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02/11/2017 Bernard van Dieren : Symphonie n° 1 «Chinese», opus 6 – Introit to Topers’ Tropes «Les Propos des beuveurs» after Rabelais – Elégie pour orchestre avec violoncelle principal Rebecca Evans (soprano), Catherine Wyn-Rogers (contralto), Nathan Vale (ténor), Morgan Pearse (baryton), David Soar (basse), Raphael Wallfisch (violoncelle), BBC National Orchestra and Chorus of Wales, William Boughton (direction)
Enregistré au Hoddinott Hall, Cardiff (20-22 avril 2016) – 69’21
Lyrita SRCD357 – Notice en anglais
Sélectionné par la rédaction
Originaire des Pays-Bas, Bernard van Dieren (1878-1958) s’est installé définitivement en Grande-Bretagne à partir de 1909 afin d’y poursuivre sa carrière musicale, sous l’influence évidente de son aîné et contemporain Frederick Delius. C’est particulièrement audible dans sa superbe Première Symphonie, composée en 1914 mais seulement créée en 1935, dont les mélodies mouvantes tissent des ambiances étranges à la limite du morbide, en une orchestration luxuriante qui évite soigneusement toute emphase.
Introduisant dans son œuvre plusieurs solistes (tous très bons ici) qui se répondent parfois avec le chœur sans jamais se démarquer réellement du flot musical enveloppant, van Dieren s’est inspiré du recueil de poèmes Die chinesische Flöte publié par Hans Bethge en 1907 – à l’instar notamment de Mahler dans Le Chant de la terre. Van Dieren se démarque cependant de son illustre aîné (dont on ne sait s’il entendit ses ouvrages) par le recours à de nombreuses dissonances à la manière de Schönberg. Avec un excellent Orchestre de la BBC du Pays de Galles, William Boughton ne cherche jamais l’effet et privilégie la fluidité du discours musical par un fondu expressif d’une belle tenue, en un tempo assez vif.
Moins sombre, l’Introit to Topers’ Tropes «Les Propos des beuveurs» d’après Rabelais (1921) permet à van Dieren de faire valoir des aspects grotesques plus verticaux aux vents et cuivres, rappelant le Chostakovitch des années 1920. On ne manquera pas également l’écoute de la belle Elégie pour orchestre avec violoncelle principal (1910) qui nous ramène une fois encore vers Delius, même si l’on songe aussi au Schelomo de Bloch composé quelques années plus tard – le lyrisme en moins. Cette version bénéficie du violoncelle engagé et coloré de Raphael Wallfisch, qui n’est pas pour rien dans la réussite de cette œuvre immédiatement séduisante et accessible.
Florent Coudeyrat
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