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02/12/2017
Philip Glass : Einstein on the Beach
Helga Davis, Kate Moran, Jasper Newell, Charles Williams (comédiens), The Lucinda Childs Dance Company, Chœur: Michèle A. Eaton, Lindsay Kesselman, Melanie Russell (sopranos), Hai-Ting Chinn, Kate Maroney, Solange Merdinian (mezzos), Philip Anderson, Tomás Cruz, John Kawa (ténors), Gregory R. Purnhagen, Joe Damon Chappel (barytons), Jason Charles Walker (basse), Lisa Bielawa (chef du chœur), Antoine Silverman (Einstein, violon), The Philip Glass Ensemble: Andrew Sterman (flûte, piccolo, clarinette basse, saxophone ténor), David Crowell (saxophone alto, flûte), Jon Gibson (saxophone soprano, flûte), Mick Rossi (claviers), Michael Riesman (claviers, direction musicale), Robert Wilson (mise en scène et en lumières, scénographie), Lucinda Childs (chorégraphie), Ann-Christin Rommen (collaboration à la mise en scène), Urs Schönebaum, John Torres (lumières), Michael Deegan (décors), Dan Dryden (son), Carlos Soto (costumes), Don Kent réalisation)
Enregistré en public au Théâtre du Châtelet, Paris (6 et 7 janvier 2014) – 264’
Opus Arte livre-album de 2 DVD OA 1178D (ou 2 Blu-ray OA BD7173D) – All Regions – Son LPCM 2.0/DTS Digital Surround – Image 16:9


Must de ConcertoNet





Pour la première fois paraît l’enregistrement vidéo d’Einstein on the Beach, immense opus de presque cinq heures de Philip Glass, Robert Wilson et Lucinda Childs qui a révolutionné le théâtre et la danse lors de sa retentissante création en 1976 au festival d’Avignon. Il a été filmé lors de sa reprise au Théâtre du Châtelet en 2014, grâce à la pugnacité de son directeur Jean-Luc Choplin, qui a négocié cette reprise exclusive à Paris, quelques mois après une tournée notamment passée par Montpellier, et exigé qu’elle soit filmée et éditée pour l’éternité. Le coffret-livre du DVD luxueusement illustré est curieusement très peu documenté sur l’œuvre elle-même. Hélas! et on regrette une fois de plus l’élitisme de l’éditeur britannique Opus Arte: pas de reproduction, ni de traduction des textes de Christopher Knowles, fils adoptif de Wilson, manque d’autant plus regrettable qu’ils ne sont pas toujours très audibles, noyés parfois par la musique et les bruitages, ni découpage de l’action dans la plaquette, et encore moins de sous-titres avec le film ne viendront en aide aux non anglophones.


Lors de la création du spectacle et de ses reprises, il était donné d’un seul tenant et il était permis au spectateur désirant marquer une pause de s’absenter de la salle à volonté et à n’importe moment. Le film aura, n’en déplaise aux puristes, l’énorme avantage de pouvoir programmer ces pauses, voire de regarder le spectacle par tranches, à petites doses, ce qui n’est évidement pas la proposition des trois concepteurs, tous aujourd’hui septuagénaires et qui ont assuré cette reprise parisienne comme en atteste leur présence à la très enthousiaste séance de saluts finale. La réalisation du film par l’Ecossais Don Kent est admirable de clarté. On peut déplorer aussi l’absence de bonus, les sujets n’auraient pas manqué...


Doit-on parler d’opéra pour Einstein on the Beach? Cet ovni du théâtre musical sorti du cerveau de trois créateurs en réaction à un certain type de show à l’américaine dans les années soixante-dix n’en a ni la forme, ni la prétention. Pas de livret racontant une histoire, Einstein n’étant qu’un prétexte à exposer ce qu’a pu laisser sa trace dans l’inconscient collectif en termes de progrès scientifique, de formalité du temps et de l’espace. Sa présence à l’avant-scène jouant du violon n’en fait pas un personnage d’opéra. Le découpage n’est pas celui non plus celui qui, de Monteverdi à nos jours, règle celui des œuvres lyriques. Tous les ingrédients y sont, chant, parole, danse, mais organisés en cellules appelées «knee plays», «Procès», «Prison», «Danse», «Vaisseau spatial», qui créent une espèce d’unité par leur alternance mais ne racontent rien qui ressemble à une trame dramatique.


C’est vraiment la conjonction des conceptions des trois artistes qui fait opérer une magie tenant par moments de l’hypnose, à d’autres de la dégustation pure de la musique minimaliste qui, ici, convoque beaucoup de formes et de genres (jazz, pop, classique). Si la musique n’a pas varié depuis la création (elle a été publiée au disque), la réalisation visuelle de Wilson a suivi son évolution propre en restant sur son schéma initial. Seules les chorégraphies de Lucinda Childs ont été réécrites à chaque série de reprises du spectacle, toujours dans son style singulier exploitant toutes les possibilités géométriques du temps et de l’espace.


Saluons avec le respect qu’elle mérite la parution de cette archive majeure dont on peut s’étonner qu’elle n’ait existé avant ces représentations parisiennes.


Olivier Brunel

 

 

 

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