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01/17/2019
Lucrezia Borgia
Avec les contributions de Chantal Cazaux, Jean-Yves Boriaud, Jean-Marc Hovasse, Bénédicte Lanot, Jean Cabourg et Jean-Charles Hoffelé
Avant-Scène Opéra n° 308 – 120 pages – 28 euros
 Sélectionné par la rédaction
L’Avant-Scène Opéra complète sa collection avec un nouveau numéro sur Lucrezia Borgia. Les amateurs d’art lyrique connaissent bien cette revue qui reste fidèle à son ADN : à l’exception des publications spéciales sur un compositeur ou un metteur en scène, chaque numéro se consacre à un opéra et se divise de manière logique et pratique en plusieurs parties, ce qui facilite la consultation ultérieure.
L’ouvrage reproduit le livret de Felice Romani, traduit, bien sûr, ce qu’appréciera l’acquéreur potentiel qui ne possède qu’une traduction en anglais dans son ou ses enregistrements – ou ni le livret ni sa traduction en français dans le cas des séries économiques, à la présentation trop souvent frustrantes. Il s’agit, ici, d’une nouvelle traduction de Laurent Cantagrel ; et comme d’habitude, le livret est disposé en regard de l’inévitable guide d’écoute, qui suit une introduction parfaite pour situer l’opéra dans le catalogue de son auteur et dans son contexte. Ecrite avec finesse et précision par la rédactrice en chef, Chantal Cazaux, cette analyse permet de pénétrer dans les arcanes de l’œuvre de Donizetti, exemples musicaux à l’appui.
Plusieurs contributions jettent différents regards sur cette œuvre centrée sur une importante figure historique, que Jean-Yves Boriaud évoque dans une brève étude relativisant le portrait que l’opéra dresse de Lucrèce Borgia par rapport à la réalité. Comme le livret s’inspire d’un roman auréolé de scandale de Victor Hugo, ce numéro comporte évidemment un texte à ce sujet, rédigé par Jean-Marc Hovasse, et comme Lucrèce Borgia avait une personnalité pour le moins complexe, Bénédicte Lanot explore la psyché de ce personnage sulfureux. Ce numéro comporte ensuite quelques contrepoints littéraires, en l’occurrence des textes autour des Borgia, de la main de Voltaire, Hugo (la préface à son drame éponyme et des extraits de celui-ci), Dumas et Mérimée, que prisera le mélomane épris de belles lettres.
Le discophile préfèrera sans doute se plonger tout de suite dans la discographie comparée de l’impitoyable Jean Cabourg qui examine avec son exigence et sa passion coutumières des enregistrements de studio et pris sur le vif. Sans surprise, il faut connaitre Caballé et Sutherland, et les versions de studio chez RCA (avec Perlea à la direction) et Decca (Bonynge) demeurent de grandes références, mais le passionné ne saurait se passer des live de la défunte soprano catalane et voudra entendre aussi Mariella Devia. Jean-Charles Hoffelé, dans sa vidéographie, éprouve pour sa part un peu de réticences à recommander chaudement un DVD, ce qui laisse penser que la grande version disponible sur ce support reste à produire. Le numéro se termine comme d’habitude avec un récapitulatif des représentations de cet opéra à l’affiche, de 1950 à nos jours, mais elle ne propose pas d’entretien avec les acteurs d’une prochaine nouvelle production, ce que la revue pratique parfois pour coller à l’actualité.
Quel plaisir de posséder des publications aussi pertinentes et rigoureuses. On se réjouirait donc que L’Avant-Scène Opéra puisse maintenant se pencher sur Poliuto et Roberto Devereux.
Sébastien Foucart
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