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12/19/2016
«Scherben»
Jonathan Harvey : Sringara Chaconne [1]
Enno Poppe : Scherben [2]
Kaija Saariaho : Notes on Light [3]
Emmanuel Nunes : Chessed I [4]

Dirk Wietheger (violoncelle), Ensemble Musikfabrik, Peter Rundel [1], Stefan Asbury [2], Emilio Pomàrico [3], Sian Edwards [4] (direction)
Enregistré en public dans la salle Klaus von Bismarck de la WDR, Cologne (27 août 2005 [4], 9 janvier 2009 [2], 9 janvier [1] et 20 juin [3] 2010) – 76’16
Wergo WER 6862 2 (distribué par Distrart) – Notice en allemand et en anglais





Il s’agit du neuvième disque de Musikfrabrik, ensemble d’une quinzaine d’instrumentistes spécialisé dans la musique contemporaine basé à Cologne. Reconnaissons qu’«amour» et «lumière» forgent un fil conducteur un peu ténu pour des pièces à l’esthétique et au propos aussi dissemblables.


Du côté de la séduction, Sringara Chaconne (2008) de Jonathan Harvey (1939-2012) évolue à la manière d’une danse érotique qui finit par atteindre les dimensions d’un rituel cosmique, le compositeur associant à cette forme musicale ancestrale qu’est la chaconne la figure de Sringara, l’une des neuf rasas ou «essences» dans la conception classique des arts en Inde. On retrouve l’hospitalité propre à la muse du compositeur britannique, dont la foi catholique se conciliait les grands vecteurs de l’hindouisme.


Non moins charmeur dans ses coloris, le concerto pour violoncelle Notes on Light (2006/2010) de Kaija Saariaho (née en 1952) se fonde sur un fragment d’un poème de T.S. Eliot. Pour la Finlandaise, le «cœur de la lumière» est un fa dièse qui, au gré de différentes métamorphoses gouvernées par un sens très subtil de la transition, nous conduit aux origines de ce mystère naturel. Gouttes du célesta, tuilage entre le violoncelle soliste (excellent Dirk Wietheger) et la flûte concourent à façonner les illusions timbriques dont Saariaho a le secret. La pièce rappelle l’ancien Amers (1992), également écrit pour violoncelle et orchestre de chambre, enregistré par le fidèle Anssi Karttunen aux côtés d’Esa-Pekka Salonen (Sony).


Une dimension délibérément expérimentale préside à la composition de Scherben (2000/2008) d’Enno Poppe (né en 1969). Qu’on en juge plutôt: 121 fragments individuels, d’une moyenne de cinq secondes, sont combinés selon une matrice originelle. Mais c’est surtout la recherche sur le son qui ressort de l’écoute, avec de passionnants effets de glissandos de timbales, des cadences improbables (tuba, contrebasson, cor anglais), chaque musicien de l’ensemble Musikfabrik étant traité en qualité de soliste.


On n’en dira pas autant de Chessed I (1979/2005) pour ensemble en quatre groupes d’Emmanuel Nunes (1941-2012), dont l’âpreté et le formalisme relèguent tout hédonisme sonore à la marge. La densité suffocante, le contrepoint surnourri, le flux motivique ininterrompu ne ménageant guère d’éclaircie provoquent un certain malaise. L’oreille, inapte à percevoir les contours de la polyphonie, n’a plus qu’à s’attarder sur telle ou telle ligne instrumentale. Fruit d’une commande du Festival Testimonium de Jérusalem, Chessed I se voudrait-il aussi ésotérique que la Kabbale? Le professionnalisme à toute épreuve de l’Ensemble Musikfabrik a le mérite d’ouvrir le champ à l’herméneutique...


Le site de l’Ensemble Musikfabrik


Jérémie Bigorie

 

 

 

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