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01/12/2017 Rhapsody Frederick Ashton (chorégraphie, décors), Serge Rachmaninov (musique)
William Chappell (costumes), Natalia Stewart (recréation des costumes), Peter Teigen (lumières), Christopher Carr (mise en scène), Natalia Osipova, Steven McRae (danseurs), Robert Clark (piano)
The Two Pigeons
Frederick Ashton (chorégraphie), Jules Massenet (musique)
Jacques Dupont (décors), John Lanchebery (adaptation et arrangements), Peter Teigen (lumières), Christopher Carr (reprise et mise en scène), Lauren Cuthbertson (La jeune fille), Vadim Muntagirov (Le jeune homme), Fumi Kaneko (La Gitane), Ryoichi Hirano (Son amant)
Royal Ballet, Orchestra of the Royal Opera House, Barry Wordsworth (direction musicale), Ross MacGibbon (réalisation)
Enregistré en public à Londres (janvier 2016) – 104’ (+ 14’ bonus Exploring the choregraphy of The Two Pigeons)
Opus Arte Blu-ray OA BD7180 D (ou DVD OA 1187 D) – Format 16:9 – Son LPCM 2.0/5.1 DTS-HD
Les chorégraphies de Sir Frederick Ashton (1904-1988) sont assez méconnues en France, où l’on connaît surtout La Fille mal gardée et éventuellement Les Patineurs. Il en a conçu une cinquantaine dans un style néoclassique rien que pour le Royal Ballet, duquel, succédant à Ninette de Valois, il a été le directeur de 1962 à 1970. Les deux chorégraphies réunies en une soirée au Royal Opera House de Londres en janvier 2016, Rhapsody et The Two Pigeons, sont aussi différentes que possible, pas vraiment ce qu’il a fait de mieux mais sont à même de satisfaire la curiosité des amateurs et curieux de ce répertoire.
L’histoire de Rhapsody, créé en 1980, est celle d’un malentendu. La pièce vit le jour comme un cadeau d’anniversaire pour ses quatre-vingt ans à Sa Majesté la Reine-mère Elisabeth, patronne du Royal Ballet. Il était aussi l’occasion d’une création sur mesure pour le danseur russe Mikhaïl Baryschnikov, exilé aux Etats-Unis. Le malentendu vint du fait que le danseur déjà très américanisé espérait s’initier à «l’élégance» du style anglais dont Ashton était le représentant le plus évident et le chorégraphe qui lui avait dit «Bring your steps!» comptait bien y insuffler beaucoup de technique à la russe ayant choisi à dessein comme support musical la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov. La déception fut à la hauteur des espérances car à l’époque Ashton n’était plus aussi productif et cette création, qui eut lieu lors d’un gala royal le 4 août 1980, était très attendue – il est d’ailleurs dommage qu’aucun document n’en ait été conservé.
La distribution choisie pour cette reprise n’est pas idéale. Si Natalia Osipova est parfaite dans le rôle de partenaire faire-valoir de la vedette (créé par Lesley Collier) qu’est le danseur, ce dernier, Steven McRae, n’a pas le grand charisme nécessaire pour faire oublier l’exhibitionnisme de cette chorégraphie et passer un cran au-dessus au niveau de la grâce. Les danseurs du Royal Ballet à qui sont confiées des figures très élaborées sont tous excellents. Ainsi interprétée, cette reprise qui revient aux décors originaux d’Ashton et de Chappell relègue plus l’œuvre vers la pièce de circonstance qu’elle est en partie.
Les Deux Pigeons, sur une musique de Massenet, fut créé en 1961 pour la Touring Company du Royal Ballet, qui devint plus tard le Birmingham Royal Ballet. Il s’agit un peu d’une Bohème à l’envers, avec un argument narratif idéal pour un ballet pour lequel Jacques Dupont avait créé de très jolis décors et John Lanchbery arrangé au mieux la musique de Massenet. Cette reprise bénéficie d’une distribution idéale avec deux danseurs superbes, Fumi Kaneko dans le rôle de la Gitane et Vadim Muntagirov dans celui du Jeune homme. Leur technique impeccable est transcendée par une aisance d’interprétation confondante. Leurs partenaires autant Lauren Cuthbertson dans la Jeune fille et Ryoichi Hirano pour l’Amant de la Gitane sont excellents tout comme les danseurs du Royal Ballet qui tiennent les nombreux petits rôles. Barry Wordsworth dirige avec beaucoup de souplesse ces deux partitions à la tête de l’Orchestre du Royal Opera House.
Olivier Brunel
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