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12/18/2016
Beat Furrer : enigmas I-VI – Voices - still – ... cold and calm and moving
Helsingin kamarikuoro, Uusinta Ensemble, Nils Schweckendiek (direction)
Enregistré au Sello Hall, Espoo, Finlande (2014) – 65’44
Toccata Classics TOCC 0360 – Notice en allemand et anglais


 Sélectionné par la rédaction





Né à Schaffhausen (Suisse) en 1954, Beat Furrer part s’installer à Vienne en 1975 afin d’y étudier avec Roman Haubenstock-Ramati (composition) et Otmar Suitner (direction d’orchestre). Pour le rayonnement de la musique contemporaine dans la capitale autrichienne, il prend la relève des concerts «Die Reihe» de Friedrich Cehra en créant, en 1985, le Klangforum, lequel s’attache à faire entendre des musiciens alors peu joués comme Xenakis, Feldman, Lachenmann ou Scelsi.


S’il fallait relever deux tendances dans l’écriture chorale d’aujourd’hui, nous aurions d’un côté le hiératisme d’un Pärt ou d’un Penderecki, dont la grandeur rejoint celle des anciennes polyphonies; de l’autre une véritable orchestration vocale où les oppositions (couleurs, registres, effectifs...) jouent à plein. Beat Furrer s’inscrit délibérément dans cette seconde tendance, comme l’atteste la série des enigmas (2005-2015) pour chœur mixte. Chaque pièce se déploie à partie d’une idée musicale simple, à l’exception du complexe enigma V, sorte de grande synthèse nourrit des éléments de plusieurs autres mouvements. En écho aux Profezie de Léonard de Vinci, l’écriture de Furrer témoigne d’une fascination pour les processus de transformation s’opérant majoritairement dans la continuité. Aussi le compositeur modifie-t-il un paramètre à la fois de manière à préserver une sorte de continuum sonore, ce qui n’empêche pas certaines pièces de jouer sur les contrastes. Une indéniable séduction se dégage à l’écoute du cycle en son entier, des délicates figures minimalistes d’enigma I aux subtiles textures d’enigma V (dont les faibles dynamiques évoquent Salvatore Sciarrino) en passant par les ruminations d’enigma IV.


... cold and calm and moving (1992), pour flûte, harpe, violon et alto, pièce la plus ancienne du programme, accuse l’influence de celui qui fut le professeur de Furrer, Roman Haubenstock-Ramati (1919-1994). Mais si l’élève a conservé du maître la forme ouverte (les musiciens sont libres d’un certains parcours), il a pris soin, quelques années après la création, d’ordonner lui-même l’agencement des pages eu égard aux options qui fonctionnaient le mieux...


Voices – still (2001) trahit l’indépendance originale de la partie instrumentale pour quatorze instruments, sur laquelle le compositeur greffa par la suite une partie chorale à douze voix. On retrouve ce tropisme pour les textures finement ouvragées, évoluant dans les nuances les plus faibles, qui conjurent le statisme apparent du discours. Afin d’obtenir le maximum de couleurs à sa disposition, Furrer utilise à la fois le texte original latin (il s’agit des Géorgiques de Virgile) et sa traduction allemande. La fin, superbe, donne à entendre une véritable évaporation sonore du plus bel effet.


Le Chœur de chambre d’Helsinki magistralement dirigé par Nils Schweckendiek tutoie l’excellence des Neue Vocalisten Stuttgart, champions incontestés de ce type de répertoire; et confirme par la même occasion la bonne santé musicale de la Finlande, à laquelle on doit d’immenses artistes... à commencer par Kaija Saariaho (née en 1952), prochainement à l’honneur du festival Présences 2017.


Jérémie Bigorie

 

 

 

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