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05/04/2019 Christophe Capacci : Lisa Della Casa. Evocation Avant-Scène Opéra, Premières Loges – 192 pages – 32 euros
Avec cet ouvrage paraît, à l’occasion du centenaire de sa naissance, la première monographie en langue française sur le soprano suisse Lisa Della Casa (1919-2012) à qui son auteur Christophe Capacci avait précédemment consacré deux articles dans la revue L’Avant Scène Opéra (ASO), éditeur de ce livre (*).
On soulignera d’emblée l’exceptionnelle qualité de l’iconographie avec de nombreuses photos de rôles en noir et blanc, clichés souvent viennois dont on connaît la qualité légendaire. L’auteur l’a réunie avec le soin de collectionneur que mettent les admirateurs d’artistes lyriques pour le sujet de leur quête inconditionnelle. Une admiration qui remontait à sa découverte de l’art lyrique nourrie pendant des années par des échanges épistolaires puis par une invitation inespérée à rencontrer la chanteuse, retranchée dans le silence et une vie familiale très exclusive depuis de nombreuses années dans une belle demeure, le château de Gottlieben, situé sur le lac de Constance. Plusieurs séjours ont permis à Christophe Capacci de briser le silence que la chanteuse a gardé quasiment jusqu’à la fin de son existence car elle a très tardivement autorisé une équipe à la filmer et lui poser quelques questions sur sa carrière au soir de sa vie (documentaire Liebe einer Diva de Thomas Voigt et Wolfgang Wunderlich).
Au sortir de cette lecture, on reste un peu frustré car, si n’est omis aucun détail de la magnifique carrière internationale (les opéras de Zurich, Vienne, Munich, Salzbourg et New York en étant les piliers) avec une analyse très précise de son itinéraire musical et de tous ses rôles, mozartiens et straussiens principalement, Arabella étant celui qui l’a rendue célébrissime, on n’apprend pas autant qu’on l’aurait souhaité sur la femme qu’était Lisa Della Casa. Quelques traits de son caractère ressortent à l’évocation des étapes pas toujours très logiques de ses trente ans de carrière, mais l’«évocation», titre de cet ouvrage, n’en fait pas un véritable portrait. La chronologie des rôles et surtout la discographie très complète agrémentée de quelques conseils de l’auteur pour la compléter par les moyens qu’offrent aujourd’hui Internet et autres circuits parallèles permettront au lecteur de se retrouver dans le lacis de son itinéraire de chanteuse et des théâtres et festivals où s’est déroulée cette singulière carrière, dédale qui permet d’en apprendre beaucoup, grâce aux références toujours très documentées de Christophe Capacci, sur la grande époque de l’âge d’or du chant allemand et autrichien de l’après-guerre.
(*) «Arabellissima Lisa» (ASO n° 170) et «La Comtesse en mode majeur» (ASO n° 135/136)
Olivier Brunel
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