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04/15/2017 Christoph Willibald Gluck : De Profundis
Jean Paul Egide Martini : Messe de Requiem pour la Pompe funèbre de Louis XVI et de Marie-Antoinette Corinna Schreiter (soprano), Martin Platz (ténor), Markus Simon (basse), Festivalchor Musica Franconia, La Banda, Wolfgang Riedelbauch (direction)
Enregistré en public à la Wallfahrtskirche Maria Hilf de Freystadt (23 juillet 2016) – 62’49
Christophorus CHR 77413
Louis XVI et Marie-Antoinette furent tous deux exécutés en 1793. Une fois revenus au pouvoir après la chute de Napoléon Ier, les Bourbons passèrent plusieurs commandes pour commémorer ce double événement dont, aujourd’hui, la plupart sont encore à découvrir. Si l’on connaît bien entendu le Requiem en ut mineur de Luigi Cherubini (dont deux gravures viennent encore d’être chroniquées dans nos colonnes, on vient de découvrir récemment au disque la Messe de Requiem dédiée à la mémoire de Louis XVI (1815) de Neukomm ainsi que la Messe des morts à la mémoire de Marie-Antoinette de Plantade. N’oublions pas non plus le Requiem de Jommelli, également dédié au roi défunt et créé le 21 janvier 1815 lors donc de la Première Restauration, ainsi que les deux Requiem à la mémoire de Louis XVI de Desvignes et de Bienaimé, respectivement créés les 21 janvier 1824 et 21 janvier 1830.
Enregistrée ici en première mondiale, cette Messe de Requiem, dédiée conjointement aux deux souverains, fut composée par Jean Paul Egide Martini (1741-1816) et créée le 21 janvier 1816, date anniversaire de l’exécution du roi. Le compositeur ne manquait certes pas de talent! Le Requiem aeternam inaugural se veut presque «berliozien» dans les couleurs avant d’opter franchement pour un style mozartien (notamment dans l’alliance entre la soprano et le chœur à partir de 5’08), ce dernier se ressentant de nouveau à la fin du Liber scriptus. L’orchestration est bien faite (à l’exception de ce malheureux coup de gong souhaité par le compositeur à la fin de l’Amen, pourtant magnifique!), qu’il s’agisse du Dies irae (le début avec ses tressautements de cordes avant la belle énergie déployée par les sonneries de trompettes et les bois) ou de l’Oro supplex (très théâtral tant du point de vue orchestral, grâce à d’excellents trompettes et bassons, que du chœur), sans oublier par exemple le bel Ingemisco.
Malheureusement, l’exécution est globalement moyenne. L’orchestre s’en sort bien, ses solistes sont assez solides (le cor au début du Liber scriptus) et alternent avec une réelle conviction les passages énergiques (le Dies irae) avec les moments plus recueillis. Wolfgang Riedelbauch semble diriger avec une attention réelle mais son geste manque de liberté et de spontanéité: on en sera pour nos frais pour les emportements et les fulgurances d’une partition qui, pourtant, en possède! Si le chœur s’avère également solide (remarquons notamment la puissante et très belle fugue du Requiem aeternam) en dépit de quelques problèmes de justesse (les pupitres féminins dans le Rex tremendae) et, mais peut-être est-ce la faute à une réverbération excessive que n’a point atténuée une prise de son globalement moyenne, quelques difficultés pour bien distinguer les paroles (le Dies irae), on est beaucoup moins convaincu par les solistes. Markus Simon est très bien, notamment dans l’Elevatione Domine Omnipotens, mais Martin Platz est assez inexistant, sans pour autant que son chant souffre de gros reproches. Corinna Schreiter est beaucoup plus inégale, notamment dans des aigus parfois arrachés. Quant au De Profundis de Gluck, il n’appelle guère de commentaires tant sa facture et son interprétation classiques donnent à la partition un intérêt relatif.
On a donc surtout hâte qu’à la faveur de la redécouverte de ce Requiem, des interprètes plus solides s’attellent à un nouvel enregistrement: Martini le mérite!
Le site de Corinna Schreiter
Le site de Martin Platz
Sébastien Gauthier
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