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07/15/2017 Maurice Duruflé : Requiem, opus 9 (version de 1961) – Quatre Motets sur des thèmes grégoriens, opus 10 – Messe «Cum jubilo», opus 11 (version avec orgue seul) Patricia Bardon (mezzo), Ashley Riches (baryton-basse), Tom Etheridge, Richard Gowers (orgue), The Choir of King’s College, Cambridge, Orchestra of the Age of Enlightenment, Stephen Cleobury (direction)
Enregistrement en la chapelle du King’s College (janvier 2016) – 63’49
SACD hybride The Choir of King’s College KGS0016 – Notice en anglais, français et allemand, texte en latin et en anglais
Les œuvres de Maurice Duruflé ont assez peu souvent les honneurs du disque. Voici un enregistrement qui nous vient une nouvelle fois de Grande-Bretagne et qui regroupe ses œuvres chorales les plus connues, à savoir son Requiem, la plus rare Messe «Cum jubilo» et les plus célèbres des pièces a cappella du compositeur français, les Quatre Motets sur des thèmes grégoriens. Mais contrairement à la plupart des enregistrements antérieurs, le choix s’est ici porté sur la version du Requiem pour orgue, quintette à cordes, trompette, harpe et timbales (1961) ainsi que sur celle avec orgue seul de la Messe «Cum jubilo».
Si cette version de 1961 du Requiem permet sans doute de mieux appréhender la partie pour orgue, nécessairement plus audible, elle perd aussi en puissance et en caractérisation. Ce choix est encore accentué par la présence, non seulement de voix d’enfants, en l’occurrence les expérimentés chanteurs du très célèbre Choir of King’s College, mais aussi de voix d’hommes pour chanter les parties d’alti, un parti pris qui étonne pour une musique composée en 1947. De même, la partie de baryton soliste est ici chantée par les hommes du chœur comme on le fait parfois, sans doute trop souvent pour de mauvaises raisons économiques, pour la partie de baryton de la Messe «Cum jubilo». Si l’on rajoute à cela une Patricia Bardon à la voix inadaptée, à la précision imparfaite dans les graves, et au style trop extraverti, cela constitue sans aucun doute trop de réserves. Dommage car la direction de Stephen Cleobury est précise et juste, le chœur chante avec un évident engagement et les trompettes de l’Orchestre de l’Age des Lumières sont particulièrement impressionnantes.
Les Quatre Motets sur des thèmes grégoriens qui suivent souffrent eux d’une réalisation monocorde et précipitée qui leur enlève beaucoup d’esprit. La Messe «Cum jubilo», chantée exclusivement par les barytons, probablement renforcés de quelques ténors, est sans aucun doute la pièce la plus réussie de cet enregistrement. On peut ainsi goutter chaque seconde de la superbe partie d’orgue, magnifiquement jouée par Richard Gowers. Le bel unisson, à l’exception de quelques aigus où percent quelques voix isolées, sert cette fascinante et très originale musique. Le soliste Ashley Riches, curieusement décrit par la notice comme un «baryton-basse», se joue des difficultés d’une partition très exposée et parfois écrite dans un registre frôlant celui de ténor. La ligne et la poésie d’une musique suspendue et humble sont ici magnifiquement rendues par ces interprètes sous la direction inspirée et juste de Stephen Cleobury.
Cet enregistrement ne détrône donc pas celui des versions avec orchestre de ces mêmes œuvres réalisé par Michel Plasson en 1999. La direction à la fois tendre et lumineuse de Plasson, la présence de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et de l’excellent chœur basque Orfeón Donostiarra ainsi que de deux solistes, Thomas Hampson et Anne Sofie von Otter, alors au sommet de leur art, font que cet enregistrement demeure toujours aujourd’hui une référence.
Gilles Lesur
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