième a été captée au cours de concerts donnés à Munich les 31 janvier et 1er février 2013 et la Jupiter lors de concerts dans la même salle les 21 et 22 décembre 2017, n’oublions pas que Herbert Blomstedt était alors, dans un cas comme dans l’autre, aux alentours de quatre-vingt-dix ans (il est né en 1927). Or, l’interprétation que l’on entend ici ne porte aucune trace de fatigue ou de lenteur. Bien au contraire, l’élan qui innerve chacune de ces symphonies est bel et bien la principale caractéristique de cette nouvelle gravure puisque, même s’il ne passe guère pour être un mozartien, Blomstedt avait déjà enregistré ces deux symphonies avec la Staatskapelle de Dresde en août 1981 (Denon). Si les minutages sont sensiblement plus longs ici (en particulier l’Andante de la Quarantième, joué il est vrai avec toutes les reprises, dans une atmosphère de douce quiétude où la finesse des cordes le dispute aux accents presque surnaturels des bois), on ne ressent à aucun moment une quelconque pesanteur. Tout est joué avec un naturel désarmant où le chef sait donner un bel élan général tout en apportant un léger éclairage sur telle ou telle intervention (les bassons à 5’05 dans le premier mouvement de la Quarantième). L’interprétation de la Quarantième mériterait sans nul doute ici le surnom donné à la Septième de Beethoven tant on sent qu’elle incarne une véritable «apothéose de la danse» (le premier mouvement à partir de 5’40, le troisième mouvement dans son entier).
La Jupiter est du même niveau avec une interprétation où l’on sent que, cette fois-ci, Blomstedt a su tirer tout le parti du renouveau baroque tout en restant dans les canons classiques. Les cordes usent de leur vibrato avec parcimonie, les bois adoptent des timbres plus verts qu’à l’accoutumée (les clarinettes perdant d’ailleurs dans la Quarantième précitée un rien de leur velouté naturel), les cors s’avèrent moins démonstratifs que d’habitude, les timbales sont à l’évidence des timbales en peau où les coups résonnent avec une sécheresse qui n’est nullement gênante. Le discours gagne ainsi en fluidité (l’Allegro vivace), servi par un Orchestre symphonique de la Radio bavaroise dont on sait depuis longtemps qu’il est l’une des meilleures phalanges du monde. Blomstedt nous transporte véritablement dans un Andante plus cantabile que jamais, le second concert s’achevant dans une sorte de réjouissance collective où l’on aurait bien aimé entendre les applaudissements qui, sans aucun doute, ne manquèrent pas de saluer un résultat enthousiasmant.
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
Sébastien Gauthier
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