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07/15/2017
Camille Saint-Saëns: Proserpine
Véronique Gens (Proserpine), Marie-Adeline Henry (Angiola), Frédéric Antoun (Sabatino), Andrew Foster-Williams (Squarocca), Jean Teitgen (Renzo), Mathias Vidal (Orlando), Philippe-Nicolas Martin (Ercole), Artavazd Sargsyan (Filippo, Gil), Clémence Tilquin (Une religieuse), Vlaams Radio Koor, Edward Caswell (chef de chœur), Münchner Rundfunkorchester, Ulf Schirmer (direction)
Enregistré au Münchner Prinzregententheater (7 et 9 octobre 2016) – 94’50
Livre-disques Ediciones Singulares ES 1027 (distribué par Outhere)





 Sélectionné par la rédaction


Proserpine (1887) méritait de figurer dans cette fameuse collection du Palazzetto Bru Zane. Saint-Saëns était persuadé de la réussite de ce drame lyrique, composé sur un livret de Louis Gallet, avec qui il a collaboré pour La Princesse jaune et Etienne Marcel. Il n’a cessé de défendre cet ouvrage conçu avec goût, obstination justifiée à l’écoute de cet enregistrement réalisé à Munich, quelques jours après l’exécution en concert à l’Opéra royal de Versailles.


Cette adaptation d’une pièce d’Auguste Vacquerie (1819-1895) ne pouvait donc plus être ignorée, moins pour l’argument – durant la Renaissance, une courtisane, amoureuse, retourne l’arme contre elle après avoir voulu porter atteinte à sa rivale – que pour la musique, vive et contrastée, capable de légèreté comme de gravité. Ulf Schirmer lui confère du charme et du caractère, à la tête d’une formation aux bois précis et savoureux et aux cordes souples et acérées. D’une grande clarté, l’exécution consacre une orchestration véritablement inventive et raffinée.


Les scènes, plutôt courtes, de même que les airs, les duos et les ensembles, filent avec limpidité et naturel par la grâce d’interprètes soudés et épousant intimement leur rôle; tous chantent dans un style parfait et veillent à la prononciation. Par ses teintes et ses inflexions, la voix imposante et onctueuse de Véronique Gens étonne dans un premier temps pour une courtisane, mais l’intelligence de l’incarnation et la maîtrise vocale de cette soprano d’envergure balaient rapidement cette interrogation, qui parait même absurde au bout de cette belle heure et demie de musique.


Frédéric Antoun chante Sabatino avec pureté et élégance, exposant en permanence un timbre lumineux. Celui de Marie-Adeline Henry, distribuée en Angiola, parait autrement plus sec et séduit moins, ce que compensent la netteté du chant et la finesse de la ligne. Andrew Foster-Williams impressionne en Squarocca, personnage pittoresque, dont il accuse le tempérament méphistophélique. Quant à la voix pénétrante et stylée de Jean Teitgen, une basse qui compte dans l’opéra français, elle convient parfaitement à Renzo, le frère d’Angiola, qui impose à Sabatino de relever un défi insensé pour lui accorder la main de sa sœur: séduire d’abord Proserpine. Les choristes se montrent, quant à eux, alertes et vigoureux.


Les textes de présentation contribuent à l’intérêt de cette collection. Dans un style sobre et précis, Marie-Gabrielle Soret nous éclaire sur la genèse de ce opéra, en particulier sur les différences entre la première mouture et la seconde version (1899), enregistrée ici, tandis que Gérard Condé l’analyse dans les détails, à la manière des guides d’écoute de L’Avant-Scène Opéra. Les amateurs de répertoire ne sont pas au bout de leurs surprises, surtout qu’il reste encore tant d’opéras de ce grand compositeur à enregistrer dans d’aussi excellentes conditions. Le Timbre d’argent devrait d’ailleurs rejoindre Les Barbares et cette belle Proserpine.


Sébastien Foucart

 

 

 

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