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11/06/2016
Lennox Berkeley : Six Préludes, opus 23 – Sonate pour piano, opus 20 – Cinq Pièces brèves, opus 4 – Sonatine pour piano quatre mains, opus 39 – Thème et Variations pour piano quatre mains, opus 73 – Valse «Palm Court» pour piano quatre mains, opus 81
Raphael Terroni (piano solo, piano primo), Norman Beedie (piano secondo)
Enregistré à Londres (7-8 avril 1993) – 58’11
Naxos 8.571369 (BMS416CD) – Notice de Joan Redding et de Michael Berkeley





Après les quintettes avec piano de Frank Bridge et de Cyril Scott (voir ici), Naxos poursuit la réédition des enregistrements de la British Music Society par un programme entièrement consacré à la musique pour piano de Lennox Berkeley (1903-1989), compositeur très recherché avant la Seconde Guerre mondiale, mais un peu oublié aujourd’hui comme les compositeurs de sa génération ou de générations proches que la BMS cherchait et cherche encore à remettre à la lumière. Malgré son étiquette de miniaturiste, Lennox Berkeley est auteur d’opéras, de symphonies, de concertos et d’œuvres liturgiques et il reste dans les mémoires pour ses Quatre poèmes de sainte Thérèse d’Avila pour voix d’alto et cordes, magnifique cycle à la fois ardent et pur.


Pianiste de grand talent comme Cyril Scott, Lennox Berkeley traversa les profonds bouleversements de tout ordre du siècle dernier sans dévier de son cap musical. Sa musique aux développements organiques révèle néanmoins une possibilité d’évolution et d’ouverture du système tonal ou chromatique autre que celle du système dodécaphonique bien que celui-ci l’ait sensibilisé à une certaine forme de dissonance. Il chercha conseil auprès de Ravel. Il étudia auprès de Nadia Boulanger de 1927 et 1934. Poulenc devint un ami à vie. Ses compositions révèlent par conséquent une forte influence des valeurs françaises par leur élégance, leur poésie mélodique, la transparence lumineuse des strates et un souci permanent de clarté structurelle.


Raphaël Terroni était l’un des membres fondateurs de la BMS, actif sur tous les fronts. En tant que pianiste de renom, il présentait régulièrement au concert les partitions de ses compatriotes. Au programme consacré à Berkeley, il propose trois œuvres pour piano seul et, rejoint par Norman Beedie, trois œuvres pour piano à quatre mains. Sans le halo plus sombre qui entoure souvent les pièces d’après la Seconde Guerre mondiale qui affecta profondément le compositeur, ces trois dernières, bien que plus tardives, retrouvent le charme et la relative légèreté de cœur de l’écriture de ses débuts, restant dans la lignée de l’élégance délicate des Cinq Piéces brèves pour piano seul (1936) qui, chacune, transforment à répétition une première idée rythmique et mélodique.


A l’origine pour orchestre, la version pour piano à quatre mains de la Valse «Palm Court» date de 1971. C’est en partie une vive charge habile de la valse viennoise un peu dans l’esprit de La Valse de Ravel mais sans le grinçant fantasque. De forme classique, le Thème et Variations de 1968 annonce d’entrée son thème sombre et sobre pour le rappeler en conclusion. Le doigté véloce des quatre surprenantes variations vives relève d’une écriture bien plus harmoniquement aventureuse que les trois volets lents qui s’intercalent en alternance. Les trois mouvements lumineux de la sage Sonatine de 1958 coulent avec élégance mais sans réel éclat hormis la pointe d’épice qui pimente agréablement l’entrée du rapide Allegro final.


De bien plus grande envergure, les deux pièces principales pour piano seul sont d’un attrait plus universel et mériteraient de se trouver plus souvent à l’affiche outre-Manche et ailleurs, surtout les Six Préludes (1945) aux volets pairs d’une grâce toute lyrique alors que la fluidité véloce des volets impairs relève d’une prouesse pianistique presque ravélienne. L’expressive Sonate, composée en temps de guerre (1941-1945) et typique de son auteur, déploie quatre mouvements, dont un touchant Adagio en troisième position qui s’enchaîne en contraste à la vigueur impressionnante d’un Moto perpetuo. La célérité ciselée de celui-ci se trouve habilement rappelée en finale avant le retour du thème principal. Raphael Terroni défend bien ces deux œuvres qui manifestement lui tenaient à cœur.


La prestation bénéficie d’une prise de son d’une belle présence brillante et claire et la fine interprétation ne peut que souligner l’adresse pianistique d’un compositeur dont l’œuvre entretient encore des liens si forts avec la France.


La page de Lennox Berkeley sur le site de l’IRCAM
Le site de la Société de musique britannique


Christine Labroche

 

 

 

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