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09/08/2016
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n° 4 en sol majeur, opus 58 – Symphonies n° 3 «Héroïque» en mi bémol majeur, opus 55 (*), et n° 7 en la majeur, opus 92 – Coriolan, opus 62
Wilhelm Backhaus (piano), Wiener Philharmoniker, Hans Knappertsbusch (direction)
Enregistré en public au Musikverein, Vienne (17 janvier 1954 et 17 février 1962 [*]) – 139’
Album de deux disques Orfeo C 901 162 B – Notice (en anglais et en allemand) de Gottfried Kraus





Avec ces deux disques, n’hésitons pas à dire qu’on fait là un saut dans le temps... Car, avec des personnalités aussi fortes que le grand pianiste Wilhelm Backhaus (1884-1969) et son contemporain le chef d’orchestre Hans Knappertsbusch (1888-1965), c’est bien à la grande tradition allemande que l’on a à faire grâce à ces enregistrements de concerts dont certains, loin d’être inédits, ont déjà connu les honneurs du disque.


Commençons par ce concert de janvier 1954 où Hans Knappertsbusch dirigeait les Wiener Philharmoniker, orchestre avec lequel il entretient des relations extrêmement fécondes. Une ouverture, un concerto et une symphonie, tous de Ludwig van Beethoven: nous voici en terrain connu d’autant que la page concertante a déjà fait l’objet de nombreuses éditions tant chez Urania (notamment dans un disque l’associant avec le Second Concerto de Brahms sous la direction de Carl Schuricht) que chez Andromeda dans le cadre d’une anthologie beethovénienne dirigée par Knappertsbusch. Ce qui étonne rapidement dans ce Quatrième Concerto, c’est non le soliste mais l’orchestre: alors qu’on aurait pu s’attendre à une pâte orchestrale lourde et sans grande tension, c’est au contraire l’élan et une certaine légèreté (certes relative...) qui frappent l’oreille. Il en va de même dans le troisième mouvement, où Knappertsbusch conduit les Wiener Philharmoniker dans un tempo des plus allants. Wilhelm Backhaus connaît bien cette œuvre pour l’avoir souvent jouée, notamment sous la direction de «Kna» comme en témoigne un concert plus tardif filmé le 31 mai 1962 au Theater an der Wien (voir ici). L’abordant lui aussi avec une certaine vélocité, il révèle néanmoins une main droite très dure – cette impression est-elle due aux conditions d’enregistrement? – et, après un deuxième mouvement d’une belle noirceur, conclut le concerto par des accords malheureusement on ne peut plus pesants, donnant à cette interprétation une demi-teinte à laquelle on ne s’attendait pas forcément.


Après une interprétation assez statique de l’ouverture Coriolan, mais qui ne manque pas de charme pour autant, la Septième Symphonie qui est présentée ici, certes dans de bonnes conditions de restitution, est intéressante mais ce n’est pas une inconnue. Ayant déjà été publiée par l’éditeur Tahra, cette version est largement préférable à un autre témoignage en concert capté le 25 décembre 1948 (avec les Müncher Philharmoniker) et édité notamment chez Urania. Même si cette approche pour interpréter Beethoven est dépassée à plus d’un titre, Knappertsbusch dirige l’ensemble avec une réelle grandeur (le deuxième mouvement en particulier) mais avec une lenteur aujourd’hui difficile à apprécier. Dans le premier mouvement, si l’introduction (Poco sostenuto) est bien faite, la transition avec le Vivace est d’une pesanteur incroyable mais la volonté d’aller de l’avant reprend néanmoins le dessus à partir de 8’. Le troisième mouvement est conduit avec une belle vivacité mais le grand chef allemand retrouve ses réflexes de lenteur dans l’Allegro con brio conclusif, qui s’avère être en fin de compte le mouvement le moins réussi.


Témoignage plus tardif de huit ans, cet enregistrement de la Symphonie «Héroïque» (déjà disponible chez les éditeurs Idis et Memorial Edition, ce dernier dans sa collection «Historic live performance» dans un couplage la réunissant avec Prélude et Mort d’Isolde de Wagner, Knappertsbusch dirigeant pour l’occasion l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin lors d’un concert donné le 19 novembre 1952) rejoint d’autres versions de cette symphonie dirigées par «Kna», que ce soit à la tête de la Philharmonie de Brême ou du Philharmonique de Munich (un concert de 1953 édité là encore chez Tahra). Les deux premiers mouvements sont assurément les plus convaincants, l’allure très retenue et le fait que la Marcia funebre ne soit pas toujours très habitée étant en partie compensés par l’ampleur du geste du chef (quelle hauteur de vue!) et un orchestre de grande tenue (de très beaux cors et une belle petite harmonie dans l’Allegro con brio en particulier). Si le troisième mouvement ne laisse guère de souvenir, c’est surtout le Finale. Allegro molto qui offre une franche déception par son caractère pesant et son sage déroulement, Knappertsbusch ne faisant jamais véritablement vibrer l’auditeur.


En conclusion, un témoignage à réserver surtout aux admirateurs de Knappertsbusch mais qui, encore une fois, illustre avant tout une tradition définitivement révolue.


Un site consacré à Hans Knappertsbusch


Sébastien Gauthier

 

 

 

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