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07/09/2017 Serge Prokofiev : Semyon Kotko, opus 81 Viktor Lutsyuk (Semyon Kotko), Lyubov Sokolova (La mère de Semyon), Tatiana Pavlovskaya (Sofya), Varvara Solovyova (Frosya), Gennady Bezzubenkov (Tkachenko), Evgeny Nikitin (Remeniuk), Roman Burdenko (Tsaryov), Olga Sergeeva (Lyubka), Nadezhda Vassilieva (Khivrya), Grigory Karasev (Ivasenko), Stanislav Leontyev (Mikola), Andrei Popov (Klembovsky), Yuri Laptev (Von Wierhof), Chœur du Kirov, Andrei Petrenko (chef de chœur), Orchestre du Kirov, Valery Gergiev (direction), Yuri Alexandrov (mise en scène), Semyon Pastuckh (décors), Galina Solovyova (costumes), Gleb Filshtinsky (éclairages), Gali Abaidulov (chorégraphie), Anna Matison (réalisation)
Enregistré en public au Théâtre Mariinsky-II, Saint-Pétersbourg (13-14 mai 2014) – 148’ (Blu-ray) + 148’ (DVD)
Mariinsky Blu-ray et DVD MAR0592 – Format 16:9 HD 1080i – Son 2.0 PCM Stereo/DTS-HD MA 5.1 Surround/DTS 5.1 Surround – Region Code: All/0 – Sous-titres en allemand, anglais, espagnol, français, japonais et russe – Notice en allemand, anglais, français et russe
Parmi les opéras enregistrés dans le courant des années 1990-2000 par Gergiev chez Philips, on se souvient que Semyon Kotko, tout premier opéra composé par Prokofiev lors de sa période soviétique, avait eu l’honneur de figurer dans la sélection du chef russe (voir ici). Si le tout dernier ouvrage, L’Histoire d’un homme véritable, récemment réédité, n’a pas eu cette chance, il nous est donné de découvrir à nouveau Semyon Kotko dans la reprise de la production imaginée par Yuri Alexandrov en 1999.
Disons-le tout net: l’ouvrage ne figure pas parmi les œuvres les plus fameuses de Prokofiev. A l’instar de la plupart de ses collègues, le compositeur russe se retrouve dans le collimateur des autorités politiques et choisit de laisser de côté la musique d’avant-garde des années 1920 pour embrasser un langage tiède et sans grand relief. Le livret statique hésite par ailleurs entre petite et grande histoire, glorifiant un sujet patriotique pour mieux se reposer sur les frasques amoureuses de ses protagonistes nombreux, peu mis en valeur par un parlé-chanté redondant. Seules surnagent quelques scènes fortes, à l’acte III surtout, lorsque Lyubka perd la raison. Bien peu, hélas, pour nous convaincre de l’intérêt prioritaire de cette œuvre, dont les meilleures pages symphoniques ont été réunies par Prokofiev dans la Suite (opus 81a) de 1941.
Concernant la belle scénographie remise au goût du jour l’an passé, on retiendra le bunker stylisé qui sert de lieu d’action pendant tout l’opéra, tout en étant astucieusement revisité par les éclairages expressionnistes et les couleurs primaires des costumes. Une production assez classique en fin de compte, mais efficace. On regrettera cependant le choix des plans additionnels resserrés autour des visages, et ce en raison d’une bande-son en décalage qui donne l’impression d’un mauvais spectacle chanté en playback.
Si la distribution reprend quatre interprètes de la production originale (Viktor Lutsyuk, Evgeny Nikitin, Gennady Bezzubenkov et Tatiana Pavlovskaya), elle se montre d’une belle homogénéité, hormis le décevant titulaire du rôle-titre. Viktor Lutsyuk se montre en effet assez pâle, peu aidé par une faible projection et un timbre fatigué. Seuls les moments où il se retrouve en pleine voix convainquent davantage. A ses côtés, on retiendra surtout l’exceptionnelle Sofia de Tatiana Pavlovskaya, à la voix charnue et puissante.
Florent Coudeyrat
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