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05/05/2019
«Escale en pays magyar»
Ernő Dohnányi : Ruralia hungarica, opus 32a
Miklós Rózsa : Bagatelles, opus 12 – Sonate pour piano, opus 20

Emmanuelle Moriat (piano)
Enregistré au studio de Meudon (octobre 2016) – 61’28
K Dream Music 2017KDM1 – Notice analytique très intéressante (en anglais et français) de Christopher Brent Murray





Que voilà un beau disque, tant sur le plan de l’interprétation que sur celui du programme proposé! Pour un premier enregistrement, c’est une réussite.


Pianiste discrète et cultivée, Emmanuelle Moriat nous emmène aux sources de cette musique traditionnelle à laquelle les compositeurs hongrois du XXe siècle, à commencer par Bartók et Kodály, véritables pionniers de l’ethnomusicologie, vont puiser leur matériau. D’une richesse mélodique et rythmique inouïe, ce terreau musical, fait de simples chansons paysannes, se transcende en compositions savantes, voire avant-gardistes.


Ernő Dohnányi (1877-1960), en dépit d’un grand catalogue pour piano, musique de chambre, concertos, œuvres symphoniques de toute beauté, reste pour beaucoup un compositeur à découvrir. Grand pianiste, grand professeur qui forma rien moins que György Cziffra, Géza Anda, Annie Fischer, Georg Solti..., directeur de l’Académie Franz Liszt, directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Budapest, il est une figure incontournable de la musique hongroise de la première moitié du XXe siècle.


Immédiatement, on est séduit par le son profond, rond et le discours d’Emmanuelle Moriat. On entre dans sa confidence. Authenticité touchante des Ruralia hungarica I, III et VI (très inspirée), capricieuse V, frénétiques et joyeuses II, IV et VII (qui restent très maîtrisées et dans lesquelles la pianiste aurait pu, peut-être, nous donner davantage de vertige), ces miniatures sont traduites avec une grande justesse de style, à la source même des chants qui les ont inspirées.


Si Miklós Rózsa (1907-1995) est évidemment connu comme compositeur de musiques de films, notamment Ben-Hur (1959), ses pages pianistiques sont bien ignorées et l’on peut remercier Emmanuelle Moriat de les servir avec un si grand talent.


Les Bagatelles, évoquant certaines pièces des Pour les enfants ou du Mikrokosmos de Bartók puisent également leur inspiration dans la musique des paysans hongrois que le compositeur entendait dans sa jeunesse. Emmanuelle Moriat en traduit toute la fraîcheur, la simplicité et le caractère («Novelette», «Valse lente», «Canzone») cependant toujours attentive à l’impulsion rythmique sans faille et aux accentuations sciemment abruptes, propres à la musique populaire («Kleiner Marsch», «Ungarisch», «Capriccietto»).


Toute autre apparaît la Sonate. Résolument moderne, composée à l’intention du pianiste américain John Crown qui laissa quelques disques 78 tours pour la Co-Art Record Company, cette pièce, rigoureusement construite et de forme classique s’inspire ouvertement de Bartók. Ostinatos, écriture contrapuntique, rythmes brisés, modalité, style percussif abondent dans cette page au grand souffle que le compositeur revendique comme antidote à ses compositions «conventionnelles pour des films conventionnels». L’interprétation d’Emmanuelle Moriat fait mouche et suscite l’admiration par sa grande connivence avec le texte. Elle prend une place tout à fait brillante face à l’enregistrement du légendaire Leonard Pennario.


Le site d’Emmanuelle Moriat


Christian Lorandin

 

 

 

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