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02/04/2018 Philippe Boesmans – Un parcours dans la modernité Ouvrage collectif sous la direction de Cécile Auzolle
Aedam Musicae – 304 pages – 30 euros
Sélectionné par la rédaction
La réputation d’Aedam Musicae n’est plus à démontrer. Même si elles sont souvent fort pointues, les publications de cet éditeur spécialisé en musique demeurent précieuses, à l’instar de Philippe Boesmans – Un parcours dans la modernité qui complète parfaitement la monographie de Cécile Auzolle (Vers l’étrangeté, ou l’opéra selon Philippe Boesmans), parue chez Actes Sud en 2014, Vers l’étrangeté ou l’opéra selon Philippe Boesmans. Sous la direction du même auteur, cet ouvrage collectif regroupe les actes d’un colloque tenu en juillet 2016 à Aix-en-Provence, à l’occasion de ses quatre-vingts ans.
Différentes personnalités du monde musical, de l’histoire, de la littérature, de la scène et du journalisme évoquent la personnalité de Boesmans, retracent son parcours et explorent son œuvre, si personnelle, de sa genèse à sa réception critique. Conséquence de la nature même de l’entreprise, les textes alternent dans des styles différents entre essais, exemples musicaux à l’appui, et témoignages. Cet ouvrage approfondit ainsi différents aspects de la vie de ce natif de Tongres, en particulier sur son militantisme politique, au sein du parti communiste belge, et sa carrière à la radio dans les années 1960, une clé essentielle pour mieux comprendre le style du compositeur – à ce titre, la lecture du texte sur l’art de la citation et de l’emprunt de Boesmans dans Yvonne, princesse de Bourgogne s’impose. Nous ignorions même qu’il avait conçu la musique d’un film, Rendez-vous avec un ange qui a connu un piètre succès critique et public.
Les textes abordent plus souvent ses opéras, il faut le reconnaître, essentiels et captivants, que la musique de chambre ou d’orchestre, ce qui peut se comprendre, malgré la qualité de sa production en dehors de la sphère lyrique. Nous apprécions aussi l’examen de l’accueil critique des opéras, bien que l’auteur qui s’en soit chargé se concentre sur la presse néerlandophone, et plus encore le témoignage de Benoît Mernier, qui s’est beaucoup nourri de sa fréquentation, et de Matthew Jocelyn, sur la puissante dimension théâtrale des opéras. Il manque malheureusement à tout ceci le point de vue de Joël Pommerat, le librettiste d’Au monde et Pinocchio, créés récemment. Même si la monographie d’Auzolle s’impose en priorité pour prendre connaissance de cette figure attachante et emblématique de la musique belge, ce livre produira, pour les inconditionnels, le même effet que l’écoute de ses opéras: du plaisir et l’envie de s’y replonger.
Sébastien Foucart
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