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08/16/2016 Johannes Brahms : Sonates pour piano n° 1, opus 1, n° 2, opus 2, et n° 3, opus 5 François-Frédéric Guy (piano)
Enregistré à l’Arsenal de Metz (janvier 2016) – 93’32
Double album Evidence EVCD022 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français et anglais
Sélectionné par la rédaction
César Franck : Prélude, Choral et Fugue
Johannes Brahms : Sonate pour piano n° 3, opus 5
Sunwook Kim (piano)
Enregistré en la Jesus-Christus-Kirche, Berlin (juin 2015) – 58’32
Accentus Music ACC 303552 – Notice de présentation en français, allemand, anglais et coréen
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 76 – Rhapsodies, opus 79 – Fantaisies, opus 116
Johanne Sebastian Bach : Partita pour violon seul n° 2, BWV 1004: «Chaconne» (transcription Brahms)
Anna Vinnitskaya (piano)
Enregistré au Reitstadel, Neumarkt (7-10 septembre 2015) – 72’51
Alpha 231 – Notice de présentation et livret en français, allemand et anglais
Dans des albums de bonne tenue (notamment technique), ces trois pianistes interprètent un Brahms qui ne laisse rien au hasard. François-Frédéric Guy (né en 1969) s’attaque à l’intégrale des Sonates pour piano de Johannes Brahms (1833-1897). Là où un Barry Douglas s’égarait récemment dans une perfection technique bien trop monolithique et des couleurs monochromes, le pianiste français parvient à conserver l’unité de ces partitions – si délicates à négocier et aux équilibres fragiles – tout en multipliant les nuances dans les traits.
Il faut un grand talent et une imagination puissante pour faire vivre la Première Sonate, dont l’Allegro requiert une sacrée dose de conviction et dont l’Andante menace constamment de s’égarer dans le vide d’un toucher très solitaire. S’appuyant sur des poignets bondissants, les Scherzo et Finale se parent de la fantaisie nécessaire pour donner des couleurs au con fuoco et au feroce. La Deuxième Sonate jette mille sortilèges pour édifier des ponts entre l’Allegro non troppo, ma energico et l’Andante con espressione, révèle les mystères et dévoile l’exotisme du Scherzo, fait du Finale une épopée haletante. Quant à la Troisième Sonate, elle ajoute une subtile hauteur de vue au ton majestueux des opus précédents, notamment dans les mouvements extrêmes. L’Andante espressivo ne se perd pas dans la mièvrerie et brosse les émotions avec délicatesse et précision. Le Scherzo trouve le juste ton entre la légèreté et la force dans l’énergie qu’il diffuse, alors que l’Intermezzo n’est qu’éloquence et mystère. Malgré ses multiples pièges, l’exécution de l’Allegro moderato ma rubato impressionne par la souplesse du doigté et la plénitude sonore.
Sunwook Kim (né en 1988) déploie dans la Troisième Sonate un toucher d’un équilibre subtil, aux finitions très travaillées mais qui manque de souffle. Une puissance trop contrôlée fait retomber plus d’une fois le soufflé de l’Allegro maestoso. Si les mouvements centraux sont ciselés avec minutie et beaucoup de sensibilité, le Finale sait trouver une unité plus constante et plus convaincante aussi. En complément de ce disque de moins d’une heure (le second en solo pour cet artiste qui prend son temps et qu’on a récemment entendu dans «L’Empereur» de Beethoven), le Prélude, Choral et Fugue de Franck flatte les couleurs et les résonnances de cette partition sculpturale. Si le Prélude est trop prosodié, on en vient à trouver le Choral déstructuré par un geste qui se veut éloquent mais qui se perd dans des excès d’emphase. La Fugue est autrement plus convaincante, même si elle connaît quelques chutes de tension.
Enfin, Anna Vinnitskaya (née en 1983) cisèle un Brahms d’une adresse et d’une netteté assez admirables dans les Klavierstücke opus 76, apportant comme une touche slave à l’émotivité des Capriccios et des Intermezzos. Sombres et précipitées, les Rhapsodies opus 79 sont encombrées d’un brin de nervosité. Sobres et précises, les Fantaisies opus 116 manquent de profondeur et de gravité. On mesure néanmoins les progrès accomplis depuis ses (déjà très prometteurs) albums de 2008 et 2010, même si la technique pianistique demeure tout autant digne d’éloges, ainsi que vient l’illustrer la transcription pour la main gauche de la «Chaconne» de Bach.
Le site de François-Frédéric Guy
Le site de Sunwook Kim
Le site d’Anna Vinnitskaya
Gilles d’Heyres
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