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09/15/2016
«Birthday Cantatas»
Johann Sebastian Bach : Cantates «Lasst uns Sorgen, lasst uns wachen», BWV 213, et «Tönet, ihr Pauken! Erschallet, Trompeten!», BWV 214

Joanne Lunn (soprano), Robin Blaze (contre-ténor), Makoto Sakurada (ténor), Dominik Wörner (basse), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré au Arts Theater Concert Hall de Saitama (septembre et octobre 2014) – 73’17
SACD BIS-2161 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et traduction des textes chantés





«Lutheran Masses II»
Johann Sebastian Bach : Messes luthériennes en fa majeur, BWV 233 [1], et en la majeur BWV 234 [2]
Marco Gioseppe Peranda : Messe en la mineur [3]

Hana Blaziková ([1, 2]), Joanne Lunn [3], Aki Matsui [3] (sopranos), Robin Blaze (contre-ténor), Katsuhiko Nakashima [2], Gerd Türk [3], Yusuke Fujii [3] (ténors), Peter Kooij ([1, 2]), Dominik Wörner [3] (basses), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré en la chapelle de la Kobe Shoin Women’s University (février 2014 [1, 2] et février 2015 [3]) – 71’30
SACD BIS-2121 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et traduction des textes chantés


 Sélectionné par la rédaction





«Trauerode»
Johann Sebastian Bach : Cantates «Lass, Fürstin, lass noch einen Strahl», BWV 198[1], et «Schlage doch, gewünschte Stunde», BWV 53 [2] – Psaume 51 «Tilge, Höchster, meine Sünden», BWV 1053 (d’après le Stabat Mater de Pergolèse) [3]

Joanne Lunn [1], Carolyn Sampson [3] (sopranos), Robin Blaze (contre-ténor), Gerd Türk, Dominik Wörner (basses), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré en la chapelle de la Kobe Shoin Women’s University (février [1, 2] et octobre [3] 2015) – 78’55
SACD BIS-2181 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et traduction des textes chantés





Johann Sebastian Bach : Psaume 51 «Tilge, Höchster, meine Sünden», BWV 1053 (d’après le Stabat Mater de Pergolèse)
Antonio Vivaldi : Nisi Dominus, RV 608

Céline Scheen (soprano), Le Banquet Céleste, Damien Guillon (contre-ténor et direction)
Enregistré à l’Abbaye aux Dames, Saintes (octobre 2015) – 56’17
Glossa GCD 923701 – Notice (en anglais, français et allemand) de Stefano Russomanno et traduction des textes chantés





Johann Kuhnau : Motet «Dergerechte kommt um» (arrangement Bach)
Johann Sebastian Bach : Messes brèves en sol mineur, BWV 235, et en en la majeur, BWV 234

Eugénie Warnier (soprano), Magid El-Bushra (alto), Emiliano Gonzalez Toro (ténor), Sydney Fierro (basse), Ensemble Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)
Enregistré au Temple du Saint-Esprit, Paris (octobre 2007) – 61’39
Alpha 302 (distribué par Outhere) – Entretien (en français, anglais et allemand) avec Raphaël Pichon (réalisé le 20 mai 2015) et traduction des textes chantés





Johann Sebastian Bach (1685-1750): encore et toujours pourrait-on dire... Et le fait est que l’engouement pour ses cantates et autres œuvres ne cesse de susciter de nouveaux enregistrements qui nous permettent de confronter ici un (relatif) «ancien» avec l’avant-garde de l’interprétation baroque.


Car «ancien», Masaaki Suzuki l’est dans la mesure où, hormis son âge (62 ans), il s’est affirmé maintenant depuis de nombreuses années comme l’un des meilleurs interprètes qui soit de la musique de Bach à la tête de son très bel ensemble Bach Collegium Japan. Commençons donc par son disque rassemblant les célèbres Cantates BWV 213 et BWV 214, qualifiées de cantates d’anniversaire puisque la première fut créée en septembre 1733 pour l’anniversaire du Prince-électeur Christian Friedrich (alors âgé de 11 ans) et la seconde le fut en décembre de la même année mais cette fois-ci pour l’anniversaire de l’épouse d’Auguste III, Maria Josepha. L’orchestre est généralement excellent même si les cors sont un peu fragiles dans le chœur inaugural de la BWV 213 «Lasst uns sorgen, lasst uns wachen», de même que la trompette qui accuse en outre une justesse parfois incertaine dans l’air de basse «Kron und Preis gekrönter Damen» dans la BWV 214. En revanche, le hautbois d’amour, de même que le hautbois et le violon solo dans l’air «Auf meinen Flügeln sollst du schweben» (BWV 213), sont superlatifs, au diapason, reconnaissons-le, de l’ensemble des instrumentistes de manière générale. Les solistes sont également plutôt à la hauteur des œuvres, mention spéciale à la basse Dominik Wörner dans la BWV 214 et au contre-ténor Robin Blaze dans la BWV 213 (l’air «Ich will dich nicht hören»). Si le disque est donc très bon, avouons que, pour la Cantate BWV 214, on restera fidèle à la version Herreweghe (Harmonia Mundi), plus vivante (le chœur introductif!) qui, le trait mérite d’être souligné, voit sa jaquette illustrée par le même tableau de Gerrit Dou (1613-1675), le Trompettiste devant une scène de banquet...


Masaaki Suzuki nous avait déjà livré un magnifique premier volume des Messes luthériennes: le voici qui récidive en enregistrant cette fois-ci les Messes BWV 233 et BWV 234 (à ce titre, que l’auditeur fasse attention car c’est la BWV 234 qui figure en première position sur le disque...). Le Collegium Bach Japan met toujours en évidence des timbres somptueux notamment dans les deux «Gloria», celui de la Messe BWV 234 frappant par sa verve, celui de la Messe BWV 233 impressionnant par la luxuriance de son orchestration (cordes, cors, hautbois...). Au risque de se répéter, signalons qu’une fois de plus, le chœur est excellent de bout en bout. Les solistes sont bons sans être cette fois-ci exceptionnels, la voix de Peter Kooij étant ternie dans son «Domine Deus» par l’accompagnement d’un violon solo quelque peu fragile, au surplus d’une justesse parfois approximative. En complément, une superbe messe de Marco Gioseppe Peranda (1625-1675) en deux mouvements (un «Kyrie» et un «Gloria») dont les racines nous ancrent davantage dans la musique de la Renaissance ou du tout début du XVIIe siècle que dans la maturité de la musique baroque.


Dans le troisième disque dirigé par Masaaki Suzuki, la Cantate BWV 198 bénéficie à son tour d’une interprétation de premier ordre. L’accompagnement orchestral est évidemment idoine, qu’il s’agisse du chœur d’ouverture ou d’un autre passage confié au chœur, «An dir, die Fürbild grosser Frauen», doté notamment d’une sorte d’intermède étincelant confié aux flûtes et à la basse continue. Les solistes vocaux sont excellents et, une fois n’est pas coutume dans le cadre de cette intégrale (achevée en 2013, quinze ans après avoir commencé), c’est Robin Blaze qui mérite les plus vifs éloges grâce à un «Wie starb die Heldin vergnügt» de toute beauté, servi par une ligne de chant exceptionnelle. Objet de plusieurs études et enregistrements, que penser de l’Air «Schlage doch, gewünschte Stunde», faussement attribué à Bach mais vraisemblablement dû à la plume du méconnu Melchior Hoffmann? Très bien chanté par Robin Blaze de nouveau, ce morceau mérite une écoute attentive en raison surtout de l’usage inhabituel de cloches en fond sonore, ajoutant un côté étincelant à une brève partition déjà fort belle en soi. Et non: vous ne rêvez pas! C’est bien Bach que l’on écoute enfin et non Pergolèse (1710-1736) même si, il est vrai, la partition du compositeur italien constitue l’ossature de cet ouvrage tardif du maître allemand qu’est la Cantate BWV 1083. Dans les années 1740, Bach a pris connaissance du célèbre Stabat Mater (écrit quelques semaines avant la mort de Pergolèse le 17 mars 1736) et l’a adapté aux paroles allemandes du Psaume 51 «Tilge, Höchster, meine Sünden», tout en modifiant certains passages chantés et en enrichissant certaines parties instrumentales, ce qui donne le résultat connu sous le numéro de référence BWV 1083. En raison peut-être de cette double parenté, Masaaki Suzuki a semble-t-il souhaité davantage se départir de la version d’origine en la théâtralisant, lui faisant ainsi perdre en grande partie son côté dolorosa. Les airs, chantés par Carolyn Sampson et Robin Blaze, sont magnifiques, accompagnés par un orchestre qui s’engage totalement dans cette vision néanmoins très habitée. Au-delà d’un beau résultat d’ensemble, on regrette tout de même quelques options comme ces cordes aux accents trop alanguis au début de l’air de la soprano «Ist mein Herz in Missetaten?» ou une certaine affectation dans certains autres passages (les cordes de nouveau dans l’air «Wasche mich doch rein von Sünden»).


Pour leur part, Damien Guillon et Céline Scheen donnent également de cette œuvre une excellente version qui parvient, vrai tour de force, à nous faire totalement oublier l’original sans pour autant refuser la dimension doloriste qui fait à notre sens défaut dans la version Suzuki! D’une justesse sans faille tant dans l’émission que dans les diverses intonations, les deux chanteurs nous enchantent, soutenus par les seulement sept musiciens du Banquet Céleste, dont l’équanimité ne doit pas passer pour un accompagnement neutre et sans saveur. Certes, le «Ist mein Herz in Missetaten», qui ne fait intervenir que la voix de soprano, ne peut totalement faire oublier le «Cujus animam gementem» de Pergolèse mais quel passage néanmoins, et quelle voix! Les musiciens se plaisent à instiller ici ou là quelques accents «italianisants» (les cordes à la fin du «Dich erzürnt mein Tun und Lassen»), aboutissant à un résultat des plus convaincants. Il en va de même dans le célèbre Nisi Dominus d’Antonio Vivaldi (1678-1741) où, cette fois-ci, seul chante Damien Guillon. Usant des multiples inflexions possibles, le contre-ténor sait parfaitement s’adapter à chaque séquence, du volubile «Surgite postquam sederitis» au ténébreux «Cum dederit dilectis suis somnum», ce dernier ne pouvant néanmoins nous faire oublier Andreas Scholl, insurpassable à nos yeux (Decca). Le Banquet Céleste doit de nouveau être salué, alliant à la fois discrétion et soutien sans faille (le violon solo de Baptiste Lopez dans le «Gloria Patri»): un disque de toute première qualité.


Enfin, le disque dirigé par Raphaël Pichon doit être écouté à la fois avec une oreille neuve et en ayant conscience de ce que réalisait en 2007 ce jeune homme d’alors seulement 22 ans... Ayant choisi, comme il l’explique très bien dans la notice d’accompagnement de cette série de rééditions chez Alpha que l’on a déjà pu connaître au travers de trois disques consacrés à Valentini et à Vivaldi (voir ici), deux messes de Bach assez peu connues, Pichon réalisait là d’emblée un excellent disque. La Messe BWV 235, qui figure en première position sur le disque et que nous avions justement eu l’occasion d’entendre sous la direction de Masaaki Suzuki, est idéale, débutant par son sommet que ce «Kyrie» délicieusement syncopé, accompagné par des hautbois et des cordes transcendants. La suite est de la même eau, entre un «Gloria» vigoureux et marcato à souhait (quel hautbois, de nouveau!) et des airs où les voix de ténor et de basse brillent et convainquent de la première à la dernière note. Dans la Messe BWV 234, Raphaël Pichon nous semble meilleur que Suzuki grâce à une approche plus dynamique et plus fervente, les solistes et l’orchestre étant tout aussi bons qu’avec le chef japonais. En outre, le jeune chef français insiste davantage sur les contrastes (dans le «Gloria», les passages confiés au chœur et celui dédié à l’alto, la manière de prononcer le mot «magnificat»...), ce qui contribue à rendre l’œuvre d’autant plus attrayante. Une réussite en 2007 qui se savoure aujourd’hui comme un bon vin de garde!


Le site de Dominik Wörner
Le site de Peter Kooij
Le site de Carolyn Sampson
Le site du Bach Collegium Japan et de Masaaki Suzuki
Le site du Banquet Céleste
Le site d’Eugénie Warnier
Le site de Magid El-Bushra
Le site d’Emiliano Gonzalez Toro
Le site de Sydney Fierro
Le site de l’Ensemble Pygmalion


Sébastien Gauthier

 

 

 

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