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12/18/2016
Reinhard Fuchs : Mania [1] – blue poles [2] – Wo Angst auf Umhülle prallt [3] – Descrittivi di stati d’animo di Didone [4]
Anna Maria Pammer (soprano) [3], Klangforum Wien [1, 2, 4], ORF Radio-Symphonieorchester Wien[3], Sylvain Cambreling [1], Beat Furrer [2], Johannes Kalitzke [3, 4] (direction)
Enregistré dans la salle Mozart du Konzerthaus, Vienne (2 novembre 2002 [3]), dans la Helmut-List-Halle, Graz (15 novembre 2003 [2]), dans la Theatersaal, Witten (22 avril 2005 [4]) et dans la grande salle du Konzerthaus, Vienne (9 novembre 2014 [1]) – 68’53
Kairos 0015001KAI (distribué par Distrart) – Notice en allemand et anglais





Kairos fait paraître le premier disque monographique consacré au compositeur allemand Reinhard Fuchs (né en 1974). Cet ancien élève de Michael Jarrell, qui suivit les classes de maître dispensées par Brian Ferneyhough, Marco Stroppa et Klaus Huber, est depuis joué par des formations aussi reconnues que l’Ensemble intercontemporain ou le Quatuor Arditti. Si son style s’inscrit dans un avant-gardisme sans concession, Fuchs se nourrit volontiers à d’autres disciplines.


Ainsi de Mania (2014) pour ensemble et électronique, qui s’inspire de David Lynch. Là où l’autrichienne Olga Neuwirth (née en 1968) réalisa avec Lost Highway (livret d’Elfriede Jelinek, 2003) une adaptation opératique du film éponyme, Fuchs utilise librement certains procédés propres à l’imaginaire et à la poétique du cinéaste. Aussi fait-il de l’électronique un élément dynamique central de la pièce, jusqu’à tenir par endroits le premier rôle. Une pièce tout en mouvements fugitifs où sourd l’angoisse, à l’image des films de Lynch sondant les bas-fonds de la psyché humaine sous la surface idyllique de la société américaine. L’auditeur, à défaut de percevoir une forme et une directivité, se laisse séduire par cet arsenal sonore qui ne répugne pas aux effets bruitistes. La fin procure la sensation d’une soudaine déperdition d’énergie, telle une pellicule s’enroulant sur elle-même. Est-ce être désobligeant que d’y entendre – au sens schoenbergien – une «musique d’accompagnement pour une scène de film»?


Ecrit pour grand ensemble, blue poles (2003) reprend à Jackson Pollock l’idée du palimpseste, même si l’absence de l’électronique maintient la pièce dans une perspective acoustique unitaire. Le principe ne réside pas tant sur la superposition des couches que sur la volonté de créer une sorte de «variation évolutive organique». Voilà une musique de surfaces plus que de soubassements, où les lignes, plutôt que d’obéir à une matrice originelle, semblent s’adonner au libre jeu des facultés contrapuntiques. L’équilibre précaire qui était parvenu à s’instaurer finit par imploser dans la coda.


Wo Angst auf Umhülle prallt (2001) s’appuie sur des textes de Poe, Wölfli et Ungaretti, dits/chantés dans leur langue originale. Au gré des cinq sections, la voix parle, chuchote, déclame et chante au bord de l’évanouissement, parfois couverte par l’important effectif en présence. Anna Maria Pammer défend sa partie avec conviction, bien que l’absence des textes dans la notice n’aide guère à son appréciation. Certains passages joués ad libitum, comme le travail effectué sur les rapports texte/musique/voix ne sont pas sans évoquer les œuvres de Luciano Berio (1925-2003), au premier rang desquelles Epifanie (1961).


Plus absconse dans ses intentions, la pièce pour ensemble Descrittivi di stati d’animo di Didone (2014) se réfère aussi bien à un poème d’Ungaretti qu’à la sculpture pour déployer ses lignes (volontairement?) sans grand relief, chaque instrument concourant à broder un grisâtre camaïeu.


Sylvain Cambreling, Beat Furrer et Johannes Kalitzke dirigent avec le professionnalisme qu’on leur connaît ces pages d’intérêt inégal. Comme toujours avec le label autrichien, la qualité du report et de la prise de son garantit quant à elle une écoute optimale.


Jérémie Bigorie

 

 

 

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