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01/16/2017
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64 [1] – Tod und Verklärung, opus 24 [2]
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public à la Herkulessaal de la Residenz (24 et 28 février 2014 [2]) et à la Philharmonie im Gasteig (13 et 15 octobre 2016 [1]), Munich – 75’10
BR Klassik 900148 – Notice (en allemand et en anglais) de Rüdiger Heinze





Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64
Göteborgs Symfoniker, Kent Nagano (direction)
Enregistré à la Konserthus de Göteborg (novembre 2014) – 51’03
Farao Classics B 108091 – Notice (en allemand et en anglais) de Stefan Nävermyr





Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64 [1] – Don Juan, opus 20 [2]
SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, François-Xavier Roth (direction)
Enregistré à l’Alte Oper de Francfort (28 septembre 2014) [2] et au Konzerthaus de Fribourg (10 septembre 2015) [1] – 67’17
SWR Music 93.335


 Sélectionné par la rédaction





Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64
Frankfurter Opern- und Museumsorchester, Sebastian Weigle (direction)
Enregistré en public à l’Alte Oper de Francfort (1er et 2 novembre 2015) – 50’33
Oehms Classics OC 891 – Notice (en allemand et en anglais) de Michael Kube





Bien que la Symphonie alpestre (1915) de Richard Strauss (1864-1949) soit une œuvre monumentale, qui requiert au surplus un orchestre des plus expérimentés, c’est avec un réel plaisir qu’on voit les enregistrements se multiplier (voir ici, ici et ici). Voici quatre nouvelles gravures qui démontrent une nouvelle fois qu’il ne faut pas se fier aux apparences...


Car, en dépit de la luxueuse affiche que nous présente Mariss Jansons dans un disque qui reflète un concert donné il y a quelques semaines seulement, voilà une interprétation qui a tout d’une beauté froide: assez logique somme toute pour une symphonie qui nous emmène notamment sur un glacier et des sommets enneigés mais on attendait davantage du chef letton. Comme on avait déjà eu l’occasion de le souligner dans son enregistrement d’Une vie de héros, l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise s’affirme une fois encore comme une phalange d’exception: quelles basses dans le «Lever de soleil»! Quels cuivres dans «Au sommet»! Quel hautbois solo dans «Vision»! On est véritablement soufflé par cette perfection sonore mais la mariée est trop belle. Jansons ne nous emporte pas vraiment à tel point que son «Ascension» manque et d’entrain et de solennité. De même, on ne peut que regretter cette maîtrise absolue dans Orage et tempête, descente où tout est parfaitement décortiqué mais où le foisonnement propre aux grandes fresques straussiennes fait totalement défaut. Quant à Mort et Transfiguration, qui a été enregistré au cours des mêmes concerts que ceux où fut donné Une vie de héros, on en ressort là aussi avec une vision somptueuse mais qui ne nous emporte jamais vraiment. Même si l’on rêve bien sûr d’entendre ce type de prestation lors d’un concert, l’écoute au disque laisse une impression extrêmement lisse, ce qui est malheureusement de plus en plus souvent la marque de fabrique de celui qui reste néanmoins aujourd’hui comme l’un des plus grands chefs en activité.


Moins enthousiasmant, Kent Nagano, à la tête de l’Orchestre symphonique de Göteborg, dont il est le premier chef invité depuis l’automne 2013. Bien que l’orchestre soit d’un très bon niveau (on peut, à titre d’exemple, mentionner le pupitre de cors dans «Au sommet» ou la finesse des bois dans le «Calme avant la tempête»), on est moins pris que par les somptueuses sonorités de l’orchestre de Jansons. Mais, surtout, le chef américain s’attache à trop découper l’œuvre dans ses différentes phases, ayant ainsi tendance à perdre de vue l’architecture générale. Dans «Entrée dans le vallon», l’ensemble s’avère assez alangui et, desservi au surplus par quelques glissandi du plus mauvais effet (à 3’), ne s’avère guère probant. On s’étonne aussi du choix de certains tempi (les bassons et les hautbois, à la limite de l’immobilisme dans «Elégie») et du rendu d’épisodes où pourtant tout devrait être incroyable comme c’est par exemple le cas avec «Orage et tempête». Sans être déshonorante bien entendu, cette version ne peut qu’être un second choix au sein d’une discographie d’ores et déjà bardée de références incontestables.


Beaucoup plus convaincant que les deux précédents chefs, François-Xavier Roth nous séduit au plus haut point dans ce quatrième volume consacré aux grands poèmes symphoniques de Strauss. Et tout d’abord, quel orchestre, digne des meilleures phalanges! Les cordes offrent une ampleur magnifique qui nous entraîne dans des tourbillons sonores tout en préservant l’ensemble des détails de l’orchestration (les bois dans «L’arrivée en forêt»). Mais surtout, tout en ayant une appréhension globale de la symphonie, le chef français confère à chaque passage sa singularité: ainsi, dans «Sur le glacier» et dans «Moments dangereux», on perçoit immédiatement le péril qui guette le promeneur grâce à de légères accélérations des bois, ou un imperceptible roulement de timbales (mais qui fait beaucoup pour l’ambiance), doublés d’un excellent cor solo. De même, quelle vie et quelle grandeur dans «Au sommet», et quel fourmillement de détails dans le passage «Dans les pâturages»! Malheureusement, la fin de l’œuvre, trahissant peut-être une petite fatigue de l’orchestre, pâtit d’une réelle baisse de tension et la «Conclusion» n’est pas aussi prenante qu’on aurait aimé l’avoir. Dans Don Juan, l’orchestre est également excellent et Roth conduit l’œuvre avec une maestria qui en fait un vrai straussien. Comment ne pas d’autant plus déplorer la disparition récente de cet orchestre (voir ici et ici) qui, au-delà du principe même, nous prive de musiciens d’une qualité exceptionnelle?


Enfin, la version dirigée par Sebastian Weigle est plus contrastée que les trois précédentes. On en ressort avec davantage de vie certes mais aussi avec un manque de vision de l’œuvre qui frappe en plus d’une occasion. La relative platitude de «Lever de soleil» annonce une «Ascension» sans grande vigueur, de même que le passage «Au sommet» souffre d’un manque d’élan et de sérieuses baisses de tension. C’est d’autant plus dommage que l’orchestre est là aussi d’un bon niveau et que Weigle aborde certains passages dans un climat rêveur qui convient parfaitement aux sonorités straussiennes. Même si l’on pourrait avoir flûtes plus douces et plus enjôleuses dans la «Conclusion» (réécoutez Karajan avec Berlin!), la fin est très bien conduite et témoigne des talents d’un chef rompu au grand répertoire germanique.


Ainsi, et même s’il faut désormais compter avec Roth, la discographie de référence de la Symphonie alpestre demeure inchangée: Karajan (avec le Philharmonique de Berlin chez Deutsche Grammophon), Karl Böhm (avec Dresde chez le même éditeur), Bernard Haitink (avec l’Orchestre symphonique de Londres chez LSO live), Seiji Ozawa (extraordinaire concert donné avec le Philharmonique de Vienne chez Philips) et le récent Daniel Harding demeurent les choix prioritaires, sans compter les vidéos laissées, là encore, par Karajan, Haitink et Thielemann (tant avec Vienne qu’avec Dresde).


Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
Le site de Kent Nagano
Le site de l’Orchestre symphonique de Göteborg
Le site de François-Xavier Roth
Le site de Sebastian Weigle
Le site de l’Orchestre de l’Opéra et du Musée de Francfort


Sébastien Gauthier

 

 

 

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