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04/22/2019
Arcangelo Corelli : Santa Beatrice d’Este: Sinfonia en ré mineur, WoO 1 – Concerti grossi en ré majeur, opus 6 n° 1, en fa majeur, opus 6 n° 2, en ut mineur, opus 6 n° 3, en ré majeur, opus 6 n° 4, en si bémol majeur, opus 6 n° 5, et en ré majeur, opus 6 n° 7
Petra Müllejans (violon), Guido Larisch (violoncelle), Freiburger Barockorchester, Gottfried von der Goltz (violon solo et direction)
Enregistré à l’Ensemblehaus de Fribourg (21, 24 et 25 novembre 2017) – 70’21
Aparte AP 190 – Notice (en allemand, français et anglais) de Gregor Herzfeld
 Must de ConcertoNet
On ne nous en voudra pas de dire que l’on n’attendait guère l’Orchestre baroque de Fribourg dans un disque entièrement consacré à Arcangelo Corelli (1653-1713). Le fait est qu’on est plus habitué à l’entendre dans le répertoire germanique, encore que certains concerts (notamment un consacré à Salieri, il y a plusieurs années) nous aient enchanté. Et le fait est que cette phalange que l’on admire depuis si longtemps signe là un disque absolument formidable qui s’impose sans aucun doute dans la discographie consacrée à Corelli.
Car ce disque nous apporte un nouvel éclairage sur la manière dont ces concertos étaient interprétés à l’époque. Si, aujourd’hui, leur exécution ne requiert bien souvent qu’un orchestre à cordes, des témoignages (dommage que l’excellente notice de Gregor Herzfeld ne nous en dise pas davantage!) attestent que l’instrumentarium devait être beaucoup plus conséquent: c’est la raison pour laquelle Gottfried von der Goltz a reconstitué les parties dévolues aux vents (bois et cuivres) pouvant se superposer au jeu des cordes, la basse continue étant elle-même ici considérablement renforcée. Le résultat est enthousiasmant!
Si un seul aspect devait être souligné dans ce disque, c’est le sens et l’attention portée aux couleurs. A ce titre, le troisième mouvement (Allegro - Largo - Allegro) du Concerto opus 6 n° 1 est un modèle du genre. De même, le premier Allegro du Concerto opus 6 n° 2, qui bénéficie de constantes relances de la part des basses, est superbe. Ce résultat vient non seulement des couleurs en tant que telles qu’apportent les membres de l’orchestre (ces trompettes presque «händeliennes» au début du Concerto opus 6 n° 7 ou cette association entre hautbois et basson dans l’Allegro - Adagio du Concerto opus 6 n° 3 qui nous transporte tout à coup chez Telemann!) mais également de la parfaite alliance entre les timbres et le rythme, propres chacun et ensemble à dégager de nouvelles pistes musicales et à créer ainsi la surprise. L’Allegro concluant le Concerto opus 6 n° 2 nous fait par exemple entendre des violons solos du plus haut niveau mais comment également ne pas être séduit par les deux luths que l’on entend au fond? De même, l’Allegro concluant le Concerto opus 6 n° 4 est incroyable, entre les appogiatures des cordes et le son des luths là encore (écoutez tout particulièrement à partir de 2’25). Gottfried von der Goltz et les siens ont également un sens inné de l’équilibre entre les pupitres, parfaitement enregistrés (mention spéciale à Nicolas Bartholomée, le preneur de son et directeur artistique du présent disque) qui permet ainsi de mettre l’accent sur des timbres typiques chez Corelli (aucun doute à avoir, après le beau duo de violons solos, dans le premier Allegro du Concerto opus 6 n° 1) mais également sur des alliances surprenantes comme l’illustre ce contraste entre des cordes rapides et des cuivres solennels auquel nous ne sommes guère habitués (l’Allegro conclusif du Concerto opus 6 n° 1).
On l’aura compris: voici un disque majeur tant, à notre sens, pour notre connaissance de Corelli que pour ceux qui aiment le répertoire baroque. C’est dire si l’on attend les prochaines réalisations avec impatience!
Le site de l’Orchestre baroque de Fribourg
Sébastien Gauthier
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