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08/15/2016
Regards sur Michel Corrette (Actes de la journée d’étude du 26 avril 2007, Lyon)
Textes recueillis et présentés par Yves Jaffrès et Pierre Saby
Université Lumière Lyon 2 (Département musique et musicologie Publications) – 181 pages – 27 euros
Voilà un ouvrage bien érudit qui manque un peu son but si ce-dernier consistait à vouloir mieux faire connaître Michel Corrette... Car si les six textes réunis dans ce livre (auxquels il convient d’ajouter un avant-propos d’Yves Jaffrès et de Pierre Saby ainsi que plusieurs annexes dont une bibliographie fort complète), reflet des actes d’un colloque qui s’est tenu sur ce compositeur à l’Université de Lyon 2 le 26 avril 2007, sont très éclairants, qu’apprend-on sur ce compositeur?
Peu de choses en définitive, certains articles nous renseignant bien davantage sur un aspect de la vie musicale et sociale de l’époque (par exemple, l’excellent et très complet article «De la protection aristocratique au marché de l’édition musicale...» de Georges Escoffier) que sur le personnage de Michel Corrette lui-même. D’ailleurs, à titre liminaire, on s’étonnera de ne jamais trouver, au fil de ces presque deux cents pages, les dates de naissance et de mort du compositeur: rappelons donc immédiatement que, né en 1707, il meurt en 1795... Un portrait, fût-il partiel, en guise d’introduction, pour en quelque sorte «planter le décor» aurait été le bienvenu: cette absence est assez révélatrice de ce qu’il convient peut-être d’appeler un «manque de matière».
Même si les ouvrages et les recherches musicologiques (américaines à l’origine...) sont assez nombreux comme en témoigne la bibliographie conclusive, en sait-on assez sur Michel Corrette pour lui consacrer tout un livre? Il est étonnant, par exemple, que, au sein de ce même ouvrage, deux chercheurs s’opposent quelque peu sur un sujet aussi crucial que celui de savoir quelle fut l’attitude de Corrette à l’égard de la Querelle des Bouffons. Ainsi, pour Escoffier, Corrette ne s’est pas mêlé à la Querelle car, «éditeur de musique italienne, il pourrait avoir pris parti contre la musique française» (p. 99) alors que pour Yves Jaffrès, il n’y a pas pris part alors qu’il «s’est toujours affiché comme un partisan zélé de la musique italienne» (p. 126) : si, en fin de compte, le résultat est le même, Corrette oscillant entre son goût pour la musique italienne et son admiration pour Rameau, les raisons avancées sont quelque peu différentes: son entre-deux est-il dû à certaines considérations commerciales ou à un goût profond pour la musique italienne? Peut-être aurait-on pu avoir un propos plus complet et donc un peu plus éclairant.
Pour le reste, on apprend tout de même quelques points sur la vie de Corrette, comme quoi celui-ci aimait composer pour plusieurs instruments rustiques dont la vielle et la musette (très bon article de Jean-Christophe Maillard), ayant notamment laissé derrière lui le recueil assez connu du Berger fortuné, qu’il osa aussi bien adapter le concerto italien aux canons de la musique française que développer l’édition de ses propres œuvres (là encore, renvoyons le lecteur à l’article de Georges Escoffier, sans doute le plus intéressant de tout le recueil), qu’il écrivit nombre de méthodes pour divers instruments (faisant sa propre publicité au passage...) et qu’il adapta «Le Printemps» des Quatre Saisons de Vivaldi dans son Laudate dominus de Cœlis (1765), lui qui fut pourtant l’auteur d’un très faible nombre de pièces religieuses.
Au-delà des éléments indéniablement intéressants de cet ouvrage, regrettons encore une fois le manque de clarté de certains aspects et, surtout, l’absence de toute présentation d’ensemble qui pourrait pourtant aider le lecteur à s’avancer dans une époque musicale encore mal connue.
Sébastien Gauthier
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