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08/07/2017 Anton Webern : Langsamer Satz, M. 78
Ludwig van Beethoven : Quatuor à cordes n° 11, «Quartetto serioso» en fa mineur, opus 95
Isang Yun : Quatuor à cordes n° 1
Air traditionnel coréen : Arirang (arrangement Sung-Min Ahn) Quatuor Novus: Jae-Young Kim, Young-Uk Kim (violon), Seung-Won Lee (alto), Woong-Whee Moon (violoncelle)
Enregistré en l’église Saint-Pierre, Paris (20-23 octobre 2015) – 68’15
Aparté AP125 (distribué par Harmonia mundi) – Notice (en français, allemand et anglais) de Walter-Wolfgang Sparrer
Sélectionné par la rédaction
Le dynamique Quatuor Novus relie les deux pôles de son expérience musicale en un programme d’une originalité captivante qui invitent à se côtoyer les époques et les cultures au travers d’œuvres pour quatuor à cordes de Beethoven, Webern et Isang Yun. Ciselée et sensible, leur interprétation donne tout l’éclat nécessaire à ces pages célèbres qu’ils abordent avec la rigueur qui convient enrichie d’une fraîcheur saisissante. Le récital se termine sur un chant populaire coréen dans l’arrangement pour quatuor à cordes de Sung-Min Ahn dont les Novus préservent toute la douce fluidité. Lyriquement mélancolique, Arirang, cher au cœur des Coréens, fait officieusement figure d’hymne national, tel Finlandia.
Anton Webern (1883-1945) composa le Mouvement lent en 1905 mais, restée longtemps dans les tiroirs, cette belle pièce encore postromantique ne fut créée qu’en 1962. Sans en négliger le lyrisme éloquent, le Quatuor Novus transmet toute la force de son intensité enfiévrée et de son apaisement final dans un élan qui peut évoquer La Nuit transfigurée d’Arnold Schönberg. Les instruments sonnent merveilleusement bien dans la fougue comme dans la pureté expressive des lignes mélodiques. Une pareille intensité alliée à une grande précision d’archet sied bien au Onzième Quatuor (1810) de Ludwig van Beethoven, quatuor ramassé concentré, dramatique, parfois âpre, en rupture avec les quatuors divertissants ou concertants alors encore à la mode. Par blocs juxtaposés, les transitions réduites au minimum, le «Quartetto serioso» met en présence une véhémence combative et une douceur interrogative à la limite jamais franchie de la plainte. L’interprétation exigeante du Quatuor Novus laisse une forte impression positive.
Young-Uk Kim prend la partie de premier violon pour la pièce d’Isang Yun (1917-1995). Yun était encore à Séoul quand il composa son Premier Quatuor (1955), qui n’est pas inscrit à son catalogue officiel. A cette époque, il écrivait dans la tradition européenne sous l’influence en particulier de Debussy, de Ravel et de Bartók. Il avait encore à faire les rencontres à Paris, à Berlin et ensuite à Darmstadt, qui ont tant pesé sur son évolution musicale. Sensibles à l’esthétique de Yun, qui ouvre les techniques européennes à sa créativité asiatique, les Novus, expressifs, défendent la partition avec leur précision habituelle et avec une conviction intense. Les trois mouvements tripartites ont en commun une évolution germinative à ramification où chaque élément est présenté et sans cesse brisé, recomposé avec ou sans appoggiature, développé et combiné aux autres éléments par strates qui se complexifient de manière très variée. Le mode pentatonique irrigue les accords et les intervalles et marque en particulier le thème principal du premier mouvement, qui revient brièvement vers la fin du dernier, précédé d’un rappel du beau thème du deuxième mouvement lent. Les rythmes parfois dansants ou syncopés à l’européenne peuvent à l’occasion paraître lourds mais l’énergie vitale des passages plus lyriques ou plus emportés met en lumière le puissant flux sonore tant recherché par le compositeur.
Fondé en 2007 à Séoul, le Quatuor Novus poursuit actuellement sa carrière principalement en Allemagne tout en y peaufinant sa formation auprès de ses aînés. Ce récital inspiré, le tout premier qu’il confié au disque, révèle les grandes qualités de l’ensemble coréen qui, en plus de la maîtrise technique et la justesse de jeu, semble avoir atteint le niveau de connivence, d’écoute et d’équilibre entre les quatre pupitres essentiel au délicat exercice du quatuor à cordes.
Le site du Quatuor Novus
Christine Labroche
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