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08/02/2016
Marc Vignal : Ralph Vaughan Williams
Bleu nuit « Horizons » – 176 pages – 20 euros


Must de ConcertoNet





En France, il n’encombre guère les affiches de concerts. Il est vrai que celles-ci nous feraient presque croire qu’il n’y a rien, dans la musique anglaise, entre Purcell et Britten... Autant dire que Ralph Vaughan Williams (1872-1958), petit-neveu de Darwin, élève de Parry, de Stanford et, pendant deux mois et demi, de Ravel, reste pour beaucoup un illustre inconnu. A tort : voici l’un des plus intéressants compositeurs de son temps, le Sibelius anglais, si l’on peut dire. On comprend donc que Marc Vignal s’intéresse à lui depuis longtemps, même s’il a attendu aujourd’hui pour rédiger cette monographie, le premier ouvrage français consacré à l’auteur de la Sinfonia Antartica.


Comme le Finlandais, par exemple, Vaughan Williams est resté insensible au dodécaphonisme, allant jusqu’à voir dans la série « le plus stupéfiant spécimen de pédanterie mécanique jamais honoré d’un nom d’art ». Comme lui, il n’a pas renié les formes et les genres de la tradition, tout en les renouvelant, notamment grâce au folksong, ce qui le conduit à une sorte de synthèse entre modalité et tonalité. Autant dire qu’on ne trouvera pas chez lui, malgré son admiration pour Bach, de pastiche à la Stravinsky. Mais si Sibelius fut avant tout un symphoniste, Vaughan Williams, avec un égal bonheur, toucha un peu à tout, de l’opéra à la musique instrumentale en passant par l’oratorio : au total, près de deux cents opus, du Trio en sol mineur de 1888, un exercice d’école, aux Four Last Songs de 1958, sur des poèmes de sa seconde épouse Ursula. De ce vaste ensemble émergent souvent d’incontestables chefs-d’œuvre.


Ce fidèle ami de Holst était aussi un musicien dans la cité. Loin de se cloîtrer sur son Aventin, il fonde le Leith Hill Festival, destiné aux chorales d’amateurs – qui n’a pas disparu. Il tint à s’engager en 1914, simple soldat chargé du transport des blessés alors qu’il était déjà un compositeur reconnu. Trop âgé en 1939, il fait partie de divers comités d’aide aux réfugiés, aux évacués, aux musiciens internés. Et lorsque Tippett est traîné devant un tribunal pour son pacifisme, il prend sa défense – alors qu’il le désapprouve.


Comme à son habitude, Marc Vignal réalise une remarquable synthèse, où l’exactitude documentaire va de pair avec la pertinence de l’analyse, l’érudition avec la hauteur de vue. On suit l’évolution d’un musicien qui fut constant sans jamais se répéter – en témoigne la somme des Symphonies, par exemple. En moins de deux cents pages, le livre, surtout, donne envie de se plonger dans cet univers aussi riche que singulier. Pour commencer ? Le bref et sensuel Flos campi de 1925, d’après le Cantique des cantiques, à l’effectif original : alto solo, petit chœur sans paroles et petit orchestre. L’émouvant opéra de chambre de 1932 Riders to the Sea, opéra de la mer avant ceux de Britten, où l’homme ne peut lutter contre la nature. Le grandiose et tourmenté Dona nobis pacem de 1936, sur des textes des Ecritures, de Whitman ou de la liturgie, message de paix au milieu des menaces. La puissante ou désolée Sixième Symphonie de 1947, chef-d’œuvre absolu.


Ce Vaughan Williams a été élu par l’Association professionnelle de la critique meilleur livre sur la musique dans la catégorie « monographie » (voir ici). Ce n’est que justice.


Didier van Moere

 

 

 

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