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05/21/2017
Leos Janácek : Sinfonietta
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 en mi mineur, «Z Nového světa», opus 95, B. 178

Anima Eterna Brugge, Jos van Immerseel (direction)
Enregistré au Concertgebouw de Bruges (mars 2015) – 70’47
Alpha Classics Alpha 206 – Notice (en néerlandais, anglais, français et allemand) de Jos van Immerseel et de Hilary Metzger





Deux œuvres remarquables figurent au programme tout tchèque de Jos van Immerseel et de son orchestre Anima Eterna de Bruges. Bien qu’elles soient d’une esthétique différente, un élément profondément tchèque relie les deux compositions qu’une trentaine d’années seulement sépare. Les deux restent loin du répertoire plus habituel des Brugeois, mais l’approche de ceux-ci reste la même et c’est seulement après une étude musicologique poussée et une étude approfondie des instruments et des techniques d’exécution des deux époques, y compris les traits stylistiques des phalanges contemporaines qui les présentaient au concert, qu’Immerseel et ses musiciens se sont mis à travailler les deux partitions. Le résultat va presqu’à l’encontre de ce qui unit assez communément de nombreuses prestations. C’est une double onde de choc à répliques qui ne peut laisser indifférent. L’interprétation est intéressante en soi, elle sort des sentiers battus et elle révèle de nouvelles possibilités sonores, mais, si elle peut séduire, elle peut aussi ne pas convaincre.


Comme cela arrivait le plus souvent par la force des choses autrefois, Anima Eterna a recruté des trompettistes de provenance diverse aux instruments de facture diverse pour la Sinfonietta (1926) de Leos Janácek (1854-1928) et c’est un plaisir d’entendre les nuances de timbre au sein de cet impressionnant ensemble de quatorze trompettes (dont deux basses) sonnant parfois en triomphe au-dessus d’un effectif de cuivres par ailleurs généreux. Malheureusement, Immerseel ralentit considérablement le tempo général et il perd en route l’expression du profond sentiment de liberté et de joie effrénée qui porte sur ses ailes déployées la fougue déchaînée d’un Ancerl expressif (Supraphon) ou l’ivresse finement définie d’un Ozawa (Warner Classics), par exemple. Les passages plus doux, jamais confiés au tutti, gardent leur poésie mais malgré le travail effectué à partir des écrits de Janácek lui-même sur le langage, l’orchestre perd le rythme naturel au point que les petits motifs impétueux qui brisent soudain la ligne directrice, trait si typique du compositeur tchèque, prennent des allures de rajouts presque inopportuns.


Créée à la fin de 1893 par le Philharmonique de New York sous la direction d’Anton Seidl, la merveilleuse Symphonie «Du nouveau monde» d’Antonín Dvorák (1841-1904) souffre également d’une certaine lenteur par rapport aux prestations plus couramment entendues et on peut peut-être regretter qu’Immerseel et Hilary Metzger sa collaboratrice, aient eu un accès privilégié aux archives, manuscrites et numérisées, du Philharmonique dans la mesure où une trop grande application de l’étude faite – et ce jusqu’aux articulations et aux coups d’archet et aux doigtés – semble freiner l’élan et l’investissement personnel. «Historiquement informé», sans doute, le choix de baguettes peu ou pas du tout feutrées pour les timbales peut surprendre comme un certain manque de vibrato aux cordes, éventuellement compensé, dans un sens, par un recours inattendu au portamento.


L’orchestre livre néanmoins un Largo plus libre qui ouvre de beaux espaces sonores, le cor anglais expressif de Stefaan Verdegem tout à fait émouvant bien que le son en soit moins ample que celui d’un instrument moderne. Les pupitres des cordes jouissent d’une liberté moins grande que les solistes et groupes solistes de l’orchestre qui émaillent la symphonie comme il se doit et qui semblent plus pleinement investis. Ils savent tirer de leurs instruments, bois ou cuivres, des timbres souvent savoureux.


La sincérité de Jos van Immerseel et son attachement aux deux œuvres ne sont pas à mettre en doute. La cohérence de sa démarche analytique reste entière. Toutefois proposer une vision historiquement informée de ces deux partitions au firmament du répertoire classique relève de la gageure, surtout si une part d’âme s’y perd. Pour la symphonie, les uns n’y verront que réussite. Sans oublier Reiner (RCA) et Abbado (DG), les autres se tourneront encore vers les Tchèques: Talich, Ancerl (Supraphon), Kubelík (DG, Orfeo) ou Bělohlávek (Decca), entre autres.


Le site d’Anima Eterna


Christine Labroche

 

 

 

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